AFRIQUE : l’urgence de la restauration des écosystèmes dégradés

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AFRIQUE : l’urgence de la restauration des écosystèmes dégradés

À l’heure où monde entier célèbre, le 5 juin 2021, la journée de l’Environnement, placée sous le thème de « la restauration des écosystèmes », cette 47e édition incite à une prise de conscience planétaire, et particulièrement en Afrique. Car, sur le continent, la dégradation des écosystèmes s’accélère, dû à la pression générée par les activités humaines. Il est question notamment de la pollution par les déchets plastiques et les eaux usées, ou encore la déforestation.

L’écosystème est une unité écologique de base formée par le milieu (biotope) et l’ensemble des organismes qui y vivent (biocénose). L’Afrique compte cinq grands types d’écosystèmes : les environnements côtiers, les déserts et les semi-déserts, les environnements montagneux, les prairies de savane et les forêts. Chaque écosystème se caractérise par son environnement et son climat spécifiques, et les hommes qui y vivent se sont adaptés à ses conditions particulières et ont appris à utiliser ses ressources propres.

Les écosystèmes côtiers sont certainement les plus vastes du continent. Car, l’Afrique possède trois grands littoraux avec la mer Méditerranées au nord, l’océan Atlantique à l’ouest, et l’océan Indien qui façonne les paysages de la côte est. Selon la revue Geography, les côtes africaines sont composées d’étendues de sable, de terre ou de roche. « En général, les plantes et les animaux de la côte occidentale de l’Afrique sont moins variés et moins nombreux que ceux de la côte orientale. Les environnements côtiers de l’Afrique comprennent des écosystèmes de récifs coralliens, de lagons, de mangroves, de marais salants et d’herbiers marins », indique la revue scientifique.

Cartographier pour mieux connaître les écosystèmes africains

Les longues chaînes de corail, situées au large de la côte orientale de l’Afrique, ont créé des environnements d’eau chaude abrités dans lesquels de nombreuses espèces de vie marine peuvent prospérer. On trouve moins de récifs sur la côte ouest, où les falaises non protégées sont battues par l’eau froide et les fortes vagues. En revanche, toutes les côtes africaines possèdent des lagons et des lagunes, des étendues d’eau peu profondes, séparées de la mer par un récif corallien ou une bande de terre, et des deltas de rivière, des zones en forme d’éventail à l’embouchure d’une rivière, formée par des dépôts de boue et de sable.

AFRIQUE : l’urgence de la restauration des écosystèmes dégradés

Le désert du Kalahari occupe une superficie de 900 000 km2 en Afrique australe © Curioso Photography/Shutterstock

En revanche, les écosystèmes les plus pauvres sont constitués des déserts, notamment le Sahara en Afrique du Nord, le Namib et le Kalahari en Afrique australe. Les écosystèmes terrestres les plus riches en ressources sont situés dans le bassin du Congo, considéré comme la deuxième plus grande forêt de la planète, après la forêt amazonienne. Selon la Commission des forêts d’Afrique centrale (Comifac), le bassin du Congo joue un rôle important dans le système climatique continental. Ces forêts offrent des moyens de subsistance à 60 millions de personnes qui y vivent ou résident à proximité (nourriture, pharmacopée, combustibles, fibres, produits forestiers non ligneux). Elles remplissent aussi des fonctions sociales et culturelles. La forêt équatoriale contribue à alimenter en ressources (eau, bois, protéines, etc.) 40 millions de personnes qui vivent dans les centres urbains proches de ces domaines forestiers.

Pour la Comifac, la cartographie est un moyen essentiel pour améliorer la connaissance des écosystèmes en vue de leur conservation. L’état des forêts affecte le bien-être de millions de personnes, influe sur le climat régional et mondial ainsi que la biodiversité. « La connaissance précise de la superficie forestière, de sa composition floristique et de sa dynamique fournit des informations qui sont essentielles à la mise en place et au suivi des politiques environnementales et économiques », explique la Comifac.

Des écosystèmes à préserver…

Ces écosystèmes sont dégradés à cause des activités humaines, notamment l’agriculture qui réduit les couverts forestiers de pays comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui sont des leaders mondiaux du cacao. Le café, l’hévéa et l’huile de palme font également partie des cultures de rentes qui dévastent les forêts d’Afrique subsaharienne. Les écosystèmes sont aussi dégradés par la pollution industrielle et autres activités minières, ainsi que les phénomènes climatiques extrêmes comme la sécheresse et les inondations provoquées par le dérèglement climatique.

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Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), chaque année, le monde perd 10 millions d’hectares de forêts, soit une superficie équivalente à celle de la République du Bénin (114 763 km²). À cela s’ajoutent l’érosion des sols et d’autres formes de dégradation qui coûtent à l’économie mondiale plus de 6 000 milliards de dollars par an en perte de production alimentaire et autres services écosystémiques. Selon la même source, la dégradation des écosystèmes affecte déjà le bien-être d’au moins 3,2 milliards de personnes, soit 40 % de la population mondiale.

Des solutions existent

Selon les prévisions du Pnue, environ 10 000 milliards de dollars de PIB (produit intérieur brut) mondial pourraient être perdus d’ici à 2050 si les services écosystémiques continuent de décliner. Dans le même temps, la dégradation des sols pourrait réduire la productivité alimentaire mondiale de 12 %, entraînant une hausse des prix des aliments pouvant atteindre 30 % d’ici à 2040. De quoi inciter les décideurs et le secteur privé du monde entier, et du continent en Africain en particulier, à trouver des solutions pour inverser la tendance actuelle.

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Le reboisement figure parmi les solutions proposées par l’Organisation des Nations unies pour freiner la perte du couvert forestier des pays africains. Si dans des pays comme la Côte d’Ivoire, très peu d’initiatives de reboisement existent, plusieurs pays africains misent sur le reboisement pour rétablir une partie de leur couvert forestier perdu. C’est le cas de l’Éthiopie, un pays situé sur la corne de l’Afrique, région connue pour son climat semi-aride et aride. Il y a quelques semaines, Addis-Abeba a lancé la troisième phase du programme « Green Legacy », visant à planter 6 milliards d’arbres d’ici à 2022. Ce programme, l’un des plus importants et des plus ambitieux du continent africain visent la plantation de 20 milliards d’arbres à travers toute l’Éthiopie.

AFRIQUE : l’urgence de la restauration des écosystèmes dégradés

En Afrique de l’Ouest, des paysans pratiquent de l’agriculture tout en plantant des arbres © Anacotrin/Shutterstock

Le Pnue préconise aussi l’agroforesterie pour réduire l’impact de la pression agricole sur les écosystèmes. Ce mode d’exploitation des terres agricoles associant de manière complémentaire des arbres et des cultures ou de l’élevage peut être adapté à la culture du cacao et de l’hévéa, des produits pointés du doigt par les défenseurs de l’environnement lorsqu’ils sont produits de manière quasi industrielle. À en croie le Pnue, la restauration des forêts et d’autres écosystèmes de bassins versants pourrait permettre aux services de distribution d’eau des plus grandes villes du monde d’économiser 890 millions de dollars par an en coûts de traitement de l’eau.

Jean Marie Takouleu

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