BURKINA FASO : Sira, le film d’Apolline Traoré remporte le prix spécial de WaterAid

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BURKINA FASO : Sira, le film d’Apolline Traoré remporte le prix spécial de WaterAid ©Apolline Traoré

L’organisation internationale non gouvernementale WaterAid prime la jeune cinéaste burkinabé Apolline Traoré pour son film « Sira ». Le long métrage présenté lors du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) au Burkina Faso pointe du doigt les impacts du changement climatique sur la femme et la jeune fille, notamment en matière d’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène.

Les femmes et les jeunes filles sont aujourd’hui les personnes les plus affectées par le changement climatique. Apolline Traoré, une jeune cinéaste burkinabé l’a démontré dans son film « Sira », qui a reçu le 3 mars 2023 le prix spécial de l’organisation internationale non gouvernementale WaterAid. Le prix qui récompense la meilleure œuvre traitant des questions liées à l’eau potable, l’hygiène, l’assainissement et le climat, est accompagné d’une enveloppe de 5 millions de francs CFA (7 622 euros).

Le film produit en 2022 au Burkina Faso, au Sénégal, en France et en Allemagne a été distingués pendant l’Étalon de Yennenga, le grand prix du festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), où il a également reçu « l’Étalon d’argent ». Le long métrage pose le problème de l’accès à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène par les femmes et les jeunes filles au Burkina Faso, dans un contexte marqué par le changement climatique. À cela s’ajoutent les exactions subies par les filles kidnappées par les terroristes dans leur corvée d’eau.

Pourquoi cette vulnérabilité ?

Au Burkina Faso comme dans de nombreux pays africains, les femmes représentent une part importante des communautés pauvres qui dépendent des ressources naturelles locales pour assurer leurs moyens de subsistance, en particulier dans les régions rurales où elles portent le fardeau des responsabilités familiales. Il s’agit notamment de l’approvisionnement en eau pour la consommation et l’assainissement et l’hygiène menstruelle tel que traité dans le film « Sira », de la collecte de combustibles pour la cuisson des aliments et le chauffage, ainsi que de la sécurité alimentaire.

« L’héroïne Sira est allée à la recherche de l’eau dans le désert. Quand elle a trouvé de l’eau, cette ressource lui a permis de revivre. J’ai aimé la réponse qu’elle a donnée au terroriste qui lui a demandé pourquoi elle était là, dans un lieu dangereux. Ella e répondu “Au moins ici, i y’a de l’eau”. Cela montre la situation des femmes du Sahel qui sont obligées d’aller loin pour chercher de l’eau, bravant en même temps la mort », explique Célestin Poya, le directeur du plaidoyer et de la communication de WaterAid.

Lire aussi – AFRIQUE : la sécurité de l’eau et de l’assainissement aujourd’hui, une nécessité !

Actuellement, la couverture en eau potable au Burkina Faso est de 76 % selon l’Alliance Sahel. En 2021, le taux d’accès à l’assainissement était de 20 % en milieu rural et 36 % en milieu urbain selon les autorités burkinabés.

La vulnérabilité des femmes et des jeunes filles au Burkina Faso résulte aussi des facteurs économiques et culturels. « Dans de nombreuses sociétés, les normes culturelles et les responsabilités familiales empêchent les femmes d’émigrer, de chercher un refuge dans d’autres lieux ou de rechercher un emploi lorsqu’une catastrophe survient. Une situation qui alourdit le fardeau qui pèse sur elles », indique l’Organisation des Nations unies (ONU).

Améliorer l’adaptation des femmes aux changements climatiques…

Dans des conditions climatiques extrêmes, comme les périodes de sécheresse et les inondations, les femmes tendent à travailler plus pour garantir leurs moyens de subsistance, ce qui leur laisse moins de temps pour se consacrer à la formation et à l’éducation, au développement des compétences ou pour percevoir un revenu. Pour améliorer les capacités d’adaptation des femmes au Burkina Faso et dans toute l’Afrique, des efforts devraient être engagés pour intégrer la question genre dans les politiques et les stratégies nationales ainsi que dans les projets liés au développement durable et aux changements climatiques.

L’ONU recommande aussi d’encourager les investissements prenant en compte la dimension sexospécifique dans les programmes d’adaptation et d’atténuation, le transfert des technologies et le renforcement des capacités, notamment à la collecte et l’entreposage de l’eau, la préservation de la nourriture et son rationnement, ainsi que la gestion des ressources naturelles.

Inès Magoum

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