CAMEROUN : le projet d’exploitation de la forêt vierge d’Ebo est annulé

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CAMEROUN : le projet d’exploitation de la forêt vierge d’Ebo est annulé©Ivanov Gleb/Shutterstock

Sous instruction du président de la République du Cameroun Paul Biya le Premier ministre a annulé une décision gouvernementale du 14 juillet 2020 affectant à la production du bois d’œuvre, plus de 68 000 hectares du massif forestier d’Ebo. Un revirement consécutif aux plaintes formulées par les ONG et les populations riveraines de l’un des points chauds de la biodiversité mondiale, qui abrite de nombreuses espèces florales et fauniques qu’on ne retrouve à nul autre endroit dans le monde.

Le chef d’État camerounais Paul Biya a entendu les nombreux appels des ONG (organisation non gouvernementale) et de la communauté Banen, en faveur de la protection de la forêt d’Ebo, l’un des rares espaces boisés encore vierges de la planète, située à cheval entre les régions du Centre et du Littoral du Cameroun. Dans un communiqué publié le 11 août 2020 par le secrétaire général des services du Premier ministre, il est noté que le chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute a procédé le 6 août 2020 à l’annulation du décret par lequel il avait autorisé le projet d’exploitation de 68 385 hectares de forêt dans le massif d’Ebo. Le Premier ministre est revenu sur sa décision « sur très hautes instructions du président de la République, Paul Biya ».

Cette instruction du chef de l’État vient ainsi répondre aux inquiétudes des populations locales et des ONG de défenses de la nature, notamment Greenpeace, qui avaient dénoncé la précédente décision du Premier ministre, promettant de tout mettre en œuvre pour obtenir son annulation. « En plein boom du Covid-19, c’était dangereux se réunir, mais nous avions rédigé des pétitions, organisé des conférences de presse et rencontré le ministre des forêts et de la Faune » explique Victor Yetina, membre de « Munen retour aux sources », une association créée spécialement pour la protection du patrimoine foncier des Banen.

Greenpeace en redemande

Pour Greenpeace, l’annulation du projet d’exploitation de la forêt d’Ebo ne constitue que l’étape d’un long processus. L’ONG veut voir la formalisation d’un mécanisme de conservation durable de cette forêt. « La décision du gouvernement camerounais qui suspend le projet d’exploitation de la forêt d’Ebo est bonne, mais on ne devrait pas en rester là. C’est juste une première étape. Nous devons réfléchir à un statut spécial et durable de cette région pour préserver sa biodiversité tout en contribuant à l’économie locale et nationale » a déclaré Sylvie Djacbou, chargée de la forêt chez Greenpeace Afrique.

C’est dans ce sens que plusieurs autres ONG internationales ont demandé au gouvernement camerounais de reconsidérer sa décision de 2006, qui visait le classement de la forêt d’Ebo en parc national. Un espoir qui reste permis dans la mesure où le 20 juillet 2020, le président de la République a promulgué la loi qui l’autorise à ratifier l’accord sur la conservation des gorilles et de leurs habitats, adoptés le 26 octobre 2007 à Paris en France.

Ebo est justement un habitat de gorilles. Étendue sur une superficie d’environ 150 000 hectares, cette zone abrite une population isolée de gorilles de l’Ouest et d’importantes populations de chimpanzés du Nigéria — Cameroun, des éléphants de forêt, des perroquets gris. On y retrouve de nombreuses autres espèces inscrites sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et même, 12 essences d’arbres inconnues à la science. Cette forêt dispose d’une capacité de capture de 35 millions de tonnes de carbone.

Boris Ngounou

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