AFRIQUE DU SUD : le salon IFAT Africa, accélérateur d’un marché des déchets émergent

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Waste-Treatment-South-Africa-IFAT © Vladan Radulovicjhb - Shutterstock

L’explosion démographique et urbaine de l’Afrique annonce la naissance d’un marché émergent des déchets et du recyclage. Dans ce contexte, l’Institute of Waste Management of Southern Africa (IWMSA), qui rassemble les professionnels sud-africains du déchet, a signé un protocole d’accord avec les organisateurs d’IFAT Africa, le grand salon des technologies environnementales, qui se tiendra en juillet 2019 à Johannesburg. L’association sera présente avec un stand et collaborera au programme de conférences de cette édition.

D’ici 30 ans, la population africaine aura doublé. Passant ainsi de plus d’1,2 milliards en 2020 à 2,5 milliards de personnes en 2050. Dans le même temps, l’urbanisation du continent est en marche, qui a fait surgir d’immenses mégapoles, dont Lagos (avec ses 21 millions d’habitants) est la plus emblématique. Dans un rapport publié en septembre 2018, la Banque mondiale prévoit que, dans le même temps, le volume des déchets triplera en Afrique subsaharienne, toujours d’ici 2050. Cette densification extraordinaire des espaces habités et les ravages que causent les déchets non traités en ville, on fait récemment du traitement et de l’élimination des déchets une question prioritaire en Afrique.

Selon un rapport récent du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), en moyenne, seuls 55 % des déchets municipaux sont actuellement collectés en Afrique. Plus de 90 % des déchets produits sur le continent seraient déposés de manière sauvage ou brûlés sur des terrils. Et 19 des 50 plus grandes décharges de déchets au monde sont situées en Afrique subsaharienne…

Des besoins immenses et des financements émergents

Ici et là, de belles initiatives de recyclage informel ont vu le jour en Afrique subsaharienne. Mais il est rare que ces entreprises locales développent des capacités multifilière. Le groupe Africa Global Recycling qui, parti du Togo, s’étend désormais au Bénin et à la côte d’Ivoire, reste un contre-exemple bienvenu mais encore assez isolé. D’ailleurs, selon Linda Godfrey, directrice de l’Unité de recherche et développement sur les déchets à Pretoria, et auteure principale du rapport du PNUE : « seuls 4% des déchets sont effectivement recyclés en Afrique ». Pourtant, cette experte du marché du déchet en Afrique assure que « le recyclage et la valorisation des matériaux qu’il génère pourrait représenter une création de valeur d’au moins huit milliards de dollars pour les économies africaines ».

Dans un contexte de croissance économique soutenue en Afrique subsaharienne, la Banque mondiale observe que les investissements dans le secteur des déchets sont eux aussi en croissance. Actuellement, l’effort est porté sur la construction de centres d’enfouissement modernes, sur l’extension de la collecte municipale et sur l’éducation citoyenne aux enjeux environnementaux.

En mars de l’année dernière, par exemple, la première usine de combustible de substitution de la Namibie a été mise en service. L’usine de Windhoek, qui coûtera près de 16 millions de dollars US, transformera 12 000 tonnes de déchets non recyclables par an en combustible alternatif pour une cimenterie.

Tenir compte des besoins spécifiqes du continent

Les coûts demeurent un défi central pour l’amélioration future de la gestion des déchets dans la région subsaharienne. Selon le PNUE, les gouvernements à la recherche de solutions de financement novatrices, en prenant notamment appui sur le partenariat public-privé, comme ils le font également pour les grands projets sur les énergies renouvelables et l’eau.

Mais Linda Godfrey prvient :  » Les systèmes et technologies nécessaires doivent tenir compte des besoins particuliers du continent. Pour relever le défi des déchets en Afrique, il faut une combinaison d’initiatives relativement simples, peu coûteuses, décentralisées