MAROC : un écobâtiment révolutionnaire combine le chanvre et l’énergie solaire

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Sunimplant, Adrar Nouh.

Un écobâtiment révolutionnaire vient de voir le jour au Maroc. Celui-ci combine une construction en chanvre et un système d’énergie solaire pour une indépendance totale vis-à-vis du réseau électrique. Le projet est baptisé « Sunimplant ».

Le nouveau projet réalisé au Maroc est inédit. Baptisé « Sunimplant », il a été conçu comme une maison individuelle écologique par une équipe internationale, constituée d’architectes et experts indépendants de la coopérative Marocaine Adrar Nouh, d’experts de l’École nationale d’architecture et de l’École nationale des sciences appliquées, toutes deux basées à Tétouan au Maroc et d’experts du Centre Fraunhofer pour le photovoltaïque au silicium d’Allemagne. L’écobâtiment combine une construction en chanvre et un système d’énergie solaire pour une indépendance totale vis-à-vis du réseau électrique. « Le défi était de créer un composite de chanvre en utilisant des biorésines végétales et en évitant les fibres techniques ou les composants synthétiques. L’écobâtiment est avancé dans le temps et reflète un tournant non seulement en Afrique du Nord, mais aussi dans la construction du chanvre, qui ne dispose pas de prototypes comparables dans le monde », déclare Monika Brümmer, l’architecte allemande qui a dirigé le projet et par ailleurs la cofondatrice d’Adrar Nouh, une coopérative qui promeut l’utilisation de la tige de chanvre indigène pour le développement rural et l’emploi durable dans le Haut-Rif marocain. « Bien que le bâtiment ait été conçu pour stimuler le développement rural, la technologie a également des applications en milieu urbain », souligne-t-elle.

Le concept même de « Sunimplant » appartient à une équipe d’étudiants marocains. Celui-ci a été présenté au Décathlon solaire mondial Afrique 2019, un concours international bisannuel, organisé par le Centre de recherche en Energie solaire et Energies nouvelles du Maroc, l’Université Mohammed VI Polytechnique, le ministère de l’Énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement du Maroc et le département des États Unies de l’Énergie. La compétition vise à inciter des équipes d’étudiants à concevoir et à construire des bâtiments alimentés par des énergies renouvelables, tout en optimisant des considérations clés telles que le caractère abordable, la résilience et la santé des occupants. L’édition 2019 s’est tenue à Ben Guerir, le chef-lieu de la province de Rehamna au Maroc. C’était la première fois que le concours se déroulait sur le continent africain.

Les caractéristiques de l’écobâtiment

L’écobâtiment couvre 90 m2 et comporte une façade à double peau. Elle utilise d’une part des murs massifs de pisé, formulés avec agrégats de chanvre, de terre, de pouzzolane et de chaux, tous matériaux d’origine locale. D’autre part, la façade exposée à l’extérieur utilise des biocomposites incorporant des fibres de chanvre qui ont été produits par la technologie d’injection sous vide. Cette structure sphérique et aérodynamique porte 24 panneaux photovoltaïques semi-flexibles subventionnés par DAS-Energy, un centre autrichien de recherche et de développement et une usine de production d’une capacité de 55 MW par an.

Les panneaux sont exposés sur toutes les faces de l’ouvrage, afin de capter la lumière du soleil et présentent un maximum de 40 % de pertes pour les panneaux PV moins exposés. Les panneaux biocomposites courbes en laine de chanvre sont également installés pour augmenter la performance des panneaux photovoltaïques en protégeant leur face arrière contre les conditions climatiques extrêmes de la région semi-aride de Ben Guerir, où les températures sont considérablement élevées.

En outre, l’infrastructure est également équipée de vitrage d’haute performance de Saint-Gobain, un verrier français. La construction de l’écobâtiment a coûté environ 120 000 dollars (plus de 1,2 million de dirhams), c’est-à-dire moins de la moitié du prix des bâtiments standards. « De performances encore meilleures auraient pu être obtenues si les plans originaux d’installation de tableaux de chanvre-terre pour les cloisons et les sols intérieurs, ainsi que d’autres modifications mineures n’avaient pas été abandonnés en raison de contraintes financières », explique Monika Brümmer.

Inès Magoum

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