NAMIBIE : accablé par la sècheresse, le pays met en vente ses bêtes sauvages

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NAMIBIE : accablé par la sècheresse, le pays met en vente ses bêtes sauvages©Anouska13Shutterstock

Confrontée à l’une des pires sècheresses de ces dernières années, la Namibie prend une décision forte. Le gouvernement vent aux enchères près de mille animaux sauvages. L’argent tiré de cette vente, soit environ 1,1 million de dollars, est destiné à la conservation des espèces.

La Namibie, pays désertique situé au sud de l’Afrique, est en proie à l’une des pires sècheresses de ces dernières années. La météo locale estime que dans certaines parties du pays, il s’agit de la pire sècheresse que le pays ait connu depuis 59 à 90 ans. La plupart des régions souffrent de pénuries d’eau, car les bassins hydrographiques, pour n’avoir pas reçu suffisamment d’eau pendant la dernière saison de pluie, sont pratiquement secs.

Cette situation perdure depuis avril 2019, et le gouvernement ne veut pas rester les bras croisés pendant que la sècheresse fait des ravages dans le pays. En ce qui concerne les animaux sauvages, le ministère de l’Environnement prend une mesure forte. « Cette année étant une année de sècheresse, le ministère aimerait vendre différents types d’animaux qui se trouvent dans des zones protégées afin de générer des fonds nécessaires aux parcs et à la gestion de la vie sauvage », a déclaré le porte-parole du ministère de l’Environnement, Romeo Muyunda.

Un rapport du ministère namibien de l’Agriculture a indiqué en avril 2019 que 63 700 animaux avaient péri en 2018 en raison de la sècheresse. Pour éviter un autre désastre, le gouvernement met en vente, dès la semaine du 17 juin 2019, un millier d’animaux constitués de 600 buffles, 150 springboks, 65 oryx, 60 girafes, 35 élans, 28 éléphants, 20 impalas et 16 kudus. Les ventes devront produire environ 1,1 million de dollars, qui seront par la suite injectés dans la conservation des espèces. Il y a actuellement dans les parcs nationaux, 960 buffles, 2 000 springboks, 780 oryx et 6400 éléphants.

Le gouvernement déclare l’état de catastrophe naturelle

L’inquiétude suscitée par la sècheresse en Namibie est telle qu’en mai 2019, le Premier ministre a déclaré l’état de catastrophe naturelle, avant de solliciter l’aide internationale devant le parlement. « Les moyens de subsistance d’une majorité de Namibiens sont menacés, notamment ceux qui dépendent des activités de l’agriculture », a déclaré Saara Kuugongelwa-Amadhila.

Au cours de ce même mois de mai, le porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Hervé Verhoosel, a confié à la VOA que le PAM n’avait pas encore reçu de la part des autorités namibiennes une demande écrite, mais que son institution restait toutefois attentive par rapport à la situation en Namibie.

En attendant l’aide internationale, le gouvernement dit avoir débloqué une enveloppe d’un montant équivalent à 38,3 millions de dollars soit plus de 567 millions de dollars namibiens, pour venir en aide aux agriculteurs et aux populations affectés par le manque de précipitations.

Comme le reste de l’Afrique australe, la Namibie, qui compte 2,4 millions d’habitants, souffre depuis plusieurs années de sècheresses aggravées par des épisodes climatiques de type El Niño, qui affectent les récoltes et le bétail.

L’ampleur de la sècheresse dans cette partie de l’Afrique cadre bien avec les prévisions de l’ONU sur les conséquences des changements climatiques sur le continent. Bien que polluant le moins, l’Afrique est le continent le plus exposé aux ravages des changements climatiques.

À l’heure actuelle, quelque 240 millions d’Africains souffrent déjà de la faim. D’ici 2050, il suffira d’une augmentation de 1,2 à 1,9 degré Celsius environ pour accroître entre 25 et 95 %, le nombre d’Africains sous-alimentés (+ 25 % en Afrique centrale, + 50 % en Afrique de l’Est, + 85 % en Afrique australe et + 95 % en Afrique de l’Ouest). La situation sera catastrophique pour les enfants dont la réussite scolaire dépend d’une alimentation appropriée. La Commission économique pour l’Afrique (CEA) estime que le retard de croissance infantile provoqué chez les enfants par la malnutrition pourrait priver les pays africains de 2 à 16 % de leur produit intérieur brut.

Boris Ngounou

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