Depuis l’apparition de la pandémie du coronavirus, les achats en ligne sont de plus en plus prisés en Égypte, au détriment des achats dans les magasins physiques. Selon certaines estimations, le secteur de la vente en ligne du pays aurait déjà gagné 40 % de consommateurs. Un groupe d’étudiants égyptiens a décidé de saisir cette opportunité pour inciter le maximum de personnes, via internet, à réduire les déchets liés au secteur de la mode dans le pays et à migrer progressivement vers une « mode durable ». Pour ce faire, les étudiants ont mis sur pied une application baptisée « Vatrina ». Au cours des dernières décennies, l’industrie de la mode, en particulier celle de la mode rapide (il s’agit du terme utilisé pour décrire les créations de vêtements qui passent rapidement du défilé aux magasins pour répondre aux nouvelles tendances, Ndlr) a été l’une des plus nocives pour l’environnement dans le monde. Elle produit 10 % des émissions mondiales de carbone et pollue les océans avec les microplastiques. Le secteur de la mode est aussi le deuxième consommateur d’eau sur la planète.
L’application « Vatrina » propose trois options durables, notamment le remodelage des vêtements des clients, la vente de vêtements d’occasion et les dons. « Notre étude de marché a révélé que plus de 60 % de personnes ne savent pas vraiment à quoi renvoient les déchets de mode ou de mode rapide », explique Jasmine Yasser, la cofondatrice de l’application. « Cette application servira à expliquer aux Égyptiens que les déchets ne sont pas seulement en plastique, mais qu’ils se présentent également sous d’autres formes », ajoute-t-elle.
Le lancement de « Vatrina » découle d’une enquête de terrain menée par le groupe d’étudiants sur une période déterminée. Plus de 200 personnes y ont participé. « Elle a révélé qu’environ 90 % d’Égyptiens donneraient ou jetteraient leurs vieux vêtements, mais ne connaissent pas d’options durables pour revendre ses vêtements ou les reconcevoir afin de leur donner un style de vie plus long », indique Jasmine Yasser.
Afin de trouver des solutions plus respectueuses de l’environnement, le groupe d’étudiants égyptiens a également mené des entretiens avec des experts de l’industrie de la mode dans le pays et avec des consommateurs, notamment des femmes égyptiennes. « Nous avons constaté que le relookage pourrait être l’une des solutions pour réduire les déchets de la mode dans nos rues. Nous avons également constaté que les femmes seraient prêtes à payer le prix fort pour un article redessiné si celui-ci correspond à ses goûts vestimentaires », se réjouit Jasmine Yasser, la cofondatrice de l’application « Vatrina ».
Inès Magoum