Olivier de Noray : « Green terminal, une démarche RSE performante »

Par - Publié le / Modifié le

Olivier de Noray : « Green terminal, une démarche RSE performante »© Bolloré Ports

Bolloré Ports expérimente une nouvelle approche dans ses activités de manutention portuaire en Afrique. La filiale du groupe français Bolloré vient de lancer le label Green Terminal pour réduire l’impact environnemental de ses terminaux et accélérer sa transition énergétique. Pour en savoir plus sur cette nouvelle démarche, Afrik 21 s’est entretenue avec Olivier de Noray, le directeur général de Port & Terminaux de Bolloré Ports.

AFRIK 21 : Que représente le label Green Terminal pour votre groupe ?

Olivier de Noray (DG de Port & Terminaux de Bolloré Ports) : Le Green Terminal est une démarche inédite en ligne avec notre stratégie RSE. Ce processus de labellisation est l’aboutissement d’un vrai travail de réflexion engagé il y a plusieurs années pour réduire davantage notre empreinte carbone. Désireux d’aller encore plus loin et de fédérer nos collaborateurs autour d’un projet porteur de sens, nous nous sommes rapprochés de Bureau Veritas [société spécialisée dans la certification, Ndlr] pour faire analyser et valider notre démarche sur la base d’une approche globale. Il s’agissait de tenir compte de l’ensemble des préoccupations environnementales depuis la mise en place d’un système de management optimisé jusqu’à la formation de nos collaborateurs aux bonnes pratiques liées aux enjeux environnementaux. Le label Green Terminal matérialise de fait notre ambition ultime, à savoir un terminal alliant performance opérationnelle et environnementale. Il intègre par ailleurs dans son processus les critères sociaux et de gouvernance afin de continuer à investir durablement dans nos territoires d’implantation.

Peut-on mesurer l’impact environnemental des activités portuaires ?

Oui nous avons initié cette démarche depuis maintenant plus de 8 ans au travers de notre propre programme RSE, conformément aux différentes lois nationales existantes. Aujourd’hui, avec les nouvelles technologies et des équipements plus respectueux de l’environnement (notamment des e-RTG), qui sont désormais opérationnels, nous pouvons mesurer l’impact environnemental des activités portuaires à partir des indicateurs de performance qui entrent dans la mise en application du label. Ainsi, de 2019 à 2020, les émissions directes de gaz à effet de serre, relevant du scope 1, et celles plus indirectes, liées aux consommations énergétiques, relevant du scope 2, ont diminué de 6 % sur certains de nos 13 terminaux à conteneurs grâce à l’acquisition de nouveaux engins électriques et à leur raccordement au réseau public d’électricité. Or, cet effort va se poursuivre en 2022 et 2023 avec la mise en service de nouveaux terminaux à conteneurs.

Vos plateformes portuaires accueillent de grands navires connus pour leur niveau de pollution assez élevé. Peut-on vraiment réduire les émissions de CO2 au niveau de vos plateformes portuaires ?

Oui, mais il faut préciser que cette question dépasse notre périmètre d’activité et qu’il appartient à l’Autorité portuaire de s’engager dans un processus environnemental pour réduire les émissions de CO2 selon un schéma directeur applicable par les opérateurs portuaires.

Quel lien faites-vous entre la digitalisation des installations et la réduction de leurs impacts sur l’environnement ?

La dématérialisation des documents de transport présente plusieurs avantages et permet de faciliter les échanges tout en réduisant la pollution de l’air et la congestion des ports.

Le terminal à conteneur du port de Tema au Ghana© Bolloré Ports

Le terminal à conteneurs du port de Tema au Ghana© Bolloré Ports

Nous avons lancé plusieurs projets de digitalisation qui permettent de réduire notre impact carbone au niveau du scope 3 c’est-à-dire les émissions indirectes générées par le transport des salariés, des clients et des partenaires en lien avec nos activités portuaires.

Nous travaillons actuellement à la mise en place dans tout le réseau d’un système d’e-paiement interfacé avec le portail Web IES développé en interne et qui devrait à terme être le mode de paiement privilégié. Nous avons également déployé des plateformes électroniques collaboratives, appelées aussi « Cargo Community System » pour centraliser tous les documents administratifs et les formalités douanières dans l’objectif de réduire les déplacements des clients et ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à nos activités.

Dans quelle mesure allez-vous mettre en place un processus de transition énergétique dans vos plateformes portuaires ? Avez-vous des solutions concrètes ?

Le processus de transition énergétique s’applique à tous les nouveaux terminaux ainsi que ceux ayant fait l’objet d’une modernisation ou d’une extension. Sur la partie infrastructure, nous privilégions la construction de bâtiments écologiques pour contribuer à nos objectifs de réduction carbone. À terme, notre ambition est d’obtenir pour chaque nouveau projet la certification EDGE (Excellence in Design for Greater Efficiencies) délivrée par l’IFC, membre de la Banque mondiale. Pour l’heure, le terminal à conteneurs de Tema au Ghana est le premier à avoir obtenu cette certification pour l’ensemble de ses bâtiments et en particulier l’atelier mécanique. Il sera bientôt suivi par Côte d’Ivoire Terminal (CIT), le second terminal à conteneurs du port d’Abidjan qui devrait démarrer ses activités au deuxième semestre 2022. En ce qui concerne les équipements, nous avons désormais dans tous nos terminaux des portiques de quai (STS) entièrement électriques et nous avons également entamé le renouvellement progressif de nos portiques de parc (RTG) au profit d’e-RTG. Nous avons enfin acquis des tracteurs électriques co-développés avec Blue Solutions, filiale du Groupe Bolloré et de Gaussin pour équiper Abidjan Terminal et Côte d’Ivoire Terminal.

Quid de la valorisation des déchets, du traitement de l’eau et du contrôle de l’air ?

Nous avons mis en place un processus de valorisation de déchets avec des sociétés partenaires et agréé dans les différents États. Les huiles usagées, qui constituent les principaux déchets des terminaux en Afrique, font l’objet d’un traitement spécifique. En 2020, près de 68 % de leur production a été recyclée.

Y a-t-il un coût pour le label Green Terminal ?

Nous consacrons 10 % de notre budget total en matière d’infrastructures pour verdir nos ports à travers la construction de bâtiments durables. Dans le même temps, nous investissons également dans des engins de manutention électriques qui représentent selon le type d’équipement un coût beaucoup plus élevé. Ces investissements sont cependant nécessaires pour accélérer cette transition énergétique. Entre 2019 et 2020, les émissions de GES (gaz à effet de serre, Ndlr) ont ainsi diminué de 11 % grâce à l’acquisition d’engins électriques de manutention et la baisse devrait se poursuivre dans les prochaines années.

Propos recueillis par Jean Marie Takouleu

Plus sur le même thème

Plus dans la même région

Nous respectons votre vie privée

Ce site utilise des cookies et des technologies statistiques pour améliorer votre expérience. En cliquant j'accepte, vous donnez votre accord.

J'accepte
X
Newsletter AFRIK 21