ZIMBABWE : le parc de Hwange menacé par l’extraction du charbon de Jingan Corporation

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ZIMBABWE : le parc de Hwange menacé par l’extraction du charbon de Jingan Corporation©paula french/Shutterstock

Les autorités zimbabwéennes viennent d’octroyer une nouvelle concession pour l’extraction du charbon dans le parc national de Hwange dans la province du Matabeleland septentrional. Cette source d’énergie fossile sera exploitée par Jingan Corporation, une joint-venture formée par des investisseurs chinois et zimbabwéens. Le plus grand point chaud de la biodiversité du Zimbabwe abrite déjà plusieurs mines de charbon.

La décision du gouvernement du Zimbabwe suscite le tollé dans le pays depuis quelques jours. Jingan Corporation vient d’obtenir l’aval des autorités pour l’exploitation du charbon en plein cœur du parc national de Hwange situé dans la province du Matabeleland septentrional, à l’ouest du Zimbabwe. Selon l’organisation de conservation de la faune Bhejane Trust, bien avant l’accord de concession pour l’extraction du charbon dans le parc national de Hwange, des entreprises chinoises effectuaient déjà des forages de carotte de charbon dans la réserve de biodiversité.

« Notre équipe de surveillance des rhinocéros a récemment trouvé des Chinois dans le parc de Hwange. Nous avons pu vérifier qu’ils prélevaient des carottes de charbon. Les surveillants du parc les ont arrêtés et confiés à la police. Mais ils sont réapparus avec un permis leur donnant le droit de poursuivre leurs activités de forage exploratoire dans le parc », explique Bhejane Trust.

Formée d’investisseurs chinois et locaux, la joint-venture Jingan Corporation rejoint d’autres exploitants miniers ayant obtenu des concessions pour extraire le charbon de Hwange. C’est le cas de la Compagnie de la mine de charbon de Hwange, Makomo Resources, Zambezi Gas ou encore Chilota Collieries qui extrait mensuellement 30 000 tonnes de charbon dans le parc.

Le bouleversement de la faune

L’octroi d’une concession à Jingan Corporation dans le parc national de Hwange a suscité l’indignation des Zimbabwéens, surtout celle des défenseurs de l’environnement. Pour eux, la décision est un coup dur porté à la plus grande réserve de biodiversité du Zimbabwe, s’étendant sur une superficie de 14 651 km2, près de deux fois la superficie de la capitale Harare (960 km2).

« Autoriser l’extraction du charbon dans le parc national du Hwange est un crime environnemental grave commis par le gouvernement et les mineurs. Cette activité menace la biodiversité au sein du parc », s’indigne Simiso Mlevu, la responsable de la communication du Centre pour la gouvernance des ressources naturelles (CNRG). Les bruits provoqués par les activités d’extraction dans les mines de charbon pousseront les animaux à s’éloigner du parc pour se retrouver dans les plantations des riverains, accentuant le conflit Homme-faune et le braconnage.

Cette situation pourrait être fatale pour les grands mammifères comme les rhinocéros, les girafes, les lions ou encore les éléphantes déjà très fortement perturbés. Actuellement l’Autorité de gestion des parcs et de la faune du Zimbabwe (Zimparks) est en alerte après la mort mystérieuse de 22 éléphants dans le parc. Un incident non encore élucidé qui vient s’ajouter à la situation actuelle marquée par l’octroi d’une nouvelle concession d’extraction de charbon dans le parc.

Le dilemme des autorités

La décision des autorités d’extraire le charbon dans le parc national de Hwange intervient alors que les pays africains se tournent de plus en plus vers les sources d’énergie propre comme le solaire ou l’éolien. Malgré les progrès enregistrés au Zimbabwe, les autorités continuent d’encourager la construction de centrales thermiques fonctionnant au charbon, et extrêmement polluantes. Elles sont soutenues par des entreprises chinoises, notamment Sinohydro qui réalise actuellement le projet d’extension de la centrale thermique de Hwange.

Cette installation a une capacité installée de 920 MW. Sino Hydro ajoutera de nouvelles unités pour produire 600 MW supplémentaires. À la fin des travaux d’extension, les besoins en charbon de la centrale augmenteront ; d’où la nécessité d’exploiter de nouvelles sources d’approvisionnement. L’entreprise publique Zimbabwe Electricity and Distribution Company (ZETDC) compte sur cette centrale pour réduire la fréquence des délestages liés à la faiblesse du réseau électrique national. En saison sèche, la situation s’aggrave à cause de la sécheresse qui provoque la baisse du niveau du barrage hydroélectrique de Kariba (1 319 MW) sur le fleuve Zambèze.

Jean Marie Takouleu

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