MADAGASCAR : les projets hydroélectriques empêcheront-ils la hausse du prix du kWh ?

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MADAGASCAR : les projets hydroélectriques empêcheront-ils la hausse du prix du kWh ?©yu_arakawaShutterstock

La société malgache de distribution de l’électricité (Jirama) fermera les portes si le prix du kilowatt heure (kWh) n’est pas revu à la hausse. C’est du moins ce qu’affirment les auteurs d’une étude commandée par la Banque Mondiale. Une préconisation qui rame à contrecourant de l’objectif premier de plusieurs projets hydroélectriques récemment annoncés : produire une énergie propre et moins couteuse.

Les recommandations faites par Castalia et Mazars ne sont pas de nature à apaiser la colère des citadins malgaches vis-à-vis du secteur de l’énergie électrique. À l’issue d’une étude menée sur la société publique de distribution de l’électricité (Jirama), les deux cabinets internationaux de conseil préconisent une augmentation du prix de l’électricité. Pour les experts, c’est la seule alternative si on veut sauver la Jirama.

Les résultats de l’étude, commandée par la Banque Mondiale, ont été présentés le 24 septembre 2019 à Antananarivo, la capitale. Il en ressort qu’à chaque kilowattheure vendu, la Jirama perd de l’argent. Elle le vend à 0,12 euro alors qu’il lui coûte 0,24 euro, soit deux fois plus cher. Certains gros consommateurs, des industries pour la plupart, réussissent à payer un cinquième de son prix réel, soit 0,05 euro. La perte s’élevait à près de 400 millions d’euros (1600 milliards d’ariary) à la fin juin 2019. La Jirama a perdu près de 72 millions d’euros (290 milliards d’ariary) en 2018 malgré une subvention de près de 78 millions d’euros (315 milliards d’ariary). Pour s’en sortir, il est également recommandé à la Jirama de revoir et de négocier les contrats passés avec ses fournisseurs et de mieux optimiser sa gouvernance.

Les investissements annoncés dans l’hydroélectricité pourront-ils remédier à la hausse des prix du kWh ?

Lors d’une visite en France au mois de juin 2019, des membres du gouvernement malgache ont signé des accords et des lettres d’intention avec des membres du Medef, la plus grande confédération du patronat français. Deux de ces accords concernent la construction de barrages hydroélectriques. Leur entrée en activité augmentera la production de la Grande Île de façon significative. L’un des deux barrages aura une capacité de 192 mégawatts. Le futur barrage fera baisser le coût de l’énergie de 30 % à Madagascar et fera économiser annuellement au pays au moins 200 millions de dollars d’importation de mazout.

« Il faut baisser le coût de l’énergie. En s’appuyant sur l’énergie propre, comme c’est le cas avec l’hydraulique. On résout alors le problème, puisqu’en amenant l’énergie à un coût quatre fois inférieur au coût actuel, le projet va rétablir les comptes du secteur » a souligné Marc Mandaba, directeur des investissements de la société Thémis, l’une des quatre entreprises du consortium ayant remporté l’appel d’offres.

Il faut noter que Madagascar détient seulement une capacité électrique de 400 mégawatts. « Nous voulons introduire l’électricité dans chaque famille malgache. Actuellement, seulement 15 % des familles ont l’électricité. Nous souhaitons arriver, dans les cinq années à venir, à rendre l’électricité accessible à 50 % des familles et pour cela, nous devons développer de nouveaux moyens de production d’électricité. Bien entendu des moyens de production accessibles, pas chers et renouvelables », a expliqué à Paris, Vonjy Andriamanga, ministre malgache de l’Énergie et des Hydrocarbures.

Boris Ngounou

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