AFRIQUE : la pêche au thon via les DCP sera restreinte dans l’océan Indien

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AFRIQUE : la pêche au thon via les DCP sera restreinte dans l’océan Indien©Pavel1964 /Shutterstock

Réunis à Mombasa au Kenya du 3 au 6 janvier 2023, les pays membres de la Commission thonier de l’océan Indien (Ctoi) ont franchir une étape majeure pour limiter la pêche industrielle contre le thon et toute vie marine. Le texte adopté établit une interdiction à reconduire annuellement de trois mois des dispositifs de concentration de poissons (DCP) dérivants. Une technique qui a fait baisser de 80 % les stocks de thons au cours des cinquante dernières années selon le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Les États de l’océan Indien, notamment les Comores, Madagascar, les Seychelles, le Kenya et l’Indonésie, se sont entendus pour suspendre temporairement l’utilisation des dispositifs de concentration de poissons (DCP) dérivants. Un équipement industriel de pêche qui provoque la chute des stocks mondiaux de thon, soit une baisse de 80 % au cours des cinquante dernières années selon une récente étude du Fonds mondial pour la nature (WWF).

La nouvelle mesure a été adoptée par 16 voix sur 23 lors de la réunion de la Commission thonier de l’océan Indien (Ctoi), tenue du 3 au 6 janvier 2023 à Mombasa au Kenya. Le texte adopté établit une interdiction à reconduire annuellement de trois mois des dispositifs de concentration de poissons (DCP) dérivants.

Les dispositifs de concentration de poissons (DCP)

D’après les explications de l’organisation de défense de la nature Greenpeae, un DCP est un radeau formé d’un assemblage d’objets flottants se prolongeant sous l’eau par des filets ou des cordages. Les DCP attirent naturellement les poissons et sont utilisés par les pêcheurs artisanaux depuis des millénaires.

Cette technique a malheureusement été reprise et « améliorée » par les industriels de la pêche, notamment de la pêche au thon. Les DCP sont maintenant accompagnés de balises GPS et de balises satellites permettant de suivre en temps réel la position de chaque DCP, avec des sondeurs grâce auxquels les pêcheurs peuvent connaître le volume de poissons autour du dispositif. Surtout, c’est la multiplication du nombre de DCP déployés par les navires qui rend la situation hors de contrôle.

Cette pêche n’a rien à voir avec celle des communautés côtières qui survivent grâce à leur pêche artisanale. Quand un pêcheur artisan ramène quelques kilos de poissons après chaque marée, un thonier peut ramasser d’un coup de filet plus de 100 tonnes de thons.

L’UE s’oppose à la nouvelle résolution sur les DCP

La suspension temporairement de l’utilisation des DCP dans l’océan Indien n’est pas du tout du goût de l’Union européenne (UE), qui a déjà menacé de s’opposer à la nouvelle résolution de la Ctoi. Si l’UE devait le faire dans le délai des 120 prochains jours prévus par les textes de la commission, la résolution ne s’appliquerait pas à ses navires.

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Pour Anne-France Mattlet, la responsable du groupe thon du syndicat des armateurs européens Europêche, « l’adoption de la proposition de l’Inde sur les DCP serait catastrophique ». Le lobby européen du thon soutient que l’usage des DCP a plusieurs avantages. Ils assurent la sécurité et sureté alimentaire en  palliant la raréfaction des ressources recifo-lagonaires, ils permettent d’économiser le carburant en accédant plus facilement à la ressource. Ils garantissent la sécurité en mer en réduisant les distances parcourues en haute mer à la recherche des bancs de poissons et en focalisant sur des zones de pêche plus restreintes. Ils permettent aussi de préserver les ressources recifo-lagonaires en transférant l’effort de pêche vers les ressources pélagiques plus abondantes.

Boris Ngounou

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