AFRIQUE : l’exploitation des aquifères peut-elle éviter la crise alimentaire?

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AFRIQUE : comment l’exploitation des aquifères peut-elle éviter la crise alimentaire©Water Alternatives Photos

En Afrique, les conflits, les chocs économiques et la flambée des prix des engrais se sont combinés pour créer une crise alimentaire sans précédent, accentuée cette dernière décennie par la sécheresse qui accélère le stress hydrique, la dégradation des sols et l’altération du cycle de vie de la faune et de la flore. Sur le continent, le Sahel est la région la plus impactée, avec climat semi-aride. Face à cette situation, la Banque mondiale préconise dans une étude publiée récemment de valoriser davantage les eaux souterraines pour améliorer les rendements agricoles.

« Le rôle des eaux souterraines dans la résilience climatique au Sahel ». C’est le titre d’un rapport d’étude publié par le pôle d’expertise en eau de la Banque mondiale le 5 octobre dernier à Dakar au Sénégal. C’était à l’occasion d’un « dialogue de haut niveau », en présence des ministres sectoriels du Sénégal, du Mali, de la Mauritanie, du Burkina Faso et du Tchad et des partenaires au développement.

« Cette rencontre a permis de mettre en exergue le besoin pressant et l’opportunité prometteuse de développer l’irrigation à partir des eaux souterraines, qui reste rare au Sahel », a expliqué Saroj Kumar Jha, le directeur du pôle d’expertise en eau de la Banque mondiale. Il s’agit d’une vaste région africaine semi-aride séparant le désert du Sahara au nord, et les savanes tropicales au sud.

Construire des forages d’eau

Pour l’institution financière basée à Washington aux États-Unis d’Amérique, en cas de sécheresse, l’accès aux eaux souterraines pourrait diminuer de 50% les pertes de rendements agricoles. « Les eaux souterraines, bien qu’invisibles seraient disponibles toute l’année. Par ailleurs, elles se trouvent presque partout au Sahel, leur qualité microbiologique et chimique est généralement meilleure, elles sont utilisées par les animaux et les humains au vu de leur excellente qualité, à la différence des eaux de surface exposées à la contamination bactériologique ou parasitaire et à la chaleur », indique  la Banque mondiale.

Pour mieux tirer parti des aquifères face à la crise alimentaire au Sahel, l’institution financière préconise de construire et/ou de réhabiliter davantage de puits et de forages pour approvisionner les agriculteurs, de mettre sur pied une politique de gestion durable des eaux souterraines, ainsi que des systèmes de gestion et d’entretien des infrastructures. Ce qui participera à sauver les quelques 12 millions de personnes menacées de crise alimentaire dans le Sahel selon un rapport publié en 2022 par le Programme alimentaire mondial (PAM).

Relever le défi de l’exploitation durable des eaux souterraines dans cette région de l’Afrique passera aussi par la formation des populations locales. « Les spécialistes des eaux souterraines sont la clé de la gestion et de la préservation de ces ressources. Semer les graines de la connaissance dans les esprits fertiles des jeunes Sahéliens leur permettra de s’épanouir en une force vibrante d’expertise scientifique capable de garantir l’utilisation durable des eaux souterraines », a expliqué Fatouma Touré Ibrahima, la directrice sectorielle de l’eau de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest, lors du dialogue de haut niveau de Dakar.

Lire aussi – AFRIQUE : entre ressource et source de vie, l’eau au cœur du développement durable

La Banque mondiale, à travers son programme de coopération des eaux internationales en Afrique (CIWA), entend faciliter les investissements à même de refléter cette interconnexion au Sahel, la valorisation des eaux souterraines contribuera également à améliorer la productivité pastorale. Cet engagement a été pris le 5 octobre 2023, à moins de deux semaines de la célébration de journée mondiale de l’alimentation le 16 octobre dernier.

Pour mémoire, l’eau souterraine constitue plus de 95% des ressources en eau douce au Sahel. Le risque à la longue, est que la quantité d’eau pompée de la nappe phréatique devienne importante et les précipitations insuffisantes, pour la recharge les aquifères exploités dans le Sahel.

Inès Magoum

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