L’hydrogène, énergie de demain ? Quelle place pour l’Afrique ?

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L’hydrogène, énergie de demain ? Quelle place pour l’Afrique ? © IDC Media

Le 3 et 4 mai 2023, les 13e Tables-rondes de l’Artois et de la Méditerranée, organisée par Aix-Marseille Université en partenariat avec l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), avaient pour objectif de proposer une réflexion autour du thème « Hydrogène de demain : mythe ou réalité ? », et plus précisément sur la place de l’hydrogène dans la transition énergétique.

Deux jours de conférences réunissant dix-huit intervenants experts, industriels et membres du secteur civil et associatif. Les 13e Tables-rondes se voulaient le rendez-vous du débat d’idées pour réponde à une question : « L’hydrogène, énergie de demain ? »

Le sujet ne date pas d’hier. Comme l’a rappelé le professeur Daniel Nahon, créateur des Table-rondes de l’Arbois, lors de la plénière d’ouverture : « Jules Verne le prédisait dans L’Île mystérieuse dès 1875. Déjà il faisait dire à l’un des personnages de son roman « L’hydrogène et l’oxygène, qui constituent l’eau, utilisés isolément ou simultanément, fourniront une source de chaleur et de lumière inépuisable et d’une intensité que la houille ne saurait avoir. Un jour, les soutes des steamers et les tenders des locomotives, au lieu du charbon, seront chargés de ces deux gaz comprimés, qui brûleront dans les foyers avec une énorme puissance calorifique».

Si les enjeux actuels liés à cette énergie sont déjà connus, notamment la décarbonation de l’industrie dans le cadre de la transition énergétique, il reste encore beaucoup à faire. On estime que 500 millions de tonnes de CO2 rejeté pourraient être évités grâce à l’hydrogène vert.

Pour Marc Guillaume, professeur à l’Université Paris-Dauphine et spécialiste de l’hydrogène vert, « Plutôt que de parler d’hydrogène demain, il faudrait d’avantage parler d’hydrogène « après-demain », à l’horizon 2030-2040 ».

La recherche, comme moteur de changement

Pour les organisateurs de l’événement, la recherche scientifique et l’innovation sont des éléments clés pour le développement de l’hydrogène vert, qui est une technologie émergente dans le domaine de l’énergie.

En cela, la présence de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) comme co-organisateur est tout à fait logique. « Nous sommes une institution de recherche appliquée sur les thématiques en lien avec le continent africain, notamment concernant les enjeux de transition énergétique. » explique Hicham El Habti, président de l’Université. «Le continent africain est appelé à renforcer ses capacités industrielles. L’avantage que nous avons avec l’hydrogène, c’est que, dès le départ, on peut imaginer une industrie décarbonée. Aujourd’hui on parle beaucoup de décarbonisation, avec une industrie à fortes émissions. Le continent africain va pouvoir disposer d’un outil industriel décarboné grâce à l’hydrogène. Cette dynamique doit être accompagnée par une autonomisation qui requiert également une souveraineté en termes d’expertise et de savoir-faire. La valorisation de nos scientifiques et le financement des recherches sont au cœur de notre raison d’être à l’UM6P »

L’ambition du Maroc et de l’UM6P est de répondre rapidement aux besoins en termes de formations de jeunes chercheurs, d’infrastructures de recherche, de transfert de technologies, d’acquisitions et d’accès aux données et enfin de connexion avec des réseaux de recherche régionaux et internationaux.

Quel rôle pour l’Afrique dans cette dynamique ?

Pour Bart Biebuyck, directeur exécutif du Partenariat Européen Hydrogène Propre, c’est assez simple: « Le rôle de l’Afrique est d’aider l’Europe à être le premier continent à atteindre la neutralité carbone. Cela passe par un approvisionnement en hydrogène à faible coût. » Et ce, en raison de conditions idéales pour produire de l’hydrogène, à savoir beaucoup de soleil et de vent.

Selon plusieurs études, l’Afrique pourrait produire jusqu’à 50 millions de tonnes d’hydrogène vert par an d’ici à 2035, dont une grande part serait dédiée à l’exportation. Le continent pourra également tirer d’autres bénéfices de cette dynamique. «Pour atteindre ces objectifs, l’Europe va devoir apporter de nouvelles technologies au continent africain et former des ingénieurs et des techniciens. Ces nouvelles connaissances pourront par la suite être appliquées à d’autres usages » poursuit Bart Biebuyck.

Paul Lucchese, Président de l’Accord Hydrogène de l’AIE, voit les choses différemment: «Cette production servira d’abord à répondre aux besoins internes de l’Afrique ». Un point de vue également partagé par Marc Guillaume:

« Il ne faut pas être trop impatient. Il faut que les pays africains producteurs jouent d’abord un rôle sur leur continent.» et de conclure « Chaque pays africain doit découvrir son « génie de territoire » et, à partir de là, produire des pôles de développement et des connexions entre ces pôles ».

 

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