MADAGASCAR : le Covid-19 exacerbe les crimes environnementaux

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MADAGASCAR : le Covid-19 exacerbe les crimes environnementaux©Paya Mona/Shutterstock

Coupe et trafic de bois précieux, vente de tortues en danger d’extinction… Les crimes environnementaux se sont intensifiés à Madagascar depuis l’adoption des mesures de confinement visant à limiter la propagation du Covid-19. Dans un rapport publié le 28 avril 2020, l’Alliance Voahary Gasy (AVG), une plateforme de l’organisation de la société civile œuvrant pour l’environnement, tire la sonnette d’alarme.

À Madagascar, la flore et la faune sauvage sont frappées de plein fouet par le Covid-19. Les impacts sociaux et économiques des mesures de confinement visant à limiter la propagation communautaire de la pandémie ont poussé les populations rurales (75 % des malgaches) à se rabattre sur les aires protégées, comme moyen de subsistance.

Dans un rapport publié le 28 avril 2020, l’Alliance Voahary Gasy (AVG), une plateforme de l’organisation de la société civile œuvrant pour l’environnement, fait un constat alarmant. Les aires protégées situées dans la région de Diana au nord du pays enregistrent une recrudescence d’actes illégaux depuis la fin mars 2020. À titre d’illustration, une plantation de cannabis a été découverte par les patrouilleurs de la brigade mixte au niveau de l’aire protégée « Montagne des Français ». Mais surtout deux personnes y ont également été arrêtées par les autorités locales, en train d’effectuer des coupes illicites de produits forestiers. En outre, un tracteur transportant, en pleine nuit, trente blocs de « Bonara » (bois d’ébénier d’Orient, très présent sur la côte ouest de l’île, Ndlr) a été interpelé dans la commune rurale de Beramanja à Ambilobe, au Nord du pays.

En un mois, 120 personnes interpelées pour des crimes environnementaux

L’intensification des crimes environnementaux à Madagascar, suite à la pandémie du Covid-19, a également été constatée par le gouvernement. La ministre de l’Environnement et du Développement durable, Baomiavotse Raharinirina, a indiqué : « En parallèle à ce mouvement, il y a aussi une tentation pour les trafiquants de faire évacuer des stocks de bois précieux qu’ils avaient jusque-là cachés. On a énormément de tentative d’évacuation du bois de palissandre, d’ébène et bois de rose dans les régions Boeny et Betsiboka, à l’ouest du pays ».

Comme réponse à ces atteintes à la conservation, les autorités malgaches ont lancé une campagne de tolérance zéro dans chaque région. Et celle-ci a permis d’interpeler 120 personnes pour crime environnemental, en l’espace d’un mois.

Mais pour l’AVG, cette justice environnementale est à tête chercheuse. « Il y a ceux pris en flagrants délits qui disent connaitre des gens en haut lieu. Il y a les fonctionnaires corrompus et il y a aussi ceux qui font des trafics. Par exemple, ce greffier de justice et vendeur de tortues protégées appréhendé au mois de mars. La sentence qu’il a eue n’a pas été la même que celle de ses prédécesseurs, c’est-à-dire une sanction d’emprisonnement. Il faut donner l’exemple et c’est ça la tolérance zéro : une application de la loi égale pour tous. » s’est indigné Ndranto Razakamanarina, le président de l’AVG.

Cette injustice dans l’application des lois environnementales pourrait diluer l’efficacité du travail mené par l’AVG, malgré son réseau d’enquêteurs et d’informateurs répartis sur le territoire national. La plateforme a réactivé en mars 2020, le numéro vert 512, qui permet aux citoyens de dénoncer les crimes environnementaux.

Boris Ngounou

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