Site icon Afrik 21

GABON : à 20 minutes de Libreville, Biotope préserve et réenchante le Bois des Géants

TOGO : face à la déforestation, 14 millions d’arbres seront plantés dès juin 2023© Vincent Prié, Biotope

Située au nord de Libreville et d’une superficie initiale de 10 200 hectares, la forêt de la Mondah, a perdu 36 % de sa surface depuis son classement en zone interdite à l’exploitation, qui date de 1951. Le recul de la superficie de l’arboretum Raponda Walker (du nom du premier botaniste gabonais) est dû à l’action de l’homme. La forêt subit une forte pression urbanistique, qui la prend en étau entre le Cap Estérias au nord et Libreville au sud ; l’exploitation de carrières de sable, et l’extension de plantations agricoles y sont également pour quelque chose, sans compter la chasse et la cueillette à l’origine de la disparition de nombreuses espèces de plantes et d’animaux. Cependant, la forêt comporte aujourd’hui encore une très grande richesse en termes de biodiversité. On peut y découvrir la Palisota (une plante endémique, NDLR) ou encore l’Okoumé (un arbre géant qui peut atteindre plus de 50 ans d’âge et mesurer plus de 60 mètres) et l’Alep, ce grand arbre, qui fait partie de l’étage dominant de la forêt africaine, et qui a sans doute donné son nom au « Bois des géants ».

Palisota, espèce endémique du Gabon, nichée dans le Bois des géants, près de Libreville. © Michel Geniez, Biotope

Si elle disparait progressivement sous l’influence de l’homme, c’est paradoxalement grâce à lui qu’une solution s’esquisse aujourd’hui. Les autorités ont fait appel à la société Biotope, une entreprise française très impliquée dans la préservation et l’étude de la biodiversité dans le monde, pour lancer un projet ambitieux, « la conception et la construction du sentier de la découverte du Bois des Géants » dont l’objectif est de rendre attractive la visite de cette zone protégée. Il s’agit de donner envie à la population de protéger cette forêt littorale en lui permettant de découvrir et de prendre conscience de sa beauté ainsi que de son étonnante richesse. Et d’en faire l’une des premières attractions incontournables pour les touristes de passage au Gabon.

Un projet ambitieux

À l’origine du projet du Bois des Géants, il y a le programme « Arc d’Émeraude », financé dans le cadre de l’accord de conversion de dettes établi entre le Gabon et la France via l’Agence française de Développement (AFD). Signé, le 29 janvier 2008, il portait sur un montant de plus de 32,8 milliards de francs CFA (50 millions d’euros), et présentait la particularité d’être réservé au financement de « projets contribuant à la gestion durable des écosystèmes forestiers gabonais ».

Une rivière au coeur de la forêt du Mondah. © Biotope

Selon Julien Cordier, le Directeur Afrique de Biotope, « le projet du Bois des Géants est résolument orienté vers un double objectif, à la fois pédagogique pour les jeunes générations et de sensibilisation environnementale pour le grand public. Il constituera sans doute le plus grand centre d’éducation à la forêt du continent, au cœur du dernier grand bassin forestier d’Afrique ». Concrètement, Biotope dont l’expertise a été sollicitée ici, va réaliser un sentier de plus de 1,4 km. La conception de ses panneaux et outils de découverte est achevée ainsi que l’architecture du sentier réalisé par Crésolus le partenaire de Biotope. Le futur chantier de construction est actuellement en préparation, avec l’appui d’un second partenaire sur le projet : Island Planning Corporation.

Le sentier se prolongera par un chemin en canopée qui permettra également aux visiteurs de découvrir la forêt… depuis la cime des arbres. Un moyen original de les sensibiliser à la protection de la biodiversité exceptionnelle de cette forêt, en décalant leur regard pour faire naître de nouvelles émotions face à la beauté des grands arbres. « Les cibles premières sont les élèves et enseignants des écoles de Libreville, qui pourront faire classe dans les arbres, dans le prolongement des initiatives de sensibilisation déjà mises en œuvre aujourd’hui par les associations locales », affirme Julien Cordier.

Biotope, qui dispose de 25 ans d’expérience dans l’accompagnement de projets d’aménagement écologique, a conçu un sentier en caillebotis très intégré, qui serpentera au sein de la forêt, reliant entre elles 16 stations thématiques munies de panneaux d’interprétation et de supports interactifs. Ils feront de cette visite une expérience ludique, pédagogique et multisensorielle, permettant aux visiteurs de découvrir la forêt gabonaise et d’apprendre à mieux observer sa faune et sa flore.

Une expertise signée Biotope

Le maître d’œuvre de ce projet, Biotope, est une société spécialisée dans la prise en compte de l’écologie et l’approche environnementale des projets d’aménagement. Elle exerce plusieurs métiers : l’ingénierie environnementale et le conseil, l’innovation et la recherche, la communication et l’édition. C’est cette combinaison originale de métiers, ainsi que la qualité de ses références, qui lui ont permis de remporter l’appel d’offres international pour cette mission. Par ailleurs, cela fait quelques mois déjà que la société a ouvert sa succursale « Biotope Afrique centrale » au Gabon. Biotope devient donc gabonais. Il faut dire qu’il ne s’agit pas là de son premier projet dans ce pays d’Afrique centrale.

En 2013, Biotope a analysé un dossier d’étude d’impact écologique d’un projet minier au Gabon. Dans les années qui ont suivi, l’entreprise a mené régulièrement des « missions de conseil, de formation et d’expertise à travers le pays pour des clients du secteur public et privé », comme le précise Julien Cordier. Avec ses 236 salariés, constitués majoritairement d’ingénieurs, elle dispose d’une forte implantation en France et ailleurs dans le monde. Avec toujours la même philosophie : le recrutement local de ses cadres et de ses équipes. Une démarche qui est un gage d’intégration au territoire et qui produit du sens, à tous les niveaux. C’est également le cas en Chine, où Biotope travaille avec des collectivités publiques, les entreprises privées et les bailleurs de fonds internationaux, comme l’Agence française de développement et la Banque asiatique de développement.

Mais c’est également vrai au Maroc, où Biotope est présent à travers sa filiale locale Biotope Ingénierie Biodiversité (BIB). Dans le royaume chérifien, l’entreprise est très impliquée dans l’étude d’impact liée à la production d’énergie verte. C’est également le cas à Madagascar avec Biotope Mada. Sur la grande île, la société travaille également à la préservation de la biodiversité locale, concept phare autour duquel tourne toute l’activité de l’entreprise. À travers son implantation gabonaise, Biotope espère désormais étendre ses activités à tous les pays d’Afrique centrale.

Jean Marie Takouleu

Quitter la version mobile