Avec les tempêtes et les cyclones qui s’enchainent depuis 2020 au Malawi, au Zimbabwe, au Mozambique et en Zambie, plusieurs gouvernements ont successivement déclaré l’état de catastrophe et d’urgence. Une situation climatique qui n’est pas du tout reluisante, car elle place 24 millions de personnes dans la précarité alimentaire, selon le dernier rapport de l’organisation non gouvernementale (ONG) Oxfam.
C’est la énième alerte donnée par les institutions humanitaires et environnementales en matière de sécurité alimentaire en Afrique. La dernière est celle d’Oxfam qui indique que 24 millions de personnes au Zimbabwe (3 millions), au Mozambique (3 millions) et en Zambie (6 millions) souffrent de la faim et de la pénurie d’eau.
Le reste se trouve au Malawi où plus de la moitié des 20 millions d’habitants ont encore les séquelles du passage de la tempête Ana (2022) et du cyclone Freddy (2023). Selon l’organisation non gouvernementale (ONG) basée au Royaume-Uni, ces phénomènes météorologiques extrêmes sont la cause principale de la précarité alimentaire qui touche en ce moment l’Afrique australe et de l’Est.
Pour illustrer son rapport, Oxfam évoque « les 2 millions d’hectares de cultures vivrières (le maïs en particulier) détruits par les aléas climatiques depuis janvier 2024 », en plus des 7 000 maisons et infrastructures publiques endommagées. Et d’ajouter que « la crise de la faim pousse maintenant les habitants de ces quatre pays à recourir à des mécanismes d’adaptation négatifs tels que sauter des repas et vendre leurs seuls biens pour survivre ».
Le climat et la faim sont-ils liés ?
En effet, l’allongement des périodes de sècheresse et l’augmentation de la fréquence des catastrophes naturelles sont des obstacles pour la sécurité alimentaire. Pour Action contre la faim, cela s’explique par le fait que «les périodes de culture se raccourcissent et sont soumises à une imprévisibilité grandissante et à la stérilisation des sols avec à la clé un impact sur la capacité à produire des aliments en quantité et en qualité suffisantes ». L’ONG française va plus loin en indiquant que cette interruption des cycles de culture entraine « la baisse de la teneur nutritionnelle des aliments, la baisse des rendements et des revenus et la baisse de la quantité de fruits et légumes disponible par habitant ».
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Des solutions urgentes s’imposent donc pour ne plus avoir à lire ces rapports alarmants d’Oxfam et d’Action contre la faim. Le scientifique Mehrdad Ehsani qui s’est exprimé récemment dans une interview sur Afrik21 propose par exemple de lutter contre les « niveaux étonnants de gaspillage alimentaire juxtaposés à la grave crise alimentaire sur le continent africain ». Pour le vice-président Afrique de la fondation Rockefeller, les gouvernements doivent miser davantage sur « des solutions innovantes susceptibles d’améliorer les circuits de productivité et de distribution alimentaires ».
Benoit-Ivan Wansi