GABON : vers la certification durable de la filière bois

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GABON : vers la certification durable de la filière bois ©Ayotography/Shutterstock

La déforestation due à la coupe et à la vente illégale du bois, pourrait n’être qu’un triste souvenir en Afrique centrale. L’un des pays de la sous-région veut relever ce défi. Le Gabon, puisqu’il s’agit de lui, développe un système de contrôle de la légalité et de la traçabilité du bois qu’il exporte. Lancé en juillet 2021, le Système de contrôle de la légalité et la traçabilité (SCLT) a pour principal objectif la préservation des forêts et l’amélioration de la transparence dans la filière bois.

Le Gabon est en marche vers la certification de l’ensemble de ses produits bois. Il s’agit pour le pays de faire valider la durabilité de son exploitation forestière. La filière doit respecter l’environnement ainsi que les droits des populations qui vivent à l’intérieur et aux environs des concessions forestières. C’est tout le sens de l’arrêté signé en juillet 2021 par Lee White, le ministre gabonais en charge l’Environnement et des Forêts. Le texte crée et organise le fonctionnement d’un Système de contrôle de la légalité et la traçabilité (SCLT) du bois gabonais.

Dans le cadre du fonctionne du SCLT, « l’État gabonais à travers le ministère des Eaux et Forêts, va auditer l’ensemble des opérateurs du secteur forestier pour s’assurer qu’ils sont conformes à la réglementation en vigueur. L’État délivrera à la suite de cet audit, un certificat de légalité et de traçabilité » explique Ghislain Moussavou, le directeur général des Forêts au ministère gabonais des Eaux, des Forêts, de la Mer, de l’Environnement, chargé du Plan climat et du plan d’affectation des Terres.

Le SCLT du bois gabonais s’applique à tous les niveaux de la chaîne de valeur de la filière. Au niveau de la coupe, il s’assurer par exemple, que seules les essences non protégées sont tronçonnées et que leur coupe a lieu uniquement dans les concessions forestières accordées par le gouvernement du Gabon. « L’objectif de ce mécanisme, est de garantir un positionnement préférentiel de nos produits bois sur le marché. C’est aussi un moyen d’accompagner le Gabon dans sa marche vers la certification de l’ensemble de ses produits bois. Ainsi l’on parlera du bois légal du Gabon ou d’un bois made in Gabon, dont la coupe, le transport et la transformation intègre les bonnes pratiques en matière de protection de l’environnement et de traçabilité de la ressource » ajoute Ghislain Moussavou.

Le Tracer et son Système de diligence raisonnée (SDR)

C’est depuis 2010 que les autorités gabonaises affichent leur volonté de développer une filière bois respectueuse de l’environnement et économiquement rentable. Une volonté traduite par l’interdiction de l’exportation du bois en grume tout en encourageant la construction d’usines locales de transformation du bois. C’est dans ce contexte que sera lancé en 2012, la Zone économique spéciale (ZES) de Nkok, établie sur 1 126  hectares, à 27 km de Libreville la capitale gabonaise. C’est dans cette zone franche industrielle que transite un tiers de la production nationale du bois gabonais, évalué en 2019 à 2,1 millions de m3, par le ministère gabonais de l’Économie.

Pour s’assurer que le bois transformé dans la ZES de NKok, ne bafoue pas les principes environnementaux et sociaux, le gestionnaire des lieux, la Gabon Special Economic Zone (GSEZ), a lancé l’initiative TraCer. « Tous les forestiers qui approvisionnent la ZES en grumes sont évalués suivant le système de diligence raisonné. Sur la base des documents de légalité du bois présentés par les fournisseurs, nos techniciens descendent jusque dans les concessions forestières, pour vérifier plusieurs détails, à l’instar de la correspondance entre les numéros de série des grumes et les numéros des souches laissées en forêt » explique Séraphin Oumbe, le coordonnateur technique de l’agence TraCer de Nkok. Lorsque l’évaluation d’un exploitant forestier est non concluante, le Tracer de Nkok fait recours à son service de mise en conformité, qui accompagne les fournisseurs de bois non conformes dans la correction de leurs écarts.

La reconnaissance de l’EU

GABON : vers la certification durable de la filière bois ©Ayotography/Shutterstock

Mis en œuvre par un cabinet d’ingénierie forestière privé et indépendant (FRM) basé à Montpellier dans le sud de la France et Brainforest, une organisation non gouvernementale de droit gabonais travaillant sur la problématique forêt-environnement, le système de diligence raisonné du TraCer se porte de mieux en mieux. Sa fiabilité a été reconnue en octobre dernier par l’Union européenne (UE). Le système est conforme au Régime bois de l’UE (RBUE), un label qui vise à écarter du marché européen, tout bois issu du circuit illégal.

Lire aussi-GABON : le projet TraCer veille à la gestion durable du bois dans la ZES de Nkok

À Libreville, la performance du Tracer est saluée par la société civile, même si d’après elle, des efforts d’extension et même de régionalisation du système doivent encore être accomplis. « Nous demandons au gouvernement gabonais de mettre en place des systèmes comme le TraCer de manière systématique sur le reste du territoire. Il est également important que les autres pays de la sous-région emboîtent le pas du Gabon. Car ces pays abritent la forêt du bassin du Congo, qui est quand même le deuxième poumon vert de la planète, et dont la protection est devenue impérative » soutient Yvon Martial Ntzantzi Miyagou, membre du Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale (Roscevac).

Une politique d’exploitation durable du bois, comme celle que développe le gouvernement gabonais est en effet nécessaire pour les autres pays d’Afrique centrale. Au Cameroun par exemple, un récent rapport produit par le Centre pour l’environnement et le développement (CED) et l’Environmental Investigative Agency (EIA), indique le pays a perdu 58 millions de dollars (près de 33 milliards de francs CFA), entre janvier 2016 et juillet 2020, à travers l’exportation illégale de son bois vers le Vietnam.

Boris Ngounou et Saint Clair Tépondjou, avec le soutien du Rainforest Journalism Fond, et du Pulitzer Center.

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