BOTSWANA : les écologistes s’opposent à la réouverture de la chasse aux éléphants

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BOTSWANA : les écologistes s’opposent à la réouverture de la chasse aux éléphants©MyImages - MichaShutterstock

Une vive polémique est née au Botswana le 22 mai 2019, suite à la décision du gouvernement d’autoriser à nouveau les chasseurs à tuer les éléphants. Les défenseurs de la nature n’ont pas tardé à monter au créneau. Ils dénoncent une décision qui pourrait conduire à l’extermination de ces pachydermes sur le continent. Le Botswana abrite plus de 130 000 éléphants, soit environ un tiers de la population africaine d’éléphants de savane.

Le tollé suscité par le rétablissement de la chasse des éléphants au Botswana est loin de s’être calmé. Les ONG de défense des animaux semblent avoir perdu le sommeil, depuis l’annonce faite le 22 mai 2019 par le gouvernement du Botswana, pays d’Afrique australe.

« Notre responsabilité de protection de l’environnement n’a pas varié, mais nous avons une responsabilité envers les citoyens », a déclaré Kitso Mokaila, ministre botswanais de l’Environnement. Le ministère promet une reprise de la chasse ordonnée et éthique. Quatre cents éléphants pourront être prélevés chaque année de manière contrôlée.

Plus de 130 000 éléphants vivent au Botswana, soit environ un tiers de l’espèce en Afrique. Il y a cinq ans, le pays avait interdit leur chasse sportive, sous l’égide du président Ian Khama. Mais l’année dernière, son successeur, Mokgweetsi Masisi, a monté un comité pour déterminer si cette interdiction de la chasse aux trophées pouvait être levée. Une démarche que l’actuel gouvernement justifie par la difficile cohabitation entre homme et éléphants qui s’est encore complexifiée. En raison des sècheresses enregistrées ces dernières années, les animaux se sont éparpillés à travers le pays, à la recherche de points d’eau. Entrant ainsi plus souvent en contact avec les paysans, ces animaux de plus de 5 tonnes représentent une menace pour leurs vies, détruisent leurs cultures et ravagent leurs propriétés.

Les défenseurs de la cause animale redoutent une reprise du braconnage et du trafic d’ivoire

La levée de l’interdiction de la chasse aux éléphants du Botswana a suscité l’indignation de plusieurs organisations de défense des animaux. C’est « scandaleux », a dénoncé Humane Society International, basée à Londres. La population des éléphants du Botswana est « vitale pour la survie régionale de cette espèce emblématique », a-t-elle estimé. « Reprendre la chasse aux éléphants suscite des questions morales et va à l’encontre de tous les efforts internationaux pour protéger ces géants, sans compter que cela risque de porter préjudice à la précieuse industrie touristique, l’une des principales ressources du Botswana », a ajouté Humane Society International.

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), bien que le nombre de pachydermes ait augmenté dans certaines régions africaines, il a diminué de 111 000 dans le monde en une décennie, surtout en raison du trafic d’ivoire.

Dans ce débat, il y a toutefois des organisations qui tempèrent et réconcilient les deux thèses opposées. C’est le cas du Fonds mondial pour la nature (WWF). La levée du moratoire peut être avantageuse, à condition qu’elle soit très bien encadrée. « Dans certains cas rigoureusement contrôlés, notamment des espèces menacées, les preuves scientifiques montrent que la chasse peut être un moyen efficace de conservation de la faune », a souligné l’ONG.

Les mêmes débats se produisent ailleurs dans le monde, concernant les grands mammifères. En France, les prélèvements sur les populations de loups, réclamés par les bergers, sont ainsi rejetés par les associations de défense de l’environnement. Car l’enjeu de la protection des grands mammifères est lié à la protection de leur habitat. Protéger ces grands animaux, c’est protéger l’ensemble de leur écosystème et des espèces qui leur sont liés et qui forment une longue chaîne alimentaire. De même que protéger les écosystèmes, revient à protéger les ressources et réduire les émissions.

Boris Ngounou

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