La ville africaine d’aujourd’hui est confrontée à de nombreux défis. Il s’agit notamment de l’accès à l’électricité, à l’eau potable, aux services d’assainissement, à l’éducation, à l’emploi, à la mobilité et à l’accès aux infrastructures routières, sportives et socioculturelles. Ces différentes thématiques seront examinées lors du 28e sommet Afrique-France qui se tient à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, du 4 au 6 juin 2020.
Cette rencontre triennale réunit les pays africains et la France, soit dans un pays du continent ou en France métropolitaine. Ce Sommet inédit a pour ambition d’associer la vision politique à l’action des acteurs économiques. Dédié aux acteurs du changement, l’évènement réunira les porteurs de projets issus de la société civile, les entreprises et les institutions engagées qui présenteront des solutions concrètes pour les villes et territoires durables. « Le thème est pertinent parce que la ville durable est l’objectif de développement durable n° 11 et il s’applique à nous tous. Le président Emmanuel Macron a tapé juste face au défi d’urbanisation en Afrique. C’est un enjeu énorme pour lequel on a des solutions. Et cela ne me dérange pas de dire que c’est également un thème qui est bon pour la France, pertinent pour les Africains et pour lequel nous avons des solutions de partenariats », explique Stéphanie Rivoal, ambassadrice et secrétaire générale du Sommet Afrique-France 2020.
La préparation du sommet
Dans le cadre des préparatifs de l’évènement, Stéphanie Rivoal a entamé une tournée africaine qui l’a amené au Cameroun le 2 mars 2020 où elle a rencontré les autorités. Avec le ministre camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, l’ambassadrice du 28e sommet Afrique-France a discuté des opportunités économiques que réserve l’évènement.
« Le Sommet Afrique – France 2020 dispose d’un format inédit. Il y aura un sommet, avec un salon dans lequel se mélangeront les porteurs de projet, les citadins (…) mais aussi les industriels qui apportent les solutions et les financeurs. Sans financement, ces projets ne peuvent pas être menés. Nous allons inviter les banques privées, les bailleurs de fonds et les fondations pour que tous ensemble ils trouvent des solutions pour les villes et les territoires plus durables que ce soit en France ou en Afrique », explique Stéphanie Rivoal.
L’ambassadrice a effectué la même mission d’explication en Côte d’Ivoire. Toujours dans le cadre des préparatifs du sommet de Bordeaux, les « Rencontres d’Abidjan sur les villes africaines » se sont tenues du 27 au 28 février 2020. Cet évènement, présidé par le Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, a permis de réunir la société civile, les experts, les entreprises et les responsables politiques de 30 pays africains autour de la question de la ville durable.
La « Déclaration d’Abidjan sur les villes durables » est née de cette rencontre, le but étant de concrétiser l’engagement des villes et territoires et d’appeler les gouvernements à l’élaboration « de politiques urbaines permettant l’émergence de villes à la fois durables et intelligentes ». La rencontre d’Abidjan prépare déjà les décideurs à mieux tirer parti du Sommet Afrique-France 2020.
Le sommet de juin réunira 54 chefs d’États et de gouvernements africains et le gouvernement français. Plusieurs entreprises, institutions financières et organisations et membres des sociétés civiles françaises et Africaines prendront également part à cette rencontre exceptionnelle pour travailler ensemble et proposer des solutions à des problèmes communs afin de donner du sens à ce sommet engagé et prospectif.
Le déroulement de l’évènement
La cité des solutions pour la ville et les territoires durables
La Cité des Solutions sera la principale nouveauté et la véritable attraction du Sommet Afrique-France 2020. Il s’agit d’un salon professionnel dédié aux projets et aux solutions pour la ville et les territoires durables. Ce salon qui s’établira au Parc des Expositions de Bordeaux réunira 500 entreprises et organisations africaines et françaises qui exposeront « leur savoir-faire, leurs solutions concrètes et leurs visions concernant les questions de l’habitat, de l’énergie, de la mobilité, de la santé, de l’éducation, du financement, de l’étude, de la sécurité, des ressources, de l’agriculture, du sport… »
Ces entreprises seront réparties dans sept quartiers thématiques. Il s’agit de :
- « Nourrir les villes » : ce quartier réunira les entreprises proposant des solutions durables en matière d’agriculture, de fourniture de produits agroalimentaires, de commerce ou encore de restaurations ;
- Les architectes, qui construisent la ville africaine de demain, se réuniront dans le quartier « Aménager et embellir la ville ». Ce quartier concentrera les solutions de construction des bâtiments, du mobilier urbain et l’aménagement des espaces verts ;
- L’un des quartiers les plus importants s’intitule « Accéder aux services essentiels », notamment aux énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique, à la sécurité, à la gestion des risques ou encore les populations vulnérables ;
- Le quartier « Vivre dans la ville » présentera les solutions de logement, de santé, d’éducation, de formation, de culture et de loisir et de société civile ;
- Les solutions en matière de transports seront présentées dans le quartier « Se déplacer dans la ville/visiter la ville » afin de présenter les principaux enjeux et les fournisseurs d’infrastructures de transport, de mobilité, d’accès et de tourisme durable ;
- La ville africaine de demain sera davantage connectée, d’où l’importance du quartier « Connecter la ville » où les entreprises proposeront des solutions innovantes en matière digitale.
- Le quartier « Financer et structurer les projets » accueillera les institutions financières internationales, les bailleurs de fonds, les fondations, les banques et les fonds d’investissement, les bureaux d’études, assurances et avocats, etc.
Par ailleurs, dans le cadre de ce 28e sommet Afrique-France le Challenge des 1 000 a été lancé. Il s’agit d’une initiative conjointe de Digital Africa et du Sommet. Concrètement, le gouvernement français compte inviter 1 000 entrepreneurs africains à Bordeaux. Ils viendront présenter leurs innovations à la Cité des Solutions. La sélection concerne les entrepreneurs africains ayant une activité en lien avec l’un des sept quartiers de la Cité des solutions. L’entrepreneur enregistré sur la plateforme Digital Africa doit en outre être « porteur d’une solution innovante ou duplicable, à moindre coût et impact fort pour rendre les villes françaises et africaines plus durables du point de vue environnemental et social ».Les gagnants du challenge seront bientôt annoncés.
Les différents quartiers favoriseront les rencontres entre les entreprises, les porteurs de projets de développement durable et les institutions financières. L’évènement reçoit le soutien de plusieurs institutions financières actives sur les questions de développement durable en Afrique. C’est le cas de l’Agence française de développement (AFD) et de sa filiale Proparco dédiée au financement du secteur privé.
De grands groupes soutiennent le sommet de Bordeaux. Il s’agit par exemple Veolia, Eranove et Suez qui investissent dans l’eau et la gestion des déchets en Afrique. Le géant Électricité de France (EDF), le groupe Bolloré, Meridiam, Vivendi ou encore Fidal sont d’ores et déjà partenaires du 28e Sommet Afrique-France. Les constructeurs automobiles tels que Citroën et Iveco Bus sont également de la partie.
Politique, économique, mais également festif et culturel, le sommet accueillera également un match de foot et un grand concert qui aura lieu à Bordeaux. Une sorte de mise en éveil des sens en prélude à la saison culturelle Africa 2020, organisée par l’Institut français, dédiée aux 54 pays africains et à leurs diasporas et qui courra de juin à décembre 2020.
Jean Marie Takouleu