COP15 : les intérêts économiques derrière la déforestation massive en Côte d’Ivoire

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COP15 : les intérêts économiques derrière la déforestation massive en Côte d’Ivoire© PARALAXIS/Shutterstock

Alors que l’agriculture représente au moins 25 % du produit intérieur brut (PIB) et 75 % des exportations en Côte d’Ivoire, ce secteur constitue également l’un des principaux facteurs de la déforestation dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui en 60 ans a perdu 90 % de son couvert forestier.

Agriculture durable, agroforesterie ou reboisement intensif, les autorités de la Côte d’Ivoire veulent reconstituer le couvert forestier national estimé aujourd’hui à seulement 10 % par le nouvel Inventaire forestier faunique (IFFN) publié en juillet 2021. Parmi les facteurs qui accélèrent cette déforestation, l’agriculture qui occupe 65 % des terres productives du pays. Ce secteur, quoique prioritaire pour l’économie nationale à travers l’emploi de 70 % de la population active, anéantit le couvert forestier et sa biodiversité.

La conversion des forêts en terres agricoles

Avec 46 % de la production mondiale du cacao au cours de la saison 2018-2019, la Côte d’Ivoire revendique bien son rang de premier pays producteur de cette matière première très demandée sur le marché international. Le développement de cette filière s’accompagne d’une pratique intense du défrichage. À en croire l’organisation non gouvernementale (ONG) Mighty Earth, près de 14 000 hectares de forêt ont disparu en Côte d’Ivoire et au Ghana (second producteur mondial de cacao, Ndlr) en 2018 au profit de la culture du cacao, soit l’équivalent de 15 000 terrains de football.

La culture de l’hévéa arrive en seconde position avec un impact à 23 % sur les forêts. Selon un rapport de l’ONG française Nitidae basée à Lyon, la filière du caoutchouc met en péril les écosystèmes et la biodiversité du pays qui en exporte en moyenne 30 000 tonnes à partir du port d’Abidjan et de celui de San Pedro dans la partie sud-ouest.

D’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la filière du palmier à huile a causé 7 % de la déforestation mondiale entre 2000 et 2018, mais la Côte d’Ivoire préfère passer au scanner sa production massive de l’anacarde également à l’origine de la perte floristique observée dans les parcs nationaux et les aires protégées qui constituent pourtant les derniers refuges de certaines espèces de pachydermes ou des chimpanzés d’Afrique de l’Ouest.

Miser sur la résilience

La Côte d’Ivoire intensifie désormais les initiatives pour freiner la déforestation et la sécheresse qui en découle. Pour ce faire, le gouvernement ivoirien encourage depuis 2017 une culture du cacao durable et respectueuse de l’environnement conformément à son engagement de 2014 dans le cadre de la déclaration de New York sur les Forêts. Cette politique forestière est basée sur une approche cacao-reboisement ainsi que la restauration de 20 % des terres. C’est dans ce cadre que le Conseil du café-cacao (CCC) introduira 60 millions de plants d’essences forestières en milieu rural d’ici à 2024.

Lire aussi:AFRIQUE : un accord international pour stopper la déforestation d’ici à 2030

Plusieurs opérations de reboisement se sont succédé dans ce pays d’Afrique de l’Ouest à l’instar de l’initiative « un jour un million d’arbres » lancée le 15 novembre 2019 et de la campagne « un jour 50 millions d’arbres » démarrée le 1er juin 2021 avec à la clé, la plantation de 28 538 234 arbres sur l’ensemble du territoire national. La campagne qui se poursuit a permis le reboisement de la forêt classée d’Anguédédou, dans la localité d’Anyama, au nord-Est d’Abidjan et du parc national du Banco considéré à la fois comme le réservoir hydraulique et le poumon vert du District autonome d’Abidjan en matière d’oxygène et de réduction de la pollution atmosphérique.

Benoit-Ivan Wansi

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