RDC : le projet de loi sur le développement du Grand Inga rejeté au parlement

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RDC : le projet de loi sur le développement du Grand Inga rejeté par l’Assemblée nationale © Travel Foto/Shutterstock

Ce renvoi sonne l’arrêt du projet de construction du barrage du Grand Inga dont le gouvernement en place voulait en faire le socle de son développement sur le plan énergétique. Au moment où Eskom principal partenaire de l’opération, est lui-même dans la tourmente.

C’est Henry-Thomas Lokondo, député de Mbandaka dans la région de l’Équateur, qui a émis la motion de censure contre le projet du gouvernement congolais de promouvoir et développer le barrage du Grand Inga qui est en cours de réalisation sur le fleuve Congo. Le gouvernement congolais voulait placer le projet directement sous le contrôle de la présidence de la République. Le revers est d’autant plus cinglant pour l’exécutif.

Un méga barrage !

 À la sortie de l’audience plénière qui a conduit au rejet du projet de loi du gouvernement, le ministre RD congolais de l’Énergie, Jean Marie Ingele Ifoto, a regretté le choix des députés en rappelant que le Grand Inga aurait dû produire 44 000 mégawatts [le double de la production du barrage des Trois Gorges en Chine, la plus grande centrale hydroélectrique au monde, NDLR]. La construction était financée à hauteur de 80 milliards de dollars par la Banque mondiale dont l’aide technique a été suspendue en 2016 « à cause de l’orientation stratégique du gouvernement congolais sur le projet », la Development Bank of South Africa (DBSA), et l’état congolais.

Ce barrage, qui devait être l’un des plus grands du continent africain devait profiter de la puissance des chutes Inga, le même site où ont été construits les barrages Inga I, II et III. Avec une hauteur de 205 mètres, il avait reçu le soutien total de l’Afrique du Sud, pour sa construction.

Le Sud-Africain Eskom aux abonnés absents

À ce stade, Pretoria n’a pas encore réagi au blocage du projet. L’Afrique du Sud est pourtant le principal partenaire de l’opération puisque la société publique Eskom, garantissait l’achat la moitié de l’énergie produite par le barrage Inga III (considéré comme la première phase du projet Grand Inga).

Mais, ils sont aujourd’hui nombreux, les observateurs qui pensent que l’Afrique du Sud n’est plus très intéressée par le projet. Il faut dire qu’entre-temps beaucoup de choses ont changé dans le pays. Jacob Zuma, l’ancien président sud-africain, qui militait pour le projet a été démis de ses fonctions, empêtré dans plusieurs scandales de corruption. Les nominations de Jabu Mabuza (opposant à Jacob Zuma) comme président d’Eskom en janvier 2018 et de Parvin Gordhan à la tête du ministère des Entreprises publiques, en février dernier, signent la reprise en main.

Par ailleurs, Eskom est au bord du gouffre financier. La dette de l’opérateur pourrait s’élever, au cours des 5 prochaines années, à 9,6 milliards de dollars ! L’entreprise ne doit sa survie qu’à des prêts relais. Pour éviter l’insolvabilité, la société qui employait 32 000 personnes il y a à peine une décennie et qui compte aujourd’hui 48 000 salariés, envisagerait un plan social à haut risque politique avec 13 000 à 15 000 suppression de postes à la clé. Dans le même temps, comme l’annonce l’agence Ecofin, Eskom pourrait céder son portefeuille de prêts hypohécaires pour assainir un peu ses finances.

Bref, Eskom n’est aujourd’hui pas en mesure de prêter main forte au gouvernement RD Congolais concernant le dossier du Grand Inga.

Jean Marie Takouleu

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