ÉTHIOPIE : le remplissage du GERD s’achève dans un contexte de tension entre voisins

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ÉTHIOPE : le remplissage du Gerd s’achève dans un contexte de tension avec ses voisins© Seleshi Bekele

Les autorités éthiopiennes annoncent la fin du deuxième remplissage du grand barrage de la renaissance éthiopienne (GERD). Le barrage sera capable de fournir assez d’eau pour la production d’électricité dès au mois d’août 2021. Ce nouveau développement est à l’origine d’une remontée des tensions qui ne se sont pas vraiment apaisées depuis le premier remplissage il y a un an.

La saison des pluies bat son plein en Éthiopie. Addis-Abeba en a profité pour assurer le second remplissage du réservoir du grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD). Le ministre éthiopien de l’Eau, de l’irrigation et de l’Energie en a fait l’annonce sur son compte Twitter. « Le réservoir du GERD a atteint le niveau de surverse. Actuellement, le flux entrant passe par les deux sorties de fond et le débordement. Cette année, nous connaissons également des précipitations extrêmes dans le bassin d’Abbay (bassin du Nil Bleu) », affirme Seleshi Bekele.

Selon ce responsable, la prochaine étape du mégaprojet est la production des premiers MW d’électricité. Cette annonce suscite des réactions dans les pays situés dans le bassin du Nil, notamment au Soudan et en Égypte. Ces pays d’Afrique du Nord qui dépendent du Nil pour leur approvisionnement en eau et la production d’électricité estiment que l’aménagement hydroélectrique situé en territoire éthiopien affecte leur sécurité.

L’échec successif des négociations

D’ailleurs, suite à l’annonce de la fin du deuxième remplissage du GERD, le ministère soudanais de l’Irrigation a fait savoir qu’il condamnait « les mesures unilatérales de l’Éthiopie et les politiques visant à imposer un fait accompli et à ignorer les intérêts légitimes et les graves préoccupations de ses partenaires fluviaux ». La mise en œuvre de ce projet hydroélectrique courrouce également l’Égypte qui a déjà porté le problème devant plusieurs instances internationales, notamment la Ligue arabe qui a condamné les actions d’Addis-Abeba, il y a quelques semaines.

Lire aussi- BARRAGES : l’Afrique au défi de l’impact écologique des projets hydroélectriques

Quelques mois plus tôt, le chef de l’État RD-congolais Félix Antoine Tshisekedi, l’actuel président en exercice de l’Union africaine (UA) a essayé d’amener les trois belligérants à poursuivre les pourparlers, sans succès. Les négociations s’achoppent notamment sur le rythme de remplissage du GERD. L’Égypte et le Soudan proposent un remplissage sur 15 ans. L’Éthiopie compte remplir son barrage en 7 ans. Le problème est désormais sur la table du conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) qui veut éviter une escalade militaire entre les trois pays.

Pour mémoire, le barrage du Nil disposera d’un réservoir de 79 milliards de m3, près de deux fois la capacité du réservoir du barrage des Trois-Gorges (45,3 milliards de m3) en Chine, considéré comme le plus grand aménagement hydroélectrique du monde, avec une capacité installée de 22 500 MW. Sa centrale sera équipée de 16 turbines Francis capables de délivrer une puissance de 6 450 MW, pour un investissement de 4,8 milliards de dollars. Le gouvernement éthiopien prévoit de mettre les premières turbines en service en 2022.

Jean Marie Takouleu

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