L’entreprise libanaise Averda a annoncé récemment la suspension de ses activités de collecte de déchets à Libreville, la capitale du Gabon. Elle réclame au gouvernement gabonais le payement de 24 mois d’arriérés de prestation, soit 21 milliards de francs CFA (plus de 32 millions d’euros).
Rien ne va plus entre la municipalité de Libreville et l’entreprise libanaise Averda. Cette dernière vient d’annoncer la suspension temporaire de toute activité de collecte de déchet au Gabon. « Cette décision a été prise délibérément après de nombreuses discussions en interne et fait suite au non-paiement des prestations d’Averda de la part de Clean Africa (l’État gabonais) depuis 24 mois cumulés », explique Averda.
Elle ajoute que la suspension des activités concerne la collecte des déchets, le balayage des rues, le nettoyage des plages et le curage des caniveaux dans la ville de Libreville et d’Akanda, ainsi que le transfert des déchets collectés au centre d’enfouissement de Mindoubé. L’entreprise libanaise, basée à Dubaï, aux Émirats arabes unis, est liée à l’État gabonais à travers Clean Africa par un contrat d’une durée de 5 ans, qui a commencé en 2014 et qui devait s’achever en décembre 2019.
Hostilité de la mairie de Libreville
Le contrat qui lie Clean Africa à Averda prévoit que l’entreprise libanaise gère les déchets dans la capitale et à Akanda une ville crée en 2013 pour désengorger Libreville. Il prévoit aussi un renouvellement automatique pour une nouvelle période de 2 ans. Une perspective que Leandre Nzué, le nouveau maire de Libreville, élu en février 2019, ne veut pas voir se produire.
« Cette société (Averda) n’a pas rempli son contrat conformément à son cahier des charges. Celui-ci prévoit non seulement la collecte des ordures ménagères, mais aussi l’entretien des bassins versants et le curage des caniveaux. Le problème, c’est qu’Averda ne s’occupe que de la collecte des ordures ménagères et pas de ses deux autres missions alors qu’elle est payée chaque mois à hauteur de 400 – 500 millions de FCFA pour la totalité des prestations. Ce qui n’est pas normal », affirmait Leandre Nzué en mai 2019.
Dans une interview accordée à la webtélé M241TV, le maire de Libreville avait même souhaité la résiliation du contrat d’Averda. Les tensions entre Averda et les autorités font évidemment écho à celles qu’avait vécu Veolia en 2018 et qui s’est soldé par son exclusion de la gestion de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (Seeg).
L’hostilité, également très médiatisée, du maire Leandre Nzué à l’égard d’Averda a fait le « buzz » sur les réseaux sociaux au Gabon. Les Gabonais ont profité de cette brèche ouverte par le maire pour apprécier le travail d’Averda. En attendant une normalisation de la situation, les déchets continuent à s’accumuler dans la capitale gabonaise, à quelques jours de la fête nationale prévue le 17 août 2019. Pour faire face à la situation, la mairie de Libreville a appelé des camions-bennes à la rescousse. Une véritable mission commando.
Jean Marie Takouleu
