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Pollutec Maroc 2018 a fermé ses portes sur une édition dense et riche en contenus

POLLUTEC-MAROC-2018

Organisée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, l’édition 2018 de Pollutec Maroc a accueilli quelques 190 exposants de 19 pays, venus présenter à Casablanca les dernières innovations et technologies, dans le domaine de l’environnement, adaptées au marché marocain et africain : tri et valorisation des déchets, eau potable, traitement des eaux usées, dépollution des sols, qualité de l’air…

Aux côtés des grandes institutions, ce sont les éco-entreprises marocaines qui étaient représentées en force sur le salon, puisque plus de 47 % des exposants, de nationalité marocaine sont venus apporter leurs solutions aux visiteurs professionnels porteurs de projets et de perspectives d’affaires concrètes.

Le rendez-vous incontournable de l’économie verte marocaine

Le chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani a présidé, mardi 2 octobre 2018, la cérémonie d’inauguration de la 10e édition du salon Pollutec Maroc 2018 à l’Office des Foires à Casablanca. Il était accompagné d’Aziz Rabbah, ministre de l’Énergie, des Mines et du Développement durable ainsi que de Madame Nezha El Ouafi, secrétaire d’État chargée du Développement durable.

Mais au-delà de la visite des trois ministres, c’est l’ensemble des institutions marocaines engagées dans la transition énergétique et écologique qui étaient présentes sur le salon : le ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie numérique, la Direction générale des Collectivités locales du ministère de l’Intérieur, l’Office national de l’Électricité et de l’Eau potable (Onee), l’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations, le Cluster industriel pour les services environnementaux au Maroc (CISE-Maroc), la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et l’Agence marocaine pour l’Efficacité énergétique (AMEE).

Visite des ministres sur Pollutec Maroc 2018.

Symposium « Territoires durables » : focus sur les déchets et la finance verte

Les représentants de ces grandes institutions étaient présents sur les stands visités mais ils se sont également massivement investis dans le programme de conférences. Notamment au niveau du Symposium « Territoires Durables », du mercredi 3 octobre 2018 et qui a abordé la gestion des lixiviats. Un sujet d’actualité au Maroc, où nombre de centres d’enfouissements ont été mal calibrés par les industriels, qui avaient mal évalué la composition locale des déchets. Aujourd’hui plusieurs territoires sont menacés de débordement et donc de pollutions graves puisque le « jus » de décharge mélange des fermentescibles et des métaux lourds qui doivent être impérativement traités avant leur rejet dans le milieu naturel. À cette occasion, Madame la secrétaire d’État chargée du Développement durable a évoqué le Programme national de gestion des déchets (PNDM) et l’objectif de 90 % des déchets ménagers qui devront être collectés « de manière professionnelle » d’ici à 2022, pour atteindre 100 % d’ici à 2030. Madame El Ouafi a aussi rappelé l’importance de la mise en place du Plan quinquennal (2017-2021) qui va permettre de convertir les décharges contrôlées en Centres d’enfouissement et de valorisation des déchets.
Concernant l’atelier sur les Finances vertes, qui suivait, Rachid Firadi, directeur du Partenariat, de la Communication et de la Coopération auprès de madame El Ouafi, a souligné les opportunités de financement dans le cadre du Fonds vert pour le Climat, tandis que la Direction générale des Collectivités locales du ministère de l’Intérieur détaillait le Programme d’expertise finance climat infranational (Pefcli) qui s’adresse aux collectivités et s’avère complémentaire du travail qu’effectue le Centre de Compétences Changement Climatique du Maroc (4C Maroc) pour renforcer la capacité des acteurs régionaux à accéder aux fonds climatiques. En complément, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) présentait les deux outils de financement qu’elle met à disposition dans ce cadre : le Fintecc (financement direct) et le MorSEFF (financement indirect).

