CAMEROUN : très controversé, le projet de palmerai de Campo exonéré d’impôts

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CAMEROUN : très controversé, le projet de palmerai de Campo exonéré d’impôts©Pro Aerial Master/Shutterstock

L’entreprise Camvert bénéficie des exemptions fiscales dans le cadre de la mise en œuvre de son projet de palmeraie de 60 000 hectares à Campo et Niete, dans le sud du Cameroun. Plusieurs défenseurs de l’environnement, à l’instar de Greenpeace Afrique et Green Development Advocate dénoncent un soutien de la déforestation et de la destruction des moyens de subsistance des peuples autochtones.

Camvert vient d’obtenir du gouvernement camerounais des exonérations fiscales pour son projet de plantation de palmier à huile dans le sud du Cameroun. La société du milliardaire camerounais Aboubakar Al Fatih a en effet signé avec l’Agence de promotion des investissements (API) une convention lui permettant de bénéficier des dispositions de la loi de 2013, portant incitations à l’investissement privé au Cameroun. Ce texte réglementaire octroie aux porteurs de projets des exonérations fiscalo-douanières allant de 5 à 10 ans, aussi bien pendant la phase de construction que celle de production.

Pour l’organisation non gouvernementale (ONG) camerounaise Green Development Advocate (GDA), cette décision est une grosse arnaque à l’endroit du peuple camerounais. « La loi sur les incitations à l’investissement ne peut pas être appliquée à Camvert dont les opérations ne sont pas conformes au cadre juridique en vigueur. Cette démarche adoptée une fois de plus par l’agro-industrie vient mettre en avant les rouages toujours tortueux qu’elle a choisis d’emprunter depuis le début de son projet » regrette Aristide Chacgom, le coordinateur de GDA.

Une non-conformité environnementale et sociale

Le projet Camvert soutenu par l’API porte sur à la mise en place d’un complexe agro-industriel à Campo, dans la région du Sud du Cameroun. Le projet, d’un montant de 237 milliards de francs CFA, (environ 362 millions d’euros), englobe la création de palmeraies sur 50 000 hectares au total à Campo et à Niete, ainsi que la construction d’usines de production d’huile de palme (180 000 tonnes par an) et de palmiste (18 000 tonnes par an).

Mais pour les défenseurs de la nature, un projet pareil ne saurait jouir des effets des dispositions de la loi de 2013, révisée en 2017, portant incitations à l’investissement privé au Cameroun. Il est préjudiciable à la biodiversité, au climat et aux communautés locales de Campo et de Niete. « Comment se fait-il qu’une entreprise qui veut raser 60 000 hectares de forêt et détruire par la même occasion les moyens de subsistance des communautés locales puisse bénéficier d’exonérations fiscales ? Cette décision apparaît comme une prime accordée à l’entreprise pour continuer à violer la loi et porter atteinte aux engagements du Cameroun » s’indigne Ranece Jovial Ndjeudja, responsable de la campagne forêt chez Greenpeace Afrique.

Lire aussi-CAMEROUN : le projet de palmeraie « Camvert » offre des garanties environnementales

En décembre 2021, Greenpeace Afrique et son partenaire GDA ont rendu public un rapport qui met à nu les effets désastreux de la présence de Camvert sur la vie des populations locales riveraines, sur les forêts et sur la biodiversité.

Et pourtant en mai 2020, les promoteurs de Camvert ont présenté les garanties environnementales et sociales de leur palmeraie. Le projet consacrera 10 000 ha à la conservation de la biodiversité. Les communautés riveraines vont se voir également réserver 5000 ha pour leur propre usage, Camvert s’engage à les accompagner dans la mise sur pied des plantations communautaires et à racheter leur production. L’entreprise s’engage par ailleurs à protéger des impacts de ses activités la faune du parc national de Campo Ma’an, avec qui elle partage une frontière d’environ 50 kilomètres.

Boris Ngounou

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