AFRIQUE : le Covid-19 offre un répit au pangolin, en grand danger de disparition

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AFRIQUE : le Covid-19 offre un répit au pangolin, en grand danger de disparition©Eugene Troskie/Shutterstock

La pandémie du Covid-19 qui fait des ravages dans le monde devrait offrir un peu de répit au pangolin, un mammifère en très grand danger de disparition. Cet animal aux écailles est désigné par les scientifiques chinois comme responsable de cette maladie qui confine tout le monde entier.

Le monde fait face à une pandémie inédite dont le bilan fait état à ce jour de plus de 15 000 morts avec plus de 300 000 personnes infectées. Pour le moment, le continent africain est moins touché que les autres. Mais le nombre de cas ne cesse de grimper et dépasse déjà la barre des 1000 personnes infectées. L’une des principales conséquences de cette crise sanitaire est la baisse de la consommation de la viande de pangolin sur les étals, particulièrement en Afrique centrale où cette espèce est pourtant très prisée.

Ce recul est dû aux soupçons qu’ont fait peser des chercheurs chinois sur le pangolin qui serait porteur des germes du coronavirus. « Des chercheurs de l’Université agricole de Chine du Sud à Guangzhou ont désigné les pangolins comme source animale plausible lors d’une conférence de presse le 7 février 2020. Les chercheurs ont déclaré avoir trouvé un coronavirus dans des pangolins de contrebande qui correspondait à 99 % au virus circulant chez les humains », détaille la revue Nature dans son rapport datant du 27 février 2020.

Telle une traînée de poudre, cette annonce des chercheurs chinois a causé la panique non seulement auprès des consommateurs de viande de pangolin en Afrique, mais aussi chez les chasseurs qui ont l’habitude de manipuler la bête. Au Gabon, plusieurs ONG (organisation non gouvernementale) notent avec satisfaction le recul des ventes de viande de cet animal écaillé sur les marchés de Libreville, la capitale du Gabon. Le recul s’observe au fur à mesure de l’avancement de la pandémie du Covid-19 en Afrique.

Covid-19 : une recombinaison de deux virus ?

Partout dans le monde, les chercheurs sont sous pressions pour trouver un médicament, un vaccin et trouver l’origine du Covid-19. De nouvelles publications semblent dédouaner en partie le pangolin. « Le coronavirus isolé chez le pangolin est capable d’entrer dans les cellules humaines alors que celui isolé chez la chauve-souris ne l’est pas (…). Le virus Sars-CoV-2 (covid-19) serait issu d’une recombinaison entre deux virus différents (chauve-souris et pangolin) », explique Alexandre Hassanin, maître de conférences au Muséum national d’Histoire naturelle, un établissement d’enseignement supérieur et de recherche basé à Paris en France.

En Chine, les résultats des scientifiques qui pointaient du doigt le pangolin ont conduit à l’interdiction de consommation sa viande, ou du commerce de ses écailles qui alimentent un vaste trafic entre l’Asie et l’Afrique. Les écailles de pangolin sont utilisées dans la médecine chinoise traditionnelle. Certaines ONG estiment le kilogramme d’écailles de pangolin à 1 000 dollars, soit un prix équivalent à celui de l’ivoire. La prohibition des produits issus du pangolin en Chine devrait avoir une conséquence directe sur la préservation de cette espèce de mammifères en Afrique.

Une espèce à protéger

Le pangolin est l’une des espèces les plus braconnées au monde. Cette situation est en partie due au comportement de l’animal qui se roule en boule face au moindre danger. Face à ses prédateurs naturels, le pangolin a la vie sauve grâce à ses écailles impénétrables. Mais en s’enroulant sur lui-même, le mammifère devient une proie facile pour les chasseurs. Cette situation, associée au développement du marché noir de vente d’écailles occasionne le déclin de l’espèce.

Lors de la Journée mondiale du pangolin, instituée par les défenseurs de l’animal, le chiffre de 100 000 pangolins victimes du trafic illégal depuis 2011 a été énoncé. Mais il pourrait être bien plus important. Selon le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), entre 2006 et 2015, plus de 1,12 million de pangolins ont été victimes du trafic d’animaux à l’échelle mondiale, ce qui représente plus de 120 000 pangolins tués par an.

Au Cameroun, 3 tonnes de tonnes d’écailles de pangolin ont ainsi été saisies au Port autonome de Douala en 2019. Pourtant, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) réglemente strictement le commerce du pangolin. Des mesures visiblement moins dissuasives que le coronavirus…

Jean Marie Takouleu

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