KENYA : la BEI annule son prêt de 190 M$ pour le projet géothermique d’Akiira

Par - Publié le / Modifié le

KENYA : la BEI annule son prêt de 190 M$ pour le projet géothermique d’Akiira ©I am a Stranger/Shutterstock

La Banque européenne d’investissement (BEI) annule son prêt de 19,5 milliards de shillings kenyans (190 millions de dollars) pour le projet géothermique d’Akiira, à l’ouest du Kenya. Car ce projet est au cœur des tensions entre les populations et les autorités locales.

Le projet géothermique d’Akiira bat de l’aile. La Banque européenne d’investissement (BEI), le plus grand bailleur de fonds du projet, vient d’annuler son financement. L’institution financière européenne devait octroyer un prêt de 19,5 milliards de shillings kenyans (190 millions de dollars) à Akiira Geothermal, l’entreprise créée ad hoc pour ce projet situé dans la région d’Olkaria, dans la vallée du rift, à l’ouest du Kenya.

« Après mûre réflexion et compte tenu du fait que la BEI n’a enregistré aucun progrès sur le projet d’expansion d’Akiira Geothermal au cours des trois dernières années, la BEI a officiellement décidé de ne pas poursuivre son instruction du projet », indique Joan Manuel Sterlin Balenciaga, directeur adjoint de la division communication à la BEI. Cette annulation est un coup dur pour Akiira Geothermal.

Des explorations en cours

Le projet géothermique d’Akiira est développé par un consortium composé de Centum Investments Company, Marine Power Generation, DI Frontier Energy Carbon Fund (un fonds danois dédié à l’énergie) et Ram Energy. Le but est de produire 140 MW en exploitant la chaleur du sous-sol de la vallée du rift. Ce projet sera réalisé en plusieurs phases dont la première permettra la construction d’une centrale à vapeur de 70 MW.

Les explorations préliminaires pour la réalisation de la première phase n’ont pas été couronnées de succès, en dépit des deux puits géothermiques qui ont été forés. En janvier 2019, Akiira Geothermal a décidé d’effectuer de nouvelles explorations en forant un troisième puits. Selon la société, forer un nouveau puits s’avérait indispensable, puisque la quantité de vapeur qui émerge des deux premiers était jugée insuffisante. Mais ces travaux devraient être bien plus coûteux et avoisiner la somme de 8,5 millions de dollars. Ce qui représente environ 70 % des investissements déjà consentis pour ce projet (12 millions de dollars).

Contestation des populations

Avec l’annulation du financement de la BEI, le tour de table d’Akiira Geothermal promet d’être plus long que prévu. « Nous avons encore des partenaires potentiels. La BEI est l’un d’entre eux. Une fois que nous aurons terminé d’évaluer la ressource et que nous aurons finalement confirmé son exploitation, nous serons en mesure de nous engager pleinement avec eux sur les détails du financement », indique Anthony Kahindi, le directeur financier d’Akiira Geothermal. L’entreprise peut toujours compter sur Overseas Private Investment Corporation (OPIC), l’organisme de financement du développement des États-Unis, qui a déjà débloqué 86 millions de dollars depuis 2014.

Mais derrière l’annulation du prêt de la BEI, l’impact environnemental et social du projet est pointé du doigt. Une suspicion contestée par Akiira Geothermal. « Malgré de récentes déclarations dans les médias, aucune préoccupation sociale ou environnementale n’a été portée à notre attention en raison de nos activités de forage exploratoire. Au contraire, nous continuons à travailler en étroite collaboration avec la communauté locale pour aborder les questions sociales et environnementales dans l’intérêt des deux parties », indique Akiira Akiira.

« Des faux squatters »

Mais sur le terrain, 47 familles occupent le terrain alloué par les autorités du comté de Nakuru à Akiira Geothermal pour le développement de son projet. Elles réclament le paiement des indemnités de déplacement. Une réclamation normale pour un projet d’une telle envergure. Mais le gouvernement local qualifie ces familles de « faux squatters ». D’ailleurs, Nakuru County Development Implementation Coordination Committee (CDICC) a donné sept jours aux 47 familles pour quitter les lieux.

« La CDICC a pris note d’une tendance selon laquelle des particuliers érigent des structures temporaires sur des terres destinées à des mégaprojets et attendent une indemnisation. Ils insistent sur le fait que la terre appartient à leurs ancêtres. Toutes ces familles n’ont pas de documents de propriété foncière pour les parcelles qu’elles occupent », affirme Erastus Mbui Mwenda, le commissaire du comté de Nakuru. Le projet géothermique d’Akiira est loin d’avoir été exploré… dans toutes ses facettes.

Jean Marie Takouleu

Catégories

Plus sur le même thème

Plus dans la même région

Nous respectons votre vie privée

Ce site utilise des cookies et des technologies statistiques pour améliorer votre expérience. En cliquant j'accepte, vous donnez votre accord.

J'accepte
X
Newsletter AFRIK 21