AFRIQUE : le Royaume-Uni, hôte de la COP26, financerait encore les énergies fossiles

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AFRIQUE : le Royaume-Uni, hôte de la COP26, financerait encore les énergies fossiles©phototravelua/Shutterstock

Selon une enquête publiée le 13 avril 2020 par Unearthed, un média sponsorisé par Greenpeace au Royaume-Uni, le pays aurait injecté plus de 785 millions de dollars dans 16 projets pétroliers et gaziers en Afrique. Pour l’ONG de protection de l’environnement, il s’agit là d’un investissement paradoxal aux engagements climatiques d’un pays qui devra abriter la prochaine conférence de l’ONU sur le climat, la COP26.

Unearthed, un média sponsorisé par Greenpeace au Royaume-Uni, accuse le pays d’avoir trahi ses engagements climatiques sur le continent africain. Dans une enquête publiée le 13 avril 2020, le média affilié à l’ONG internationale de protection de l’environnement a révélé que le Royaume-Uni, à travers l’institution gouvernementale de financement du développement (CDC Group) aurait investi plus de 785 millions de dollars (623 millions de livres sterling), dans 14 fonds d’investissement intermédiaires différents, qui auraient ensuite à leur tour, injecté une partie de cet argent dans 16 projets pétroliers et gaziers en Afrique et un autre en Asie du Sud Est.

Pour ce qui concerne l’Afrique, l’enquête précise que l’argent de l’aide britannique comprend deux sociétés pétrolières basées au Texas opérant en Afrique de l’Ouest, une société pétrolière et gazière qatarie ayant des intérêts en Afrique et une société pétrolière canadienne travaillant en Afrique du Sud.

Selon Unearthed, certains investissements remontent à 2007. Mais le dernier en date aurait été effectué en mars 2018 dans une société spécialisée dans les services et les transports pétroliers et gaziers, notamment en Ouganda.

Sur ces 14 fonds d’investissement, 13 seraient domiciliés dans des paradis fiscaux ou des pays à la fiscalité particulièrement avantageuse. Parmi les entreprises bénéficiant des investissements de CDC figure Kosmos Energy, dont la filiale ghanéenne participe à l’exploration de pétrole en mer. Cet investissement aurait été réalisé en 2014. L’institution détiendrait également des parts dans deux sociétés opérant au Nigeria : Vertex Energy, une société basée au Texas qui raffine le pétrole destiné à l’industrie pétrochimique, et la société Broron oil and gas, basée à Lagos, qui dispose d’un bureau à Houston.

Toujours selon Unearthed, CDC détiendrait également des actifs, datant de 2007, dans Sphere Petroleum QSC, une société qatarie qui s’est spécialisée sur l’exploration pétrolière et gazière en Afrique de l’Ouest et du Nord, ainsi qu’au Moyen-Orient. Enfin, ces fonds publics auraient également été investis dans Africa Oil Corp, une entreprise basée en Colombie-Britannique, au Canada, qui possèderait des licences pétrolières dans toute l’Afrique. L’investissement de CDC servirait notamment les activités de cette société en Afrique du Sud et aurait été réalisé pour la première fois en 2014.

« Plutôt que d’utiliser des millions de fonds d’aide pour aggraver l’urgence climatique, le gouvernement britannique devrait soutenir la transition des combustibles fossiles vers des énergies renouvelables, qui peuvent fournir une électricité abordable et fiable à des millions de personnes qui n’y ont pas accès dans les pays en développement. Et ce d’autant plus que ces nations sont déjà les plus exposées aux effets du changement climatique, même si elles sont celles qui polluent le moins » a déclaré Rebecca Newsom, responsable du département politique de Greenpeace Royaume-Uni à nos confrères de l’Independent, un média britannique en ligne.

Greenpeace exige la suspension immédiate des investissements britanniques destinés aux sociétés polluantes

Les révélations de Greenpeace sur les investissements britanniques dédiés aux combustibles fossiles sont d’autant plus inquiétantes, que le pays se prépare à accueillir la prochaine convention-cadre des parties membres des Nations Unies sur le climat, au printemps 2021. Raison pour laquelle, Greenpeace exige un moratoire immédiat.

CDC-Groupe a été initialement créée par le gouvernement travailliste après la Seconde Guerre mondiale pour aider les colonies britanniques au développement de l’agriculture, et ses initiales représentaient d’abord la Colonial Development Corporation. L’institution a été renommée Commonwealth Development Corporation en 1963 et appartient désormais entièrement à l’État qui supervise son fonctionnement à travers le Département du développement international (DFID). Depuis 2011, CDC s’est concentré sur les marchés émergents d’Asie du Sud et d’Afrique.

En réaction au rapport de Greenpeace, un porte-parole du DFID a fait savoir dans les colonnes du journal local Inews que le gouvernement britannique prenait des mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique, notamment en doublant ses investissements dans les pays en développement. Il a également affirmé que depuis 2011, l’aide britannique a permis de réduire de 16 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

En attendant, le porte-parole du CDC aurait déclaré à Unearthed que, même si ces investissements étaient « historiques » et ne reflétaient pas « les priorités actuelles du groupe en matière d’investissement », CDC ne se désengagerait pas de ses investissements dans les combustibles fossiles, car cela « représenterait un mauvais rendement pour l’argent du contribuable »…

Boris Ngounou

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