KENYA : quand éléphants et avocatiers se disputent la vallée du Rift

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KENYA : quand éléphants et avocatiers se disputent la vallée du Rift©Danita Delimont/Shutterstock

Les troupeaux d’éléphants de la réserve d’Amboseli au sud-ouest du Kenya ont maille à partir avec la ferme KiliAvo. La plantation 72 hectares de monoculture d’avocatiers implantée à proximité du parc empêche aux pachydermes d’effectuer le déplacement vers d’autres sources de nourriture. La situation a beau fâcher les autochtones et les défenseurs de la nature, les promoteurs de la ferme ne lâchent pas prise.

Dans la vallée du rift au sud-ouest du Kenya, les associations de défense de l’environnement et les populations Massaï dénoncent l’installation d’une exploitation agricole sur le territoire des éléphants. D’après ces dernières, la situation de la ferme KiliAvo, une plantation de monoculture d’avocatiers étendue sur 72 hectares non loin du parc national d’Amboseli, représente une menace pour les pachydermes. « Il y a deux fermes ici, et les deux sont exactement au milieu d’une zone de dispersion de la faune. Nous avons des preuves que certaines de ces zones ont été utilisées par les éléphants comme maternité. Ils sortent du parc pour y mettre bas, puis ils y retournent quand l’éléphanteau est assez fort pour marcher », explique Daniel Ole Sambu membre de l’organisation non gouvernementale (ONG) Big Life Foundation.

En septembre 2020, les pressions exercées à la fois par les ONG et les populations locales qui tirent profit des éléphants à travers le tourisme, ont poussé la Nema (l’Autorité nationale de gestion de l’environnement) a ordonné la suspension des activités de KiliAvo, le temps d’examiner la situation. L’entreprise a contesté cette décision devant le tribunal environnemental du Kenya, où l’affaire est en cours d’instruction. Et pendant que la décision de justice se fait attendre, KiliAvo poursuit ses activités sur le terrain.

La surexploitation de la nappe phréatique  

Situé au pied du mont Kilimandjaro, la ferme de KiliAvo arrose ses près de 2000 plans d’avocatier en pompant l’eau de la nappe phréatique. « Nous avons deux forages. Les réservoirs nous permettent d’arroser la plantation. Depuis que je suis né, il y a toujours eu de l’eau ici. Les gens disent que si nous continuons les forages dans la région, il n’y aura plus d’eau, mais c’est un mensonge », conteste Jeremiah Shuaka Saalash, l’un des propriétaires de KiliAvo. Et pourtant les défenseurs de la nature soutiennent qu’au moins mille litres d’eau sont nécessaires pour produire un seul kilo d’avocats. « Si nous les laissons continuer, nous perdrons le contrôle. D’autres vont venir monter des fermes agricoles et nous perdrons notre bétail et notre mode de vie de Massaï. Ici, l’agriculture n’est pas durable. La région étant semi-aride, elle ne peut être utilisée que pour la faune et l’élevage » explique Samuel Kaanki, le président l’Aloca, une association qui regroupe les propriétaires massaï de la réserve d’Amboseli.

Lire aussi: MALI : l’État adopte le projet d’extension de la réserve d’éléphants du Gourma

L’avocat est devenue très rentables depuis l’explosion de la demande européenne, dopée par des régimes végétariens. Déjà sixième fournisseur de l’Europe, le Kenya a vu ses exportations d’avocats augmenter de 33 % pour atteindre 127 millions de dollars en octobre 2020, selon l’Association des exportateurs de produits frais du pays. Malgré cette percée économique, le secteur de l’avocat demeure loin derrière celui du tourisme, qui a rapporté 1,6 milliard de dollars en 2019.

Boris Ngounou

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