Forum « Villes durables » : Casablanca se veut exemplaire

Jeudi matin, les services de l’État marocain ont présenté les efforts réalisés en matière de mobilité durable, d’efficacité énergétique et de gestion, de l’eau, de l’assainissement et des déchets. De son côté, la ville de Casablanca intervenait pour afficher concrètement ses ambitions en matière de smart city et de développement durable. Madame Hakima Fasli, vice-présidente du conseil communal de Casablanca a ainsi présenté le retour d’expérience de la ville blanche et durable qui se veut exemplaire en la matière. La ville va même plus loin en lançant actuellement 70 projets de numérisation des services de la ville pour devenir une vraie smart city… durable. Casablanca était également présente sur le salon avec un stand, à deux pas de la société Derichebourg Maroc, qui a repris la gestion des déchets de la ville, il y a un an de cela, en attendant le lancement du nouvel appel d’offres consacré à la gestion des déchets de la ville. La filiale marocaine du groupe français Derichebourg se retrouve actuellement dans la short list, en concurrence avec un autre exposant, la société Mecomar, et deux autres entreprises. Résultat des courses prévues dans moins d’un mois…

Ces deux forums, concentrés sur la situation marocaine, étaient complétés ce jour-là par la conférence Projet Zéro Mika (zéro déchets plastiques) et, le lendemain, par celle sur le Potentiel de l’efficacité énergétique au Maroc, organisée par le Cluster EMC.

Pollutec Maroc, le green hub vers l’Afrique

Le Maroc, qui ne cache plus ses ambitions africaines, a pris le leadership en matière de transition énergétique et écologique sur le continent. Pollutec Maroc accompagne ce mouvement en direction du continent, en s’ouvrant depuis 2014 de plus en plus sur l’Afrique Sub-Saharienne.

Cette année, le Sénégal était le pays invité de cette dixième édition. Une délégation sénégalaise de décideurs du pays était présente pendant toute la durée du salon afin de dévoiler les projets en cours et échanger avec des partenaires éventuels. « La participation du Sénégal en tant qu’invité d’honneur à la 10e édition du Salon international des équipements, des technologies et des services de l’environnement, Pollutec Maroc, traduit la solidité des relations entre Rabat et Dakar », a indiqué l’ambassadeur du Sénégal au Maroc, Ibrahim Al Khalil Seck. Ce dernier n’a pas hésité à visiter les stands et à inviter, par exemple, la société Enviro-septic à proposer son procédé d’épuration des eaux usées pour les projets de construction dans l’immobilier, mais aussi pour le tourisme en bord de mer et les populations dans le monde rural au Sénégal.

Parmi d’autres, une délégation gabonaise était également présente, en la personne de Chimène Michelle Milendji Koumba, chef de service Environnement Rural et Urbain, et Gislain Mbye Ntoma, de la Direction générale de l’Environnement au Ministère des Eaux et forêts de l’Environnement et du Développement durable.

Une délégation africaine à Pollutec Maroc 2018

Mais surtout, l’Espace Afrique, animé par Olivier Chazal (Club Ademe International), Kelly Robin (Ipemed) et Cécile Carlier (I&P Conseil), n’a pas désempli pendant les quatre jours, avec une série de tables rondes, consacrées aux eaux usées et aux solutions adaptées aux différentes situations locales, à l’innovation et aux solutions fondées sur la nature, à l’agriculture durable pour réinventer les modèles de production et de consommation, au potentiel socio-économique des déchets, aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique et, in fine, aux conditions de la transition énergétique et écologique pour les villes et les territoires durables.

L’occasion pour certaines PME de présenter leurs solutions adaptées aux marchés africains, comme Exochems Environnement Africa (solutions biologiques d’assainissement et de traitement des eaux usées et le traitement biologique… des lixiviats, justement) ou encore Chemdoc Water Technologies (dessalement d’eau saumâtre pour l’irrigation).

