Le Congo se moque t-il de la transition énergétique en ouvrant une école pétrolière ?

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Le Congo se moque t-il de la transition énergétique en ouvrant une école pétrolière  ? ©Ministère congolais de l’Aménagement du territoire

Pour honorer l’une de ses promesses électorales de 2021, le président du Congo Denis Sassou Nguesso a posé récemment la première pierre de la future université publique de Loango. La construction de cet édifice devant abriter une école pétrolière et gazière, agite le débat sur le choix entre l’exploitation des hydrocarbures et le développement des énergies renouvelables en Afrique.

Pendant longtemps les Congolais intéressés par les métiers des hydrocarbures devaient se former dans la capitale Brazzaville ou s’expatrier. La donne sera inversée en faveur des citoyens des villes lointaines d’ici le premier semestre 2026, date à laquelle sera inauguré l’Institut supérieur du pétrole, gaz, mines et énergies du Congo. C’est l’une des futures écoles qui composeront l’université publique de Loango en pleine construction près de la cité portuaire de Pointe-Noire.

Le chantier sur une superficie de 280 hectares est piloté par les sociétés chinoises China Jiangzu et SZTC. La première phase des travaux coûtera 35 milliards de francs CFA (53,4 millions d’euros) au gouvernement de ce pays d’Afrique centrale. La nouvelle école pétrolière en partenariat avec l’École nationale supérieure du pétrole et des moteurs (IFP School) en France traduit la volonté du gouvernement de Dénis Sassou Nguesso de s’imposer sur le marché mondial des hydrocarbures.

En effet, le Congo qui produit 339 000 barils par jour selon l’Agence française de développement (AFD), est devenu en 2018 le 7e pays africain membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à côté du Nigeria, de l’Angola, de l’Algérie, de la Lybie, du Gabon et de la Guinée Équatoriale. Une adhésion qui tout comme la future école du pétrole et du gaz de Loango, n’est pas du goût des écologistes et des hautes instances internationales du climat (COP) qui militent contre l’exploitation de telles ressources naturelles dont l’extraction et la combustion sont jugées polluantes.

Un Congo à cheval entre les hydrocarbures et les énergies renouvelables

Mais les autorités de Brazzaville entendent bien naviguer des deux côtés, c’est-à-dire entre l’industrie des hydrocarbures et la diversification du mix électrique à travers le développement des énergies propres. Sur le premier plan, l’idée est sans doute de se positionner comme l’un des plus grands exportateurs de pétrole pour le marché mondial de l’automobile (carburants), du textile (fabrication de vêtements) à l’heure où les besoins de consommation sont toujours plus croissants dans plusieurs pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique, et malgré leurs impacts sur l’environnement.

S’agissant du second plan lié aux énergies renouvelables, le Congo n’en est pas moins conscient et au contraire affute progressivement sa politique de décarbonation. En la matière, le pays peuplé de 6 millions d’habitants multiplie les installations d’énergie propre. C’est le cas de la centrale solaire hybride (3,4 MW) d’Impfondo confiée à la filiale de l’entreprise belge ABC Contracting. Au terme des travaux, l’installation disposera de 11 520 panneaux solaires capables de fournir 6 480 kVa pour faire face aux délestages.

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Pour accélérer son indépendance énergétique, le Congo mise également sur la recherche et le développement (R&D) à travers le Centre de recherches sur les énergies renouvelables d’Oyo. L’infrastructure ouverte aux chercheurs du continent africain a été inaugurée en grande pompe en mai 2023 dans la ville d’Oyo. C’était en présence du président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo qui est lui aussi à cheval entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables.

Benoit-Ivan Wansi

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