AFRIQUE : les cinq pays qui se démarquent dans la gestion de l’eau

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AFRIQUE : les cinq pays qui se démarquent dans la gestion de l’eau © Présidence de la République du Ghana

L’Afrique a connu d’importantes avancées en matière de gestion de ses ressources en eau. Mais le niveau de développement varie en fonction des pays, du contexte hydrologique et des conditions climatiques. À l’occasion de la journée mondiale de l’eau, Afrik 21 a établi le « Top 5 » des pays les plus avancés en matière de gestion des ressources en eau. Parmi les critères retenus, figure l’amélioration du taux d’accès à l’eau potable, le développement durable des infrastructures d’eau, la préservation de la ressource et la valorisation des eaux usées traitées.

S’il existe un pays africain qui se démarque en matière de gestion de l’eau, c’est bien l’Égypte. Car, malgré son climat désertique, le pays a su améliorer la gestion de ses ressources en eau et met en œuvre une politique stricte de préservation de la ressource. Avec, selon les autorités, 96 % de la population disposant d’un accès à l’eau potable, l’Égypte est en passe d’atteindre l’accès universel. Ce tableau est quelque peu noirci par la situation dans les zones rurales où le taux d’accès à l’eau potable ne dépasse pas les 60 %.

Le pays, qui dépend énormément du Nil pour l’approvisionnement de sa population et pour l’irrigation, a très vite pris conscience du stress hydrique persistant dans toute l’Afrique du Nord. Du coup, le gouvernement a mis en place une politique visant à préserver les ressources d’eau de surface. Il impose désormais des restrictions dans l’utilisation de l’eau pour l’irrigation, notamment dans le delta du Nil. Comme alternative à l’eau pompée dans le plus long fleuve du continent africain (6 895 km), le gouvernement égyptien propose l’exploitation des ressources en eau non conventionnelles : la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation et le dessalement de l’eau de mer pour l’approvisionnement des populations dans les gouvernorats côtiers.

Le développement des infrastructures d’approvisionnement en eau en Égypte

La politique de préservation de la ressource en eau mise en place depuis quelques années en Égypte a conduit à un développement infrastructurel sans précédent. Grâce aux partenariats public-privé (PPP), le gouvernement égyptien a inauguré de nombreuses usines de dessalement de l’eau de mer et des stations d’épuration dans lesquelles les eaux usées traitées sont réutilisées pour la restauration des terres agricoles à l’est du canal de Suez.

Il y a moins d’un an, le gouvernement égyptien a inauguré l’usine de traitement des eaux usées d’Al Mahsamma dans le gouvernorat d’Ismaïlia. L’installation, qui affiche une capacité d’un million de m3 par jour, déverse ses eaux traitées dans les systèmes d’irrigation de la péninsule du Sinaï. Une autre grande station d’épuration est en construction dans le pays des pharaons pour une capacité attendue de 5 millions de m3 par jour. Les eaux issues de l’usine de Bahr Al-Baqar serviront à l’irrigation des 138 600 hectares de plantations à l’est du canal de Suez.

Pour ce qui est de l’approvisionnement en eau potable, le gouvernement égyptien, avec le concours d’entreprises privées, développe des projets de dessalement dans les gouvernorats côtiers. Ainsi, d’ici à 2022, Le Caire prévoit de doter l’ensemble du pays de 19 usines de dessalement de l’eau de mer. Pour les 30 prochaines années, les autorités comptent construire 67 usines de dessalement ; un plan ambitieux qui nécessitera un investissement global de 435 milliards de livres égyptiennes (27,4 milliards de dollars). Ces usines d’osmose inverse fonctionneront grâce aux énergies renouvelables.

Le renforcement de l’approvisionnement en eau au Maroc

Situé dans la même sous-région que l’Égypte, le Maroc dispose plus de ressources d’eau de surfaces qui pâtissent du stress hydrique. À l’instar de l’Égypte, le royaume chérifien s’est doté d’une politique visant la préservation de la ressource en eau, la collecte et le stockage des eaux pluviales et l’exploitation des ressources en eau non conventionnelles. Mais, à la différence de l’Égypte, le Maroc continuera à s’appuyer largement sur ses ressources en eau de surface.

