MADAGASCAR : le WWA contredit le PAM, la famine dans le Sud n’est pas due au climat

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MADAGASCAR : le WWA contredit le PAM, la famine dans le Sud n’est pas due au climat©Tanja Esser/Shutterstock

Une nouvelle étude bat en brèche l’avis du Programme alimentaire mondial (PAM), selon lequel, la sécheresse qui provoque depuis plusieurs mois une famine sans précédent dans le sud de Madagascar serait due au changement climatique. Le World Weather Attribution (WWA) évoque plus tôt la pauvreté et la variabilité naturelle du climat comme étant les principales causes de cette famine, qui touche près de 1,14 million de personnes.

Le World Weather Attribution (WWA), qui cherche à comprendre les causes des phénomènes météorologiques extrêmes, contredit la position de l’Organisation des Nations unies (ONU), sur les causes de la famine qui sévit dans le sud de Madagascar. Dans un rapport publié en juin 2021, le Programme alimentaire mondial (PAM) estime que la famine qui menace près de 1,14 million de personnes, dont 135 000 enfants dans le sud de la grande île est liée au dérèglement du climat. Soutenu dans cette thèse par les autorités malgaches, en tête desquelles le président Andry Rajoelina, le PAM qualifie cette situation de «première famine climatique au monde».

Mais l’étude publiée le 2 décembre 2021 par le WWA, démontre autre chose. « Ce sont des facteurs autres que le changement climatique qui sont les principales causes d’insécurité alimentaire dans le sud de Madagascar », note l’étude. Le document de 38 pages relève que l’actuelle période de sécheresse de 24 mois, de juillet 2019 à juin 2021, a enregistré deux périodes de saisons des pluies successives avec un taux de précipitations inférieur de 60% à la moyenne. Or, c’est cette saison des pluies de trois mois de décembre à février qui concentre la moitié des précipitations annuelles. L’étude indique qu’un tel déficit de précipitations n’a qu’une chance sur 135 de se produire et que cette probabilité n’a pas augmenté de manière significative en raison du changement climatique causée par les activités humaines.

Ainsi pour l’équipe de chercheurs du WWA, les principales raisons de la famine dans le sud de Madagascar sont la vulnérabilité des populations, dont la principale activité, l’agriculture est fortement dépendante des pluies. Et par extension, les chercheurs notent une variabilité naturelle du climat.

Il ne faut pas cependant baisser les bras face au changement climatique

Le changement climatique n’est toutefois pas totalement dissociable de la famine au sud de Madagascar. Car pour tous événements extrêmes, « le changement climatique est un facteur parmi d’autres, parfois important, parfois petit, parfois nul », explique Friederike Otto de l’université d’Oxford (Royaume uni), l’un des auteurs de l’étude. Mais pour le cas de Madagascar les chercheurs précisent que l’augmentation prévue de l’intensité des sécheresses sous l’influence du réchauffement climatique ne devrait intervenir qu’à partir de +2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Or, pour l’instant, le niveau de réchauffement mondial est d’environ 1,1°C.

Lire aussi-MADAGASCAR: la sécheresse affame plus d’un million de personnes dans le sud du pays

Dans ce contexte, l’urgence demeure sur l’amélioration des capacités de résilience climatique des populations du sud de Madagascar. Et pour y répondre, il faut 231 millions dollars d’ici mai 2022 selon les estimations du PAM.

Boris Ngounou

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