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Arlande Joerger- Aroukoun, entrepreneuse, écologiste et fière de l’être

Arlande Joerger, entrepreneuse, écologiste et fière de l’être ©Arlande Joerger - Aroukoun

Quand elle décrit les projets qu’elle mène dans les pays africains, Arlande Joerger – Aroukoun affiche toujours un sourire. Et ce n’est pas pour la photo ou la publicité. « J’agis au niveau de trois axes phares qui sont environnementaux, sociaux et économiques », dit-elle fièrement. Le projet qui l’a propulsé et fait aujourd’hui sa renommée, c’est bien la start-up EwoSmart qui offre aux entreprises de l’aménagement des territoires et aux collectivités une solution numérique d’aide à la décision afin de développer le patrimoine végétal et lutter contre les ilots de chaleur urbains. Cet outil numérique s’appuiera notamment sur l’intelligence artificielle et à l’imagerie spatiale.

« En juillet 2022, nous avons été une dizaine de jeunes français identifiés pour faire partie de la délégation qui a accompagné le président français Emmanuel Macron au Cameroun, après sa réélection. L’objet était de mener un échange et de formuler des propositions entre jeunesse française et jeunesse Camerounaise sur la question de la refondation de la relation entre le Cameroun et la France, et plus globalement entre les pays africains et la France dans la logique du (Nouveau Sommet Afrique France) NSAF. En novembre de la même année, j’ai eu l’opportunité d’accompagner le chef d’État français à la 27e Conférence des parties des Nations unies (COP27) à Sharm-el Sheikh en Égypte », confie Arlande Joerger- Aroukoun. C’est autant ou plus que ce qu’aurait réussi à accomplir un jeune entrepreneur engagé. Cela montre que même si ce sont les hommes qui occupent plus fréquemment les postes à haute responsabilité, notamment au gouvernement, il existe véritablement une activité féminine.

À travers la start-up EwoSmart, Arlande JoergerAroukoun accompagne également le développement des villes vertes en Afrique et au-delà, en intégrant la participation citoyenne, pour renforcer la durabilité des programmes et multiplier les espaces d’échange entre la société civile, les entreprises et collectivité pour ce qui concerne l’aménagement environnemental des territoires. C’est dans ce cadre que le Programme de verdissement de la capitale économique béninoise Cotonou a été lancé en Mars 2023. Quelques semaines après ce lancement, une cartographie des acteurs est en cours de réalisation via un appel à candidatures afin de formaliser un Annuaire des artisans de la ville durable. « Ce document pourrait notamment être partagé lors du Congrès international de l’Association internationale des maires francophones (AIMF) en octobre 2023 à Cotonou», souligne l’entrepreneuse.  

« la RSE est un mode de pensée dans lequel je me retrouve »

Chez Arlande Joerger – Aroukoun, c’est une seconde nature que d’œuvrer au développement durable et à la protection de l’environnement. Et la jeune femme née au Bénin le fait depuis 10 ans déjà, dont 3 années avec des entreprises basées en Afrique. « Je n’ai jamais quasiment travaillé en dehors de cette vision qui consiste à créer des modèles économiques qui soient environnementalement le plus neutre possible, qui créent des emplois durables et de la richesse pour être distribués de la manière la plus juste possible afin d’agir pour le développement des populations », affirme l’entrepreneuse.

Arlande JoergerAroukoun est aussi la cofondatrice de l’application wafhi.com, avec Julie Biron experte quant à elle dans l’économie sociale et solidaire. Wafhi.com aide les entreprises et leurs filiales francophones en Afrique et en Europe à structurer et à piloter une démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises) adaptée à leurs contextes et leurs enjeux, depuis l’état des lieux en passant par les différents plans d’amélioration jusqu’à l’accompagnement et la certification.

Un mode de fonctionnement qui doit pousser les entreprises à se poser quelques bonnes questions de départ

« A quoi doit servir ma stratégie ? D’abord à assurer la durabilité de l’entreprise dans un contexte où tout change. Si d’ici cinq ans cette entreprise veut encore exister, quels sont les trois points auxquels elle doit absolument être attentive ? La plupart des chefs d’entreprises parleront de la ressource humaine. Est-ce que finalement le marché du travail autour de nous offre suffisament de profils assez compétents employable de suite ? C’est rarement le cas. Une fois que ces axes qui assureront la durée de vie de l’entreprise sont trouvés, une feuille de route qui va avec les objectifs de développement durable (ODD) qui sont pertinents est mise sur pied », explique Arlande Joerger – Aroukoun.

« Incarner ses idées face aux stéréotypes »

Nombreuses sont des jeunes filles qui ont grandi en se rêvant d’impacter positivement le monde comme le fait Arlande Joerger- Arukoun, mais les normes et les stéréotypes traditionnels qui veulent que le rôle de la femme soit relégué au second plan, n’ont fait qu’éteindre leurs espoirs. Le combat d’Arlande Joerger- Aroukoun c’est aussi de dire qu’on peut être femme et monter des entreprises. D’aller au-delà des clichés. « On est toujours un peu balloté entre est ce que je fais bien d’être aussi engagée dans ce que je fais, alors que j’ai des enfants ? Surtout dans les sociétés occidentales que je trouve assez culpabilisantes pour les femmes qu’elles aient des enfants ou pas. Cela ne se manifeste pas tant de manière frontale, mais plutôt dans leur manière de voir les choses. La question finalement ce n’est pas de faire ou de ne pas faire, mais de trouver l’équilibre qui permet à chaque femme de faire ce qui lui tient à cœur, afin que les temps passés avec sa famille, ses enfants soient de vrais temps de qualité », affirme Arlande Joerger – Aroukoun.

Ce combat, Arlande Joerger – Aroukoun le mène aussi en tant que membre du conseil d’administration de l’incubateur de politique publique « Je m’engage pour l’Afrique » (JMA), lancé en janvier 2021 à l’initiative d’Ileana Santos et d’Amina Zakhnouf. « Pour moi c’est de faire émerger des idées qui répondent aux grands enjeux pour l’Afrique, donner de la visibilité aux acteurs qui portent ces idées  et produire de la connaissance former au plaidoyer ».

Inès Magoum

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