MAROC : le royaume mise beaucoup sur les ressources hydriques non conventionnelles

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La plus grande usine de dessalement au monde en projet à Agadir (Maroc)

C’est à l’occasion du 8e Forum mondial de l’eau que Charafat Afailal, la Secrétaire d’État marocaine en charge de l’eau, a annoncé que le Maroc allait intensifier le recours aux ressources hydriques non conventionnelles, comme la réutilisation des eaux usées et le dessalement. Dernier exemple en date : l’ambitieux projet à Agadir

Le Royaume chérifien investit depuis les années ’60 dans le dessalement d’eau de mer destinée à la consommation d’eau potable par les ménages. Mais c’est désormais à un changement considérable de sa politique en la matière que l’on assiste, avec un recours plus massif aux ressources hydriques non conventionnelles.

Au 8e Forum mondial de l’eau, qui se tenait du 19 au 23 mars 2018 à Brasilia, Charafat Afailal, la Secrétaire d’État marocaine en charge de l’eau a ainsi détaillé les nouvelles ambitions du Maroc : « Le Maroc est un pays impacté par les changements climatiques et il ne peut se limiter uniquement aux précipitations. Il faut s’ouvrir sur les autres ressources qui ne sont pas affectées par ces changements comme le dessalement de l’eau de mer ou encore la réutilisation des eaux usées épurées. »

L’eau douce étant une denrée rare au Maroc, ces changements arrivent à point nommé avec les précipitations qui tardent de plus en plus à arriver et la quantité d’eau de pluie qui baisse très régulièrement. Dans ce contexte, le recours à l’eau de mer est une solution qui va permettre de soulager les populations marocaines, notamment celles du centre du pays qui, jusqu’ici, dépendent énormément de l’eau de pluie.

Le Royaume signe d’ailleurs son ambition au travers de énorme projet d’usine de dessalement à Agadir qui a récemment triplé de taille ! D’un coût de 309 millions d’euros, le projet comprend désormais la construction d’une usine d’une capacité initiale de 275 000 m³ d’eau par jour, qui pourra être étendue à 450 000 m³ par jour.

Et ce n’est désormais rien moins que la plus grande usine de dessalement au monde que le groupe industriel espagnol Abengoa s’apprête à construire. Une installation qui utilisera l’osmose inverse pour filtrer l’eau de mer, à l’aide d’énormes pompes à haute pression, au travers de membranes semi-perméables, qui ne laissent passer que les molécules d’eau. Un procédé relativement gourmand en énergie et l’alimentation de l’usine d’Agadir proviendra d’ailleurs directement de la centrale solaire de Noor Ouazarate.

Les grandes ambitions marocaines

Une fois achevée, cette usine devrait commencer à produire près de 150 000 mètres cubes d’eau par jour pour une consommation alimentaire et 125 000 mètres cubes pour irriguer les 13 600 hectares de plantations situées près de la célèbre station balnéaire marocaine.

Selon le contrat, Abengoa assurera la construction, l’exploitation et l’entretien des infrastructures pour une durée de 27 ans. La société apportera également le financement, en partenariat avec le fonds marocain InfraMaroc, filiale de la Caisse de dépôt et de gestion.

Ex-fleuron européen de l’économie verte, le groupe espagnol, installé au Maroc depuis 1977, a frôlé de très près la faillite en 2016. Mais sa dette a été restructurée et la vente en 2017 d’une usine française de bioéthanol à Lacq pour 1,1 milliard d’euros a permis de renflouer la société.

A l’occasion du Forum mondial de l’eau, Charafat Afailal a d’ailleurs confirmé l’ambitieux projet à Agadir, ainsi qu’un autre concernant la sécurisation de l’accès à l’eau potable au niveau de Casablanca, qui devrait être mis en service en 2025, sans oublier d’autres projets dans les villes de Tanger, Nador, Safi et El Jadida…

Quasiment au même moment, le Maroc s’est dit prêt à apporter une « assistance technique » à Gaza dans le cadre du projet de dessalement d’eau de mer. C’est ce qu’a indiqué l’ambassadeur du Royaume à Bruxelles, Ahmed Réda Chami, en marge de la réunion des pays donateurs pour la réalisation de ce projet.

Nouvelle illustration du rôle central qu’entend jouer le Maroc en matière de pourvoyeur de solutions vertes, au-delà du pays.

Jean Marie Takouleu

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