Au même moment, sur son espace, un grand groupe comme Veolia profitait de l’évènement pour exposer son projet « Ambition for Africa », lancé fin juin 2018, qui signe sa volonté de reconquête et se traduit par une volonté affichée de nouer des partenariats locaux. C’est vrai de Veolia Water Technologies (la branche construction et vente de produits) qui a permis à l’entreprise sud-africaine Ceracure de rentrer au capital de sa filiale locale, tandis qu’au Nord, c’est un partenariat ambitieux qui a été établi avec la société marocaine Afric Chimie, pour la distribution de produits chimiques au Maroc et ailleurs en Afrique. Ce rapprochement s’est même matérialisé par la création d’une nouvelle entité, baptisée Veolia Chemical Services et basée à Casablanca. Cette stratégie de coopération avec des acteurs locaux se concrétise également pour les services multifonctions aux collectivités locales ou aux entreprises, avec l’installation récente de Veolia en Côte d’Ivoire où le groupe s’est allié à PFO Africa, une société ivoirienne spécialisée dans le bâtiment et les travaux publics, pour décrocher la fourniture d’eau potable sur Abidjan… et plus si affinité.

L’innovation, taillée pour le marché marocain

L’innovation, à Pollutec Maroc, c’est un peu partout, et un peu tout le temps. Que ce soit les PME sur les stands collectifs d’Occitanie, sur le Pavillon France de Business France, le stand collectif d’Italie ou d’Allemagne… mais aussi, et surtout, sur l’Espace Pitch, qui a vu défiler de très nombreuses présentations. Difficile d’assister à tous ces pitch de 7 minutes, mais on a quand même retenu l’innovation que représente le système R-Oasys de Chemdoc : traitement des eaux usées industrielles pour une réutilisation dans l’irrigation, un équipement ultra compact, sans produits chimiques, au fonctionnement de manière entièrement automatisée, avec un pilotage et un suivi en temps réel via des capteurs

L’espace Pitch sur Pollutec Maroc 2018

On se rappelle aussi la belle énergie et l’ingéniosité des jeunes startups marocaines, qui ont été récompensées par M. Aziz Rabbah, ministre de l’Énergie, des Mines et du Développement durable, et par sa secrétaire d’État, chargée du Développement durable, Mme Nezha El Ouafi, à l’occasion des Trophées du Programme Cleantech : Farasha Systems, Watec, Eco-Oil, Eco-Dome, M4Nature et Project Gems.

Tandis que des PME plus aguerries étaient distinguées à l’occasion de la remise des Trophées de l’environnement de Pollutec Maroc, que Sylvie Fourn, commissaire du salon, a remis le jour de l’ouverture du salon.

Ce qui frappe d’ailleurs, c’est à quel point les produits et services de ces lauréats sont calibrés pour le marché marocain. Athisa (Trophée Or) propose ainsi une unité de gestion et de traitement des déchets médicaux et pharmaceutiques avec la technologie Mimo, qui est conforme à la toute nouvelle réglementation marocaine en matière de gestion des déchets hospitaliers. Les stations connectées, multi-paramètres d’Ecomesure (Trophée Argent), avec une mesure en continu et en temps réel de la qualité de l’air, semblent taillées pour le nouveau plan d’action marocain qui consiste à doter toutes les grandes agglomérations de stations fixes de mesure de la qualité de l’air et qui seront portées à 81 unités de contrôle à l’horizon 2030, contre 29 actuellement. Le système de traitement des eaux usées pour une réutilisation dans l’irrigation que propose Enviro-septic (Trophée Bronze) parait, lui, tout à fait adapté au marché marocain (et africain), grâce au prix et à la robustesse du procédé. Quant à Mairav, qui recevait une mention spéciale du jury pour un capteur de qualité des eaux potables et usées, là aussi, la toute nouvelle réglementation mise en place par l’État marocain permet d’ores et déjà d’en garantir les débouchés futurs…

Pour plus d’information sur les Trophées Cleantech et les Trophées Environnement, décernés à l’occasion de Pollutec Maroc, lire aussi notre article détaillé paru pendant le salon.

Yasmin Rico

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