D’ailleurs, dans le cadre du Programme prioritaire d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation pour la période 2019-2026, le gouvernement marocain construira 20 barrages capables de retenir 5,3 milliards de m3 d’eau pour l’approvisionnement des populations et la pratique de l’agriculture irriguée. Parallèlement, les autorités dotent le pays de stations de dessalement comme celle de Chtouka, en construction, et qui affichera une capacité de 270 000 m3 par jour, extensible à 450 000 m3.

Le développement des infrastructures en Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire figure incontestable dans le « Top 5 » des pays africains qui se démarquent ces dernières années dans la gestion de l’eau. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, le problème du stress hydrique ne développe pas la même acuité qu’en Afrique du Nord ou de l’Est. Les autorités ivoiriennes peuvent compter sur les nombreux cours d’eau dont est doté le pays pour approvisionner sa population.

AFRIQUE : les cinq pays qui se démarquent dans la gestion de l’eau © Ministere ivoirien de l'Hydraulique

Laurent Tchagba, le ministre ivoirien de l’Hydraulique lors du lancement d’un projet d’eau potable © gouvernement de Côte d’Ivoire

Grâce au programme « Eau pour tous » actuellement en cours, le pays a connu un développement fulgurant de ses infrastructures de captage, de production et de distribution d’eau potable. Lancé en 2019 avec un budget de 1 320 milliards de francs CFA (plus de 2 millions d’euros), le programme a déjà permis la construction de systèmes d’adduction d’eau potable (AEP) dans plusieurs localités de la Côte d’Ivoire. Le gouvernement prévoit également de poursuivre l’installation de pompes à motricité humaine dans les territoires. Pour les zones urbaines, de grandes usines d’eau potable sont en construction dans plusieurs villes à l’instar d’Abidjan pour approvisionner plusieurs communes. Une installation similaire est en construction à Bouaké. À Tiassalé, une nouvelle usine fournit de l’eau potable aux populations depuis quelques semaines.

La diversification des sources d’approvisionnement en eau potable en Tunisie

La Tunisie arrive en quatrième position dans le classement d’Afrik 21 sur la l’amélioration de la gestion de l’eau en Afrique. Ces derniers mois, le gouvernement tunisien, à travers la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) s’emploie à l’extension du réseau de distribution d’eau potable. Le pays construit aussi de nouvelles usines d’eau potable pour l’exploitation de ses ressources d’eau de surface au moment où l’ensemble de l’Afrique du Nord est touché par le stress hydrique.

C’est pour faire face à ce phénomène d’origine climatique que la Tunisie, à l’instar d’autres pays de la sous-région, investit dans l’exploitation des ressources en eau non conventionnelles comme le dessalement de l’eau de mer, notamment sur l’île de Djerba. Les projets de traitement de l’eau de mer par osmose inverse sont actuellement mis en œuvre dans les villes de Zarat (50 000 m3 par jour), Gabès (25 000 m3 par jour) et Sfax (100 000 m3 par jour). Le pays d’Afrique du Nord commence aussi à réutiliser ses eaux usées, dans la ville nouvelle de Tunis Bay.

Le développement infrastructurel au Ghana

Comme dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, le Ghana poursuit encore son objectif d’accès universel à l’eau potable. Selon l’organisation Water.org, 3 millions de Ghanéens ne disposent pas encore de source sûre d’approvisionnement en eau potable. Cette situation est amenée à changer, au vu des différents projets mis en œuvre ou déjà livré dans ce pays d’Afrique de l’ouest.

À coup de financements octroyés par les bailleurs de fonds internationaux, le gouvernement ghanéen a entrepris la mise en œuvre de projets d’eau potable dans plusieurs localités, à l’instar de Yendi, Keta, Sekondi, Takoradi, Kumasi, ou encore Wenchi.

Jean Marie Takouleu

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