TANZANIE : Dodoma demande au Kenya de renoncer aux barrages sur la rivière Mara

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TANZANIE : Dodoma demande au Kenya de renoncer aux barrages sur la rivière Mara©Arend van der Walt/Shutterstock

Le gouvernement de la Tanzanie vient d’entamer des pourparlers avec le Kenya concernant deux barrages que Nairobi envisage de construire sur la rivière Mara. Des projets qui soulèvent beaucoup de critiques de la part des écologistes.

La rivière Mara représente le principal cours d’eau qui irrigue l’écosystème situé à la frontière entre la Tanzanie et le Kenya. Longue de près 400 km, cette rivière aux eaux troubles zigzague entre le parc national du Serengeti en Tanzanie, la prestigieuse réserve du Masai Mara coté kenyan, et plusieurs autres réserves de chasses. La rivière Mara abrite l’une des plus importantes populations de crocodiles du continent africain. La survie de ces sauriens dépend de la migration chaque année de plus de 2 millions de gnous, de zèbres et d’autres antilopes des savanes. Ils se déplacent entre le parc national du Serengeti et la réserve du Masai Mara au gré des saisons, en traversant la rivière Mara à la nage.

Mais l’équilibre de cet écosystème est mis en cause par deux projets de barrage que le Kenya envisage de construire sur la rivière Maria : celui de Norera (10 mètres de haut) et de Mungango (hauteur de crête, 30 mètres). Mais la Tanzanie proteste contre la construction de ces infrastructures qui pourraient modifier la structure de la rivière Mara et, par ricochets, influencer la vie des animaux sauvages qui en dépendent.

Des négociations en cours

Le gouvernement tanzanien a annoncé récemment être en pourparlers avec le Kenya pour « l’arrêt total des projets de barrages sur la rivière Mara et ses affluents ». « Les barrages auront un impact négatif sur l’écosystème du Serengeti, y compris la perte de certaines espèces en raison du manque d’eau dans la rivière Mara pendant la saison sèche », explique le vice-ministre tanzanien des Ressources naturelles et du Tourisme, Constantine Kanyasu. Lors de la séance des questions au gouvernement cette semaine au parlement tanzanien, Constantine Kanyasu précisé que les négociations visant à arrêter la mise en œuvre projets de barrages sur la rivière Mara était coordonnée par la Commission du bassin du lac Victoria (LVBC), qui relève du ministère tanzanien des Affaires étrangères et de la Coopération est-africaine.

Ces négociations s’ouvrent alors que l’entreprise Omikron Consulting a déjà publié les résultats de ses études de faisabilité pour la construction des retenues d’eau. Il s’agirait d’un barrage polyvalent puisqu’il servirait à fournir de l’eau pour l’irrigation, de l’eau potable pour une consommation ménagère et qu’il permettrait de produire de l’électricité. « Le projet est financièrement réalisable, socialement fortement recommandé. L’élément fort du projet est son impact sur l’économie agricole. Les gains à cet endroit sont très importants », explique Omikron consulting dans son rapport.

L’espoir subsiste !

Les négociations promettent d’être difficiles, d’autant plus que la Tanzanie a elle aussi prévu de construire le barrage de Borenga sur la rivière Mara. Il s’agira là aussi d’un barrage polyvalent. Mais de l’espoir, les observateurs en ont, d’autant que par le passé, la Tanzanie a plusieurs fois réussi à obtenir des accords sur la gestion des eaux transfrontalières. En mars 2019, le pays a signé un accord avec le Malawi, créant ainsi une commission pour la gestion des eaux du bassin de la rivière Songwe. Les deux pays exploiteront ensemble les ressources de cette rivière.

Mais pour la rivière Mara, l’enjeu est plus important, car il s’agit de l’avenir du parc national du Serengeti qui draine chaque année des milliers de touristes. Pour mémoire : en 2017, l’écotourisme a compté pour 17,5 % dans le produit intérieurs brut (PIB) de la Tanzanie…

Jean Marie Takouleu

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