GAMBIE : du déchet plastique au sac à main, l’œuvre quotidienne d’Isatou Ceesay

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Afrique : très rentable, le crime environnemental attaque les économies africaines© Somphop Nithi/Shutterstock

Isatou Ceesay est une jeune entrepreneuse gambienne qui a choisi de recycler les déchets plastiques, pour en faire des sacs qu’elle commercialise par la suite. L’association Women Initiative Gambia, qu'elle a créée à cette occasion, lui permet de fournir une activité régulière à 11 000 personnes.

Isatou Ceesay a décidé de mener un véritable combat contre les déchets, qui sont une préoccupation à l’échelle africaine… et planétaire. Pour contribuer à leur éradication, elle propose une astuce aux femmes : concevoir des sacs à main, des portefeuilles, et des ballons pour enfants avec les détritus qui jonchent les rues gambiennes. Au-delà de l’aspect environnemental du projet, Isatou a permis aux 11 000 membres de son réseau de trouver un gagne-pain.

Pour Isatou, le déchet peut sauver des vies, il suffit de le considérer comme une source de richesses et non comme une ordure, dont il faudrait se débarrasser à tout prix. « Regardez ce sac, combien de vies a-t-il sauvées ! Tellement beau ! Cela me motive tous les jours au travail avec les femmes. L’idée du recyclage m’est venue à l’esprit lorsque j’étais très jeune. J’ai regardé mon environnement dans ma communauté. J’ai réalisé que les gens n’avaient aucune idée de la manière dont ils pouvaient gérer leurs déchets. J’ai alors senti que ce devrait ça, ma contribution… »  Isatou a décidé de naviguer à contre-courant, au tout début de son projet, car personne n’y croyait, si ce n’est elle-même. Mais aujourd’hui, elle a déjà convaincu et redonné du sourire à près de 11 000 personnes, membres de son réseau.

Isatou peut se féliciter des deux décennies, durant lesquelles elle s’est attelée à combattre cet ennemi public, qu’est le déchet plastique. En août 2018, elle a occupé la quatrième place dans le classement mondial des huit femmes les plus environnementalistes, réalisé par le magazine américain Bustle. C’est un combat de tous les instants pour cette pionnière de l’environnement, car selon elle, « abuser de l’environnement signifie s’abuser soi-même. »

Au délà du recyclage…

D’ailleurs, elles sont bien pleines, les journées de travail d’Isatou, qui commencent à 5 heures du matin pour ne s’achever que tard le soir. Depuis 1997, date à laquelle Women Initiative Gambia a vu le jour, Isatou et son équipe ont mené une kyrielle d’activités. Ils ont parcouru les marchés locaux pour apprendre aux communautés à gérer les déchets domestiques. Le groupe offre également à ses membres des formations de 18 à 36 mois sur diverses questions environnementales. D’ailleurs, l’État gambien les a récemment consultés avant de voter une loi sur l’interdiction totale de l’importation de sacs en plastique. L’association vient aussi de lancer un programme d’innovation pour fabriquer des briquettes avec de l’herbe séchée, des feuilles de mangue, des fibres de coco ou du papier (les déchets organiques représentent 50 % de tous les déchets en Gambie, Ndlr). Un projet qui permettra de réduire la déforestation, car les briquettes traditionnelles sont fabriquées à l’aide du charbon ou de bois traditionnel. Ce programme participe donc de plusieurs manières à la réduction des émissions de CO2 ainsi qu’à la gestion des déchets, qui sont une véritable épée de Damoclès en Afrique. « Nous avons encore un long chemin à parcourir avant d’avoir éduqué la population concernant la relation entre notre santé et l’environnement. Il s’agit d’une question clé, car 75 % de la population gambienne n’a pas accès à une éducation adéquate. »

Luchelle Feukeng

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