AFRIQUE : le continent comptera 105 millions de migrants climatiques d’ici à 2050

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AFRIQUE : le continent comptera 105 millions de migrants climatiques d’ici à 2050©Torsten Pursche/Shutterstock

La Banque mondiale publie la deuxième partie de son rapport Groundswell, sur les migrations liées au climat. Selon l’étude, plus de 200 millions de personnes dans le monde, dont 105 d’africains, pourraient être obligées de quitter leur lieu d'habitation d'ici à 2050, à cause du changement climatique. L’institution financière appelle à la prise de mesures drastiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et combler le retard de développement de certaines parties du continent.

Les projections Groundswell partie 2 revoient à la hausse le nombre de personnes qui seront forcées de quitter leurs domiciles à cause des effets du changement climatique d’ici à 2050. L’étude de la Banque mondiale sur la mobilité liée au climat indique dans son scénario le plus pessimiste, qu’avec un niveau d’émission de gaz à effet de serre élevé et un développement socio-économique inégal, jusqu’à 216 millions de personnes se déplaceront dans leur propre pays dans les six régions analysées, l’Amérique latine; l’Afrique du Nord; l’Afrique sub-saharienne; l’Europe de l’Est et l’Asie centrale ; l’Asie du sud; ainsi que l’Asie de l’Est et le Pacifique.

Dans la même logique du scénario le plus pessimiste, c’est l’Afrique subsaharienne qui connaîtrait le plus de migrants climatiques, avec jusqu’à 86 millions de personnes se déplaçant à l’intérieur des frontières nationales. Cette situation est réciproque à sa réponse vis-à-vis des effets du changement climatique. Il s’agit de la région la plus vulnérable en raison de la désertification, des côtes fragiles et de la dépendance de la population à l’agriculture de subsistance.

Les migrations climatiques affecteraient 9% de la population d’Afrique du Nord

L’Afrique du Nord, cependant, devrait aussi avoir une grande proportion de personnes affectées, avec 19 millions de migrants climatiques, ce qui équivaut à environ 9 % de sa population. Les raisons avancées par le rapport sont la pénurie croissante d’eau dans le nord-est de la Tunisie, le nord-ouest de l’Algérie, l’ouest et le sud du Maroc, et dans les contreforts centraux de l’Atlas.

Ainsi les paramètres étudiés par le rapport sont les effets climatiques à évolution lente tels que la pénurie d’eau, la baisse des rendements agricoles et l’élévation du niveau de la mer. « Les résultats de cette étude réaffirment la puissance du climat pour induire la migration au sein des pays », affirme Viviane Wei Chen Clement, spécialiste principale du changement climatique à la Banque mondiale et l’un des auteurs du rapport. Et selon François Gémenne, chercheur spécialiste des questions de géopolitique et d’environnement, « sur quatre migrants dans le monde, trois sont en fait internes. Il est essentiel de comprendre ces dynamiques régionales, plutôt que de ne s’occuper que du franchissement de la Méditerranée ».

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« Dans le scénario le plus respectueux du climat, avec un faible niveau d’émissions et un développement inclusif et durable, le monde pourrait encore voir 44 millions de personnes contraintes de quitter leur foyer », indique le rapport. Toutefois le chiffre de 216 millions de déplacés climatiques projeté dans le pire des scénarios est nettement supérieur à l’estimation publiée en 2018 de 143 millions de déplacés climatiques, dans la première partie de Groundswell. Parmi les actions recommandées par la Banque mondiale, il y a l’atteinte de « zéro émission nette d’ici le milieu du siècle pour avoir une chance de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C » et des investissements dans un développement « vert, résilient et inclusif, conformément à l’Accord de Paris ».

Boris Ngounou

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