ÉTHIOPIE : 56 millions de dollars de la diaspora pour le barrage de la Renaissance

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Barrage Grande Renaissance en Ethiopie

Meles Alem, le porte-parole du ministre éthiopien des Affaires étrangères a révélé que le barrage de la Grande Renaissance, inauguré en décembre 2016, a été financé à hauteur de 56 millions de dollars par la diaspora. Une fierté, pour un ouvrage gigantesque qui suscite la controverse.

Le barrage hydroélectrique de la Grande Renaissance est situé dans la région de Banishangul-Gumuz, sur le Nil bleu. Avec une capacité de production de 6 000 mégawatt, il s’agit du barrage le plus important du continent africain : un monstre de 175 m de hauteur et de 1 800 mètres de long. Sa construction a coûté 4,7 milliards de dollars. Une somme que l’Éthiopie a dû supporter seule, pour l’essentiel, avec l’aide néanmoins d’un prêt d’appoint d’Exim Bank of China. Les bailleurs de fonds internationaux ayant boycotté le projet parce que les enjeux environnementaux auraient été négligés.

Tous les Éthiopiens ont contribué à sa réussite, notamment grâce à des coupes sur les salaires des fonctionnaires. Selon Meles Alem la diaspora a également financé le projet, à hauteur de 56 millions de dollars. Et d’ajouter que l’Éthiopie souhaitait que ses ressortissants à l’étranger participent désormais de plus en plus au développement du pays.

Le barrage de la Grande Controverse

La construction du barrage de la Grande Renaissance a suscité la colère de plusieurs pays qui utilisent les eaux du Nil. C’est surtout le cas de l’Égypte qui a exprimé son opposition radicale, avançant l’idée selon laquelle, le débit du fleuve pourrait baisser à cause de la rétention d’eau. Particulièrement pendant la durée de remplissage des 74 milliards de mètres cube, qui aurait déjà commencé et qui prendra entre quatre et sept ans. Le Caire a même parlé de question de « sécurité nationale » et réclame désormais un remplissage lent, tandis que l’intérêt des Éthiopiens est bien sûr… inverse.

De son côté, le Kenya craint pour le bouleversement de la vie des personnes qui vivent le long du fleuve. Selon les écologistes, le barrage éthiopien pourrait faire baisser le niveau du lac Turkana, qui tire deux tiers de ses ressources du Nil bleu. Ce lac situé en plein désert de Chalbi est classé patrimoine mondial de l’humanité.

Mais Addis-Abeba insiste sur les bienfaits de ce barrage. Selon Selechi Bikele, le ministre éthiopien de l’Eau et de l’Énergie, qui s’est exprimé le 24 novembre 2017 en réaction aux inquiétudes du Caire, ce barrage sera bénéfique pour l’Égypte qui pourra aussi utiliser cette énergie. Il a imploré par la même occasion l’Égypte de se focaliser sur un meilleur partage des eaux du Nil.

Le Soudan, quant à lui, soutient désormais la construction du barrage qui est situé à 30 km de sa frontière. Le pays s’est engagé sur la voie de l’interdépendance avec l’Éthiopie, qui approvisionnerait son voisin en électricité, tandis que son accès à la mer via Port-Soudan serait facilité.

Jean Marie Takouleu

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