AFRIQUE : la déforestation menace l’essor du marché des crédits de carbone forestier

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AFRIQUE : la déforestation menace l’essor du marché des carbones forestiers ©Dudarev Mikhail/Shutterstock

Selon les Principes pour l’investissement responsable (PRI) de l’ONU, le marché mondial du financement forestier atteindra un milliard de dollars au cours des prochaines décennies. Dans leur rapport publié 26 octobre 2020, les PRI précisent toutefois qu’un tel essor du marché des crédits de carbone ne sera possible que si la déforestation est éliminée. Selon l’ONU l’Afrique est l’une des régions du monde où la déforestation est plus accélérée avec 27,8 % de terres boisées contre 28,7 % il y a cinq ans.

Les forêts d’Afrique devraient permettre au continent de tirer profit du marché mondial des crédits de carbone forestier dont une forte croissance est annoncée. Dans leur rapport publié le 26 octobre 2020, les Principes pour l’investissement responsable (PRI) de l’ONU prédisent que la valeur des actifs sur le marché des compensations fondées sur la nature pourrait atteindre 1,2 milliard de dollars d’ici 2050, un chiffre qui dépasse même la capitalisation boursière totale actuelle des géants des secteurs du pétrole et du gaz.

Cet essor annoncé du marché mondial du crédits carbone se traduit par la demande croissante des entreprises pour l’élimination et la compensation du carbone via les forêts, dans le but d’atteindre leurs objectifs de zéro net (encore appelé neutralité carbone, il s’agit d’un état d’équilibre à atteindre entre les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine et leur retrait de l’atmosphère par l’homme ou de son fait). Le rapport des PRI fait savoir qu’au cours de l’année 2019, certaines des plus grandes entreprises du monde se sont engagées dans des objectifs zéro net, à l’instar de la société britannique d’exploitation pétrolière British Petroleum (BP), qui protège une forêt de 40 000 hectares en Zambie.

Stopper la déforestation

Dans leur rapport qui tient également lieu de nouveau guide sur les émissions négatives et l’utilisation des terres, les PRI préviennent toutefois que l’essor annoncé du marché mondial de la capture et du stockage naturel du carbone ne pourra se traduire en réalité que si la déforestation est stoppée. « Les activités de boisement sont le premier pas le plus viable, mais pour assurer leur succès, les acteurs doivent simultanément se concentrer sur la fin de la déforestation », a déclaré Fiona Reynolds, directrice générale de l’UN PRI, ajoutant que les lois forestières mondiales doivent être vigoureusement appliquées et renforcées.

À ce titre, les acteurs privés et étatiques sont appelés à lutter davantage contre la déforestation, un phénomène qui touche particulièrement le continent africain. Selon les chiffres publiés le 15 septembre 2020 par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en Afrique subsaharienne les surfaces couvertes par la forêt sont passées de 28,7 % à 27,8 % au cours des cinq dernières années. La région est la deuxième partie du monde où la déforestation est la plus accélérée, après l’Asie du Sud-est, où la forêt recouvre 47,8 % des surfaces contre 49 % en 2015. La FAO explique ces pertes rapides du couvert forestier par la conversion des forêts en terres agricoles destinées aux cultures ou aux pâturages, surtout dans les pays les moins avancés sur le plan économique ou les pays sans développement en littoral. La Côte d’Ivoire par exemple a vu son couvert forestier se réduire à 8,9 % de la surface totale du pays contre 10,7 % en 2015. Le Kenya, le Mali et le Rwanda ont résisté, mais avec des surfaces en très légère hausse.

Boris Ngounou

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