KENYA : le pays sera le nouveau hub des déchets plastiques produits aux USA

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KENYA : le pays sera le nouveau hub des déchets plastiques produits aux USA©neenawat khenyothaa/Shutterstock

Ce n’est plus qu’une question de temps. En dépit des mises en garde formulées par les ONG environnementales, tout porte à croire que le Kenya importera près de 500 millions de tonnes de déchets plastiques par an, en provenance des États-Unis d’Amérique (USA). Cette volonté exprimée par les grands groupes pétrochimiques américains a été prise en compte dans le cadre des négociations entamées en juillet 2020 entre Washington et Nairobi en vue d’un nouvel accord de libre-échange.

Les craintes des ONG environnementales à l’idée de voir le Kenya devenir un dépotoir de déchets plastiques pour les Etats-Unis se sont accentuées. C’est ainsi que Greenpeace Afrique est passée de l’étape des mises en garde à celle de l’appel à mobilisation. L’ONG internationale de défense de l’environnement vient de lancer une pétition sur internet, l’objectif étant de mobiliser 22 000 signatures pour dire non au « plastic deal » qui se ficèle entre les États-Unis et le Kenya. « Ne reculez pas sur le plastique. Agissez maintenant et dites au gouvernement kenyan de protéger les progrès de l’Afrique contre la pollution par le plastique » peut-on lire à l’entame de cette pétition rendue à 1 796 signatures, à la date du 30 septembre 2020.

En dépit des mises en garde des ONG environnementales, Greenpeace a constaté que les nouveaux accords économiques en négociation depuis juillet 2020 entre Washington et Nairobi ont cédé le flanc aux intérêts du lobby américain des pétrochimistes. Dans une correspondance datée du 28 avril 2020 et adressée à l’administration américaine, de grands groupes pétrochimistes formés entre autres d’ExxonMobil, Chevron, Shell, et Dow Chemical, ont proposé des investissements dans le recyclage au Kenya, à condition que le pays bénéficiaire accepte les déchets plastiques américains.

500 millions de tonnes de déchets plastiques par an

Si ce « plastic deal » venait à être validé par les deux parties, le Kenya devrait s’attendre à recevoir l’équivalent annuel des exportations de déchets plastiques des États-Unis, qui est de 500 millions de tonnes. « Le Kenya n’a absolument aucune capacité de recyclage et encore moins de stockage pour des millions de tonnes de déchets, de plus, seuls 7 % de ces déchets peuvent être recyclés. Le reste terminera dans les décharges. C’est une menace énorme pour la vie marine, les rivières, les sols, sans parler des fumées toxiques qui s’en dégageront » affirme Frederick Njehu, responsable de Greenpeace Afrique à Nairobi.

Les négociations entre le Kenya et les États-Unis sont encore au stade préliminaire. Elles entreront dans leur phase décisive en décembre 2020. Et l’engouement de l’État kényan pour ces nouveaux accords constitue un autre élément de crainte pour les ONG environnementales. Car le pays voit en ces accords le moyen de relancer son économie qui connait des difficultés en raison de la crise du Covid-19. Le Kenya espère en effet la création de milliers d’emplois dans le domaine du recyclage, et un accès libre au marché américain pour les produits kenyans, bien que leurs valeurs ajoutées soient faibles comparativement à celles des produits exportés par le pays de l’oncle Sam.

Boris Ngounou

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