TANZANIE : la Banque mondiale suspend le financement de l’extension du parc de Ruaha

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TANZANIE : la Banque mondiale suspend le financement de l'extension du parc de Ruaha© World Rainforest Movement /Shutterstock

La Banque mondiale annonce la suspension d’un financement de 150 millions de dollars destiné au projet d'extension du parc national de Ruaha situé au sud-ouest de la Tanzanie. La décision qui a pris effet à compter du 18 avril 2024, fait suite aux multiples alertes de l'Oackland Institute. L’organisation américaine de défense des droits humains y a documenté des exactions commises par des gardes forestiers sur les communautés locales.

Dans une décision sans précédent, la Banque mondiale a annoncé la suspension d’un financement de 150 millions de dollars pour un projet touristique en Tanzanie, suite à des révélations accablantes sur les violations des droits des autochtones dans la région visée par le projet.

Le projet de Gestion résiliente des ressources naturelles pour le tourisme et la croissance (REGROW), vise à améliorer la gestion des ressources naturelles et des actifs touristiques dans une région isolée du sud de la Tanzanie. Ce projet passe notamment par l’extension du parc national de Ruaha, le deuxième plus grand parc du pays, avec une superficie de 20 000 km2. Cependant, les rapports produits depuis plusieurs mois par Oakland Institute ont documenté au moins 12 disparitions ou exécutions extrajudiciaires, ainsi que des agressions sexuelles contre des femmes, perpétrées par des gardes forestiers dans le cadre du projet REGROW.

L’organisme indique en outre que des milliers de têtes de bétail ont été saisies illégalement et vendues aux enchères, entraînant une grave détérioration des moyens de subsistance des éleveurs locaux. Le groupe a accusé la Banque mondiale de ne pas avoir pris de mesures immédiates pour arrêter les abus contre les communautés locales, ce qui a entraîné des préjudices graves et généralisés.

Expulser près de 20 000 autochtones pour développer le tourisme

Selon les rapports de l’Oakland Institute, au moins 100 millions de dollars ont déjà été déboursés pour le projet REGROW depuis son lancement en 2017. Pour Anuradha Mittal, la directrice exécutive de l’Oakland Institute, la suspension du financement de la Banque mondiale entrée en vigueur le 18 avril 2024, est un rappel puissant à la prise en compte de la responsabilité sociale et environnementale dans la réalisation des projets de développement. « C’est une victoire pour les communautés marginalisées de la Tanzanie. Cette suspension envoie un message clair au gouvernement tanzanien : les violations des droits de l’homme commises au nom du développement touristique ne seront plus tolérées ».

La Tanzanie dépend fortement du tourisme pour financer son budget, d’autant plus que les arrivées de l’étranger ont augmenté de 24% en 2023. Ce qui semble avoir réconforté le gouvernement tanzanien dans sa frénésie pour le développement du secteur du tourisme.

Selon Oakland Institute, les autorités tanzaniennes souhaitent également expulser près de 20 000 personnes habitant aux alentours du parc national de Ruaha, dans le but de développer le tourisme dans la région.

Lire aussi-Sommet des 3 bassins : comment mieux prendre en compte les droits des communautés

Basé à Oakland, en Californie aux Etats unis, l’Oakland Institute est un groupe de réflexion progressiste fondé en 2004 par Anuradha Mittal. Son travail consiste à défendre les droits des communautés marginalisées.

Boris Ngounou

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