CAMEROUN : à Campo, Camvert promet la conservation des tortues marines

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CAMEROUN : à Campo, Camvert promet la conservation des tortues marines ©Simon Eeman/Shutterstock

Au Cameroun, la société agroindustrielle Camvert apporte une nouvelle garantie environnementale visant à assurer la conservation des tortues marines à Campo dans la région du Sud. Dans cette partie du pays, l’entreprise met en œuvre depuis quelques années, un projet de palmeraie très contesté par les riverains et les organisations locales de préservation de l’environnement.

Alors que l’entreprise agroindustrielle Camvert vient d’obtenir du gouvernement camerounais des exonérations fiscales pour son projet de plantation de palmier à huile dans la région du Sud, la société apporte de nouvelles garanties environnementales. Cette fois, Camvert promet de veiller à la conservation des tortues marines de la localité de Campo dans le département de l’Océan au sud du Cameroun, où elle met en œuvre de son projet.

« Nous avons amorcé des passerelles de dialogue, pour voir comment mettre en place des mécanismes de collaboration. Parce que Camvert a pour conviction que ni la conservation à outrance ni l’industrialisation sans conscience ne peuvent nous développer. Et il faut concilier les deux. De plus, l’État a créé un parc marin depuis quelques mois. En plus du partenariat souhaité avec l’Association communautaire de recherche et de développement Tube Awu, nous attendons la mise en place du parc pour accompagner le processus de conservation des tortues », affirme le milliardaire camerounais et propriétaire de Camvert, Aboubakar Al Fatih.

La localité de Campo située dans le département de l’Océan au sud du Cameroun abrite d’importantes ressources fauniques et floristiques, notamment des grands mammifères tels que des éléphants de forêt, des buffles ou encore des grands singes vivant sur 60 000 hectares de forêt équatoriale. Mais, la concession accordée par l’État à Camvert couvre 50 000 hectares pour la culture et la transformation de l’huile de palme. Ce projet de palmeraie est vivement contesté par les riverains de Campo.

Le risque de pollution marine

« Les déchets que produira Camvert se déverseront dans la mer. Étant donné que Camvert a utilisé beaucoup plus de produits chimiques dans sa plantation qu’allons-nous faire de ces tortues ? Pas seulement des tortues, mais toutes les espèces qui sont dans l’océan », s’interroge Denis Gnamaloba Mondjele, président de l’Association communautaire de recherche et de développement Tube Awu dans la localité d’Ebondje à Campo.

Les organisations locales de préservation de l’environnement évoquent entre autres la non-application du mémorandum sur les mesures de conservation pour les tortues marines de la côte Atlantique de l’Afrique, signé à Abidjan (en Côte d’Ivoire) le 29 mai 1999 par une trentaine de pays, dont le Cameroun.

Des garanties insuffisantes…

Au Cameroun, les autorités ont annoncé en 2021 la création d’un parc marin dénommé « Manyange na Elombo », d’une superficie de 11 300 hectares. À en croire un décret du gouvernement, le site permettra de « limiter l’incursion des pêcheurs industriels qui appauvrissent la mer en poissons, de protéger les zones de frayères et de préserver certaines espèces halieutiques à l’exemple de la tortue marine, du lamantin d’Afrique et du dauphin à bosse ».

Lire aussi- CAMEROUN : Camvert et le péril forestier dans le bassin du Congo

Cette promesse s’ajoute à la rétrocession de 10 000 hectares de terres (sur les 50 000 hectares qui seront occupés par le projet Camvert, Ndlr) au profit de la conservation de la biodiversité dans la localité de Campo. Dans le même temps, Camvert s’est également engagé à la réduction des impacts de ses activités, à protéger la faune du parc national de Campo Ma’an, avec qui elle partage une frontière d’environ 50 kilomètres. Autant d’initiatives qui ne parviennent toujours pas à évacuer la grogne qui anime les riverains de Campo.

Benoit-Ivan Wansi

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