OLÉODUC EACOP : Standard Bank, conditionne son prêt à un audit environnemental

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OLÉODUC EACOP : Standard Bank, conditionne son prêt à un audit environnemental©G B Hart/Shutterstock

La Standard Bank d’Afrique du Sud vient d’annoncer que son accord de financement d’Eacop en Afrique de l’Est était suspendu aux résultats de l’étude d’impact environnemental qu’elle a commandée sur le projet de construction du plus long oléoduc de pétrole brut au monde. La banque sud-africaine répond ainsi à l’appel lancé le 1er mars 2021 par un collectif de 263 organisations environnementales à l’adresse de 25 banques. Les dirigeants de ces établissements financiers sont interpellés afin qu’ils refusent d’investir dans un projet jugé dangereux pour l’environnement et les populations locales.

La Standard Bank d’Afrique du Sud pourrait renoncer à la levée de fonds destinés à la construction du pipeline de pétrole brut d’Afrique de l’Est (Eacop), entre l’Ouganda et la Tanzanie. « Nous avons pris un cabinet indépendant pour nous aider à évaluer l’impact environnemental et social du projet d’oléoduc de Total en d’Afrique de l’Est, auquel les groupes environnementaux se sont opposés » a déclaré la banque sud-africaine, avant de signifier que c’est l’issue de cet audit environnemental et social qui lui donnerait la voie à suivre, accorder un prêt ou non, au projet Eacop.

La Standard Bank d’Afrique du Sud a en effet accusé réception de la lettre commune, adressée le 1er mars 2021 aux dirigeants de 25 banques à travers le monde par 263 organisations non gouvernementales (ONG) de 49 pays. Celles-ci tentent de décourager les potentiels investisseurs du projet du plus long oléoduc de pétrole brut chauffé du monde, en énumérant les dangers environnementaux encourus. L’oléoduc de 1 443 kilomètres de long (dont 296 km en Ouganda), qui transportera le pétrole brut extrait du lac Albert à l’ouest de l’Ouganda, jusqu’au port de Tanga à l’Est de la Tanzanie, où le brut sera ensuite exporté vers les marchés internationaux, causera d’énormes dégâts environnementaux et sociaux selon les ONG. « L’extraction du pétrole brut dans le lac Albert pourrait paralyser les activités des pêcheries. Par ailleurs, le risque de déversement de pétrole dans le lac Victoria aurait des conséquences désastreuses sur des millions de personnes (dans environ huit pays) qui dépendent des deux lacs et de leurs bassins versants pour l’eau potable et la production alimentaire » soutiennent-elles.

Le bouclage du plan financier est imminent

Le collectif des 263 ONG contestataires est constitué entre autres de Friends of the Earth International, 350.org, l’Agence catholique pour le développement outre-mer, Reclaim Finance, Sierra Club, Global Witness, le Comité national de l’UICN des Pays-Bas, BankTrack, l’Institut africain pour la gouvernance de l’énergie et le développement inclusif. Leur appel intervient au moment où des sources proches d’Eacop annoncent le bouclage financier du projet d’ici la fin de ce mois. Sur les 3,5 milliards de dollars nécessaires à la réalisation du projet, les promoteurs, le géant français de l’énergie Total et son partenaire China National Offshore Oil Corporation, attendent des banques un prêt d’environ 2,5 milliards de dollars.

L’imminence du lancement d’Eacop s’est également traduite le 2 février dernier par le lancement du projet de financement des micros, petites et moyennes entreprises (MPME) situées le long de l’itinéraire du pipeline. Un projet de 500 000 dollars, financé par une subvention de la Banque africaine de développement (BAD). Et pourtant en mai 2020, la BAD avait exprimé son désintérêt à l’endroit de ce projet d’énergie fossile. Une position prise à l’époque, à la suite de soupçons émis par une centaine d’organisations de la société civile concernant de présumés engagements de sa part, en faveur au projet.

Boris Ngounou

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