CAMEROUN : le rôle de la France, pointé du doigt dans le projet de palmeraie Camvert

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CAMEROUN : le rôle de la France, pointé du doigt dans le projet de palmeraie Camvert©Pro Aerial Master/Shutterstock

Dans un rapport publié le 8 décembre 2021, les organisations non gouvernementales Greenpeace Afrique et Green Development Advocate (GDA) mettent en lumière l’implication de la France dans Camvert, un projet de palmeraie susceptible de détruire 60 000 hectares de forêt équatoriale au sud du Cameroun. D’après le rapport, les semences mis en terre par Camvert ont été fournies par une filiale du Cirad, un organisme financé par la France.

À Campo, au sud du Cameroun, la société Cameroun vert (Camvert) a rasé près de 2000 hectares de forêts situées à proximité du parc national de Campo-Ma’an, dont la biodiversité est exceptionnelle, pour créer à terme une plantation de 60 000 ha de palmiers à huile. Après avoir dénoncé à plusieurs reprises la menace que représente ce projet pour le climat et les populations autochtones, deux organisations environnementales actives au Cameroun, mettent en lumière le rôle joué par la France dans l’implémentation du projet de la plus grande plantation en monoculture de palmier à huile en Afrique.

Dans un rapport de 29 pages, publié le 8 décembre 2021, Greenpeace Afrique et Green Development Advocate (GDA) établissement le lien entre le projet Camvert et la France. « Les semences de Camvert sont fournies par PalmElit, une organisation à but lucratif détenue par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l’entreprise française Avril, leader européen des biocarburants », dévoile le rapport.

Le « mythe de gestion durable des forêts »

Ainsi pour les deux organisations non gouvernementales (ONG), le Cirad joue un rôle important dans le grand mythe de « gestion durable des forêts » que la France exporte à travers toute l’Afrique centrale. Lors d’une conférence organisée le 6 octobre 2021, par la Ville de Paris et le journal Le Monde sur la préservation des forêts d’Afrique centrale, Alain Karsenty, économiste au Cirad, a souligné l’importance des forêts pour la biodiversité et le climat, sans évoquer les profits qu’engrange leur employeur en contribuant à la déforestation au sud du Cameroun.

Le Cirad n’est pourtant pas à son premier soutien à la déforestation au sud du Cameroun. Selon Greenpeace Afrique et GDA, cet organisme financé par l’argent du contribuable français a signé en 2014, un accord de collaboration à long terme,  avec d’Halcyon Agri, alors maison mère de la société de caoutchouc Sudcam. Le but de l’accord étant de maximiser la productivité et les rendements de la plantation d’hévéa de SudCam, pour laquelle plus de 11 600 hectares de forêt vierge ont été rasés dans le sud du Cameroun, et à proximité de la réserve de faune du Dja, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture).

Lire aussi-CAMEROUN : Camvert et le péril forestier dans le bassin du Congo

Dans leur rapport conjoint, Greenpeace Afrique et l’ONG camerounaise Green Development Advocates font également un état des lieux des dénonciations du projet Camvert par les populations locales des arrondissements de Campo et de Niete. La mise en place de la plantation de Camvert a réduit leurs moyens de subsistance, et exaspéré leurs problèmes fonciers. Ces arrondissements connaissent déjà des pressions foncières, du fait de la présence dans leur région de la plantation d’hévéas Hevecam, de sa société sœur de Sudcam, du parc national de Campo Ma’an et du Parc national marin Manyange na Elombo, nouvellement créé.

Boris Ngounou

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