MAURICE : la marée noire renforce l’extermination probable du « cardinal de Maurice »

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MAURICE : la marée noire renforce l’extermination du « cardinal de Maurice »

Le cardinal de Maurice, une espèce d’oiseau endémique d’Île Maurice est en grand danger de disparition. La marée noire survenue le 25 juillet 2020 aux larges sud-est de l’île a pollué et contaminé l’habitat de ce petit oiseau dont l’existence était déjà menacée par les activités humaines. Estimée à un peu plus de 200 individus à l’état sauvage, la population de cette espèce d’oiseau a été réduite au tiers en l’espace de 50 ans.

L’extinction d’une espèce animale s’annonce en Île Maurice. Le foudia rubia, un petit oiseau endémique de Maurice surnommé « le cardinal de Maurice », risque de disparaître de la terre, si des mesures urgentes ne sont pas prises. C’est du moins la crainte exprimée par des écologistes, deux mois après le naufrage d’un navire japonais aux larges sud-est de Maurice, avec à la clé le déversement de plus de 1 000 tonnes de mazout dans la mer et sur les côtes. Bien que l’impact de cette marée noire soit encore en cours d’évaluation, les scientifiques parlent déjà des conséquences désastreuses pour l’une rares espèces originaires de la région. « Certains de nos oiseaux, surtout le cardinal de Maurice, se nourri d’insectes, mais aussi du nectar des fleurs. Si la chaîne alimentaire est affectée, on pense que ça va perturber nos oiseaux et que la reproduction pourrait être affectée » affirme Vikash Tatayah, directeur de la conservation à la Mauritius Wildlife Foundation, une ONG qui œuvre pour la sauvegarde la biodiversité sur l’île Maurice.

En effet, l’habitat et les sources d’alimentation du cardinal de Maurice que sont les forêts de mangroves, les herbiers marins (forment des prairies sous-marines de plantes à fleurs, Ndlr) et les récifs coralliens ont été pollués et contaminés par le pétrole, rendant plus difficile le quotidien de cet oiseau. Logé dans la liste des 100 espèces les plus menacées au monde établi par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en 2012, le cardinal de Maurice était déjà menacé, à cause de la destruction de son habitat et la prédation. L’oiseau a failli disparaître, à cause de la déforestation, des rats et d’autres espèces nuisibles apportés par l’homme. En 2003, on comptait un peu plus de 200 cardinaux de Maurice dans l’île, alors qu’il y en avait plus de 700 dans les forêts mauriciennes 30 ans auparavant.

Plusieurs points chauds de la biodiversité ont été contaminés par la marée noire

Outre la menace d’extermination des espèces endémiques, la marée noire survenue le 25 juillet 2020 aux larges sud-est de l’île Maurice a fragilisé la faune unique de cette île qui dépend des connexions entre récifs, lagunes, prairies sous-marines et mangroves. Le fioul s’était en effet rependu juste devant une réserve naturelle (l’île aux Aigrettes), à quelques kilomètres d’un parc marin (Blue Bay) et proche d’une zone humide d’importance internationale (la Pointe d’Esny, un site classé Ramsar).

Pour limiter les dégâts de cette catastrophe, les opérations de nettoyage de la plage, et d’épongeage du mazout dans la mer se poursuivent. Des efforts soutenus par la communauté internationale, à l’instar de la Banque africaine de développement (BAD), qui a débloqué 500 000 dollars pour venir en aide aux autorités dans le cadre de cette crise. Cependant, Vikash Tatayah prévient qu’« un nettoyage intensif peut rendre les côtes stériles, et empêcher la recolonisation des algues et des mollusques dans les récifs ». Une lueur d’espoir est toutefois permise, poursuit l’écologiste « il y a des microbes dans la nature, qui vont digérer le produit pétrolier au gré des vagues et des vents. Mais ça peut parfois prendre des mois, des années… »

Boris Ngounou

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