MAROC : la start-up Aawis ressuscite une vieille technique de filtrage d’eau

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Céramique traditionnelle marocaine © Shutterstock

La start-up marocaine Awis a remis au goût du jour le fameux filtre à eau en céramique utilisé depuis plusieurs siècles dans le royaume chérifien. Ce filtre revient très modernisé pour s’accorder aux besoins des populations en zone rurale.

L’accès à l’eau potable reste encore problématique dans certains villages du Maroc. C’est également le cas dans plusieurs autres pays d’Afrique où le filtre traditionnel existe depuis la nuit des temps, comme la Mauritanie, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. La start-up chérifienne Africa Water Innovative Solutions (Awis) a modernisé cette solution de filtrage d’eau après plusieurs années de recherches. Selon sa fondatrice, Kaoutar Abbahaddou, c’est l’aboutissement d’une ambition qu’elle porte depuis ses années d’études à l’école d’ingénierie de Mohammadia, à Rabat : améliorer l’accès à l’eau potable dans les villages marocains.

Un filtre à eau fabriqué à partir de matériaux locaux

Avec son équipe, elle a donné un nouveau souffle aux fameux filtres à eau en céramique. Elle garde le procédé secret, mais le filtre que sa start-up met à disposition des populations est fabriqué à base d’argile qu’on mélange avec de la sciure de bois ; cette dernière peut être remplacée par le son de riz. Les débris et les agents pathogènes que contiennent les eaux puisées dans les oasis sont stoppés au cours de la filtration par les microporosités issues de la combustion des débris de bois ou du son de riz.

Cette technique a permis la mise en service de deux filtres. L’un avec une capacité de 750 ml destinés à un usage personnel et l’autre de 5 litres pour une petite famille. Pour le moment, ces filtres sont fabriqués par trois femmes dans les régions d’Ait Hbibi et Ouled Jerrar, au centre du royaume.

Une ambition internationale

C’est en 2016 que le projet AWIS est lancé. Dès le départ, il reçoit le soutien de plusieurs partenaires, dont l’Institut d’hygiène du Maroc ; Colab, un incubateur de start-up en Côte d’Ivoire ou encore l’entreprise française Soscience qui œuvre notamment pour l’innovation responsable. Avec des équipes établies en Côte d’Ivoire, au Maroc, en Mauritanie et au Burkina Faso, AWIS produit 5 000 filtres par mois selon Kaoutar Abbahaddou. Dans ces pays, 1300 femmes ont été formées à la fabrication de ces filtres à eau traditionnels et modernisés.

Une ambition internationale qui ne date pas d’aujourd’hui. D’ailleurs, le nom de la start-up : Africa Water Innovative Solutions (en anglais, NDLR) en dit long sur son objectif qui aujourd’hui est de conquérir l’Afrique anglophone. Malgré le manque de financement, la jeune pousse réussit à rafler la mise lors de plusieurs compétitions. C’est le cas de la sélection nationale Enactus (une ONG qui œuvre pour le progrès sociétal par l’action entrepreneuriale, NDLR) au Maroc. Elle gagne également le trophée international de la même compétition qui a eu lieu en Chine en 2014.

AWIS ambitionne de former plus de 5000 femmes africaines à la fabrication de son filtre dans les 3 années à venir, ce qui devrait favoriser l’accès à l’eau potable à 0,5 % d’Africains. Autre ambition de la start-up : la création d’un système de filtrage alimenté par l’énergie solaire. Un projet qui devrait à terme être bénéfique pour les populations des zones rurales en Afrique, qui n’ont pas souvent accès à l’électricité et à de l’eau potable.

Jean Marie Takouleu

 

 

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