Crise imminente de l’assainissement face au changement climatique

Professeur agrégé

Institut de Technologie de Géorgie

Publié le

Le Dr Shannon Yee alerte sur les conséquences du changement climatique sur l'accès à l'assainissement, à quelques semaines de la COP27. Selon ce professeur de l’Institut de technologie de Géorgie aux États-Unis d'Amérique, la crise mondiale de l'assainissement risque de s'accélérer avec le changement climatique, et nous avons besoin d'une nouvelle solution technologique innovante.

Il y a un problème urgent dont on ne parle pas suffisamment : l’assainissement.

Environ deux milliards de personnes manquent toujours d’eau potable et 3,6 milliards de personnes n’ont pas accès à des services d’assainissement sûrs en Afrique, soit environ la moitié de la population mondiale.[1]

L’impact est dévastateur. Les enfants boivent de l’eau contaminée par des matières fécales, transmettant des maladies potentiellement mortelles et causant la diarrhée et la déshydratation, qui entrainent la mort de plus de 1 000 enfants de moins de cinq ans chaque jour.[2] Chaque année[3], 200 millions de tonnes de déchets finissent dans les rues et les cours d’eau, contaminant les terres agricoles et entrainant des maladies chez les plus vulnérables.

La crise mondiale de l’assainissement risque de s’accélérer avec le changement climatique, et nous avons besoin d’une nouvelle solution technologique innovante.

De la fréquence accrue des inondations noyant nos stations d’épuration centralisées à basse altitude, à la sécheresse mettant à rude épreuve les ressources en eau, l’assainissement est menacé. Par exemple, le nombre de personnes impactées par la sécheresse en Éthiopie, au Kenya et en Somalie et dépourvues d’accès fiable à l’eau potable est passé de 9,5 millions à 16,2 millions en l’espace de cinq mois.[4]

Souvent perçu comme une préoccupation secondaire, le traitement des déchets est pourtant en première ligne pour résoudre bon nombre de ces défis.

Les déchets non traités les terres et les sources d’eau naturelles. Il y a une prise de conscience grandissante que les égouts conventionnels ont besoin de litres d’eau pour transporter les déchets vers les stations d’épuration centralisées, à un moment où les pays du monde entier doivent faire face à des pénuries d’eau catastrophiques. Par exemple, en Afrique du Sud, certaines communautés n’ont pas accès à l’eau potable en raison de facteurs tels que l’insuffisance des infrastructures d’approvisionnement en eau, ainsi que l’impact des inondations (désactivant les infrastructures) et des sécheresses (jetant littéralement une ressource précieuse dans les toilettes). Des évènements importants tels que la 27e conférence des Nations unies sur le climat (COP27), axé sur la lutte contre le changement climatique mettra l’accent sur les alternatives pour un système d’assainissement équitable et abordable en Afrique.

Si nous n’agissons pas immédiatement, nous risquons de ne pas atteindre le sixième objectif de développement durable (ODD6) de l’Organisation des nations unies (ONU), consistant à garantir à la population mondiale l’accès à l’eau et à l’assainissement d’ici à 2030.

Alors que les villes et les villages à travers l’Afrique continuent de croître, les communautés ont de plus en plus besoin de solutions d’assainissement innovantes qui sont plus faciles à déployer et moins coûteuses à exploiter que les systèmes d’égouts et les usines de traitement des eaux usées. Les dirigeants sud-africains accordent la priorité à l’approvisionnement en eau de qualité dans les communautés. Le président Cyril Ramaphosa a manifesté sa volonté de résoudre la crise de l’assainissement et le ministre sud-africain de l’Eau et de l’Assainissement, M. Senzo Mchunu, a récemment mené des discussions sur la manière de relever les défis de l’eau dans la Métropole Nelson Mandela Bay, exprimant son soutien à l’investissement dans les infrastructures de traitement des eaux usées.

Le rôle de l’innovation et de l’ingénierie sera essentiel à l’avenir. Malgré les risques sanitaires dues au problème d’assainissement insuffisant, l’innovation dans le domaine n’évolue toujours pas assez rapidement. C’est pourquoi, il y a dix ans, la Fondation Bill & Melinda Gates a lancé un appel mondial visant à identifier des technologies capables de fournir un assainissement sûr à ceux qui en ont le plus besoin, sans dépendre des égouts, des fosses septiques ou de l’eau courante. Au cours des dernières années, une équipe mondiale de chercheurs et d’ingénieurs, dirigée par Georgia Tech, s’est jointe à cet appel et a rassemblé leurs meilleurs concepts pour créer la « Generation 2 Reinvent the Toilet » (G2RT).

L’innovation et l’ingénierie ont toujours joué un rôle essentiel dans la résolution des défis mondiaux. C’est pourquoi notre équipe teste le G2RT dans des zones où il existe une demande pour un meilleur accès à l’assainissement, y compris dans certaines parties de l’Afrique du Sud.

Utiliser la technologie pour réinventer les toilettes pourrait être notre réponse pour résoudre le défi de l’accès équitable à l’assainissement face au changement climatique. Cela pourrait nous aider à lutter contre les maladies et la pénurie d’eau. Mais nous avons besoin de la collaboration des décideurs politiques et du secteur privé pour explorer son potentiel et accélérer l’adoption de cette nouvelle solution d’assainissement.

Pour cela, un assainissement sûr pour tous doit être une priorité.

 

Par Dr Shannon Yee,

 Professeur agrégé de l’Institut de Technologie de Géorgie aux États-Unis d’Amérique

 

[1] https://unstats.un.org/sdgs/report/2021/The-Sustainable-Development-Goals-Report-2021.pdf

[2] https://www.un.org/sustainabledevelopment/water-and-sanitation/

[3] https://www.livescience.com/16713-7-billion-people-world-poop-problem.html

[4] https://www.unicef.org/press-releases/children-suffering-dire-drought-across-parts-africa-are-one-disease-away-catastrophe

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