Climat: la Côté d’Ivoire accélère sa décarbonation

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Climat: la côte d’Ivoire accélère sa décarbonation

Après une dizaine d’années de travaux, la politique énergétique de la Côte d’Ivoire semble porter ses fruits. Entre grands projets d’hydrocarbures responsables et énergies renouvelables, le pays prépare sa transition.

Le lundi 28 août, la compagnie ivoirienne Petroci et son partenaire italien Eni annonçaient le début de l’exploitation du champ Baleine. Découvert en 2021 et situé dans le golfe de Guinée au large d’Assouindé, ce champ constitue la plus grande découverte d’hydrocarbures du pays et est particulièrement riche en pétrole et en gaz naturels : les dernières estimations prévoient une capacité de 2,5 milliards de barils de brut et 3300 milliards de pieds cubes de gaz. Dans le détail, une unité flottante est déjà mise en route et peut actuellement traiter 15 000 barils de pétrole par jour. Les cadences augmenteront à partir de 2024 avec un objectif final de 150 000 b/j.

Si Baleine est un gisement d’énergies fossiles, les deux entreprises veulent mettre l’accent sur l’usage de techniques et de technologies dernier cri permettant de réduire considérablement l’empreinte carbone de l’exploitation des hydrocarbures, dans un souci de préservation de l’environnement. Les dernières émissions de carbone incompressibles, seront, elles, contrebalancées par l’engagement d’Eni auprès de la Côte d’Ivoire d’investir dans des initiatives compensatoires telles que « la fourniture de fours améliorés aux communautés locales, qui éliminent la consommation de bois ou de charbon pour la cuisine » et des projets de recherche visant à protéger 380 000 ha de forêts.

Un gisement qui renforce une capacité énergétique ivoirienne déjà solide

Baleine est le cinquième bloc d’hydrocarbures en eaux profondes exploité conjointement par Petroci et Eni. Réalisé avec un partenaire européen présent en Côte d’Ivoire depuis les années 1960, ce projet vise à renforcer l’autonomie énergétique du pays et son marché intérieur. Par ailleurs, d’autres compagnies d’exploitation, telles que Total ou Tullow Oil, ont annoncé des découvertes d’hydrocarbures qui devraient permettre au pays de renforcer sa place au classement des États africains exportateurs de pétrole dans les années à venir.

En consolidant ses structures d’approvisionnement en matière première, Baleine permet également à la Côte d’Ivoire d’appuyer son rôle de puissance énergétique régionale leader en Afrique de l’Ouest. Le pays est en effet devenu l’un des plus électrifiés de la région avec 94 % de foyers raccordés au réseau en 2023 contre 34 % il y a 12 ans, et assure ainsi un rôle de pôle régional en matière énergétique en exportant 10 à 20 % de sa production d’électricité à ses voisins (Ghana, Burkina Faso, Mali, etc.), selon des estimations de la Banque Mondiale.

La Côte d’Ivoire, un pays en pleine transition énergétique

Du fait de la fiabilité de son réseau, la Côte d’Ivoire est aujourd’hui l’un des rares pays d’Afrique à pouvoir d’ores et déjà envisager une transition énergétique vers un mix plus vertueux. L’objectif d’exploitation à zéro émission du champ Baleine s’inscrit dans la stratégie de transition énergétique voulue par le gouvernement, dont la feuille de route dévoilée en mars 2022 vise un mix énergétique vertueux à horizon 2030, basé sur une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre (-28 %) et un recours accru aux énergies décarbonées (42 %).La feuille de route — baptisée Plan d’action national des énergies renouvelables (PANER) — prévoit par ailleurs de doubler la capacité de production électrique nationale, en passant de 2229 à 4663 MW en 2030. Pour ce faire, de grands investissements industriels sont prévus, notamment la construction d’une centrale solaire flottante sur le lac de rétention du barrage de Kossou, ainsi que la centrale biomasse d’Aboisso, conçue par l’ivoirien Sifca et le français EDF, et alimentée à l’aide de résidus agricoles.

Enfin, d’autres investissements majeurs sont en cours de réalisation tels que la construction des centrales thermiques Azito IV et Ciprel V et d’un barrage hydroélectrique à Gribo Popoli. Ces grands projets d’intérêt public s’appuient sur un secteur privé volontaire : en témoigne le travail conduit par Azito Energies ayant permis dès 2013 de créer la première centrale à cycle combiné gaz d’Afrique. Une coopération public-privé plutôt efficace qui permet donc à la Côte d’Ivoire d’être optimiste quant à la réalisation des objectifs du PANER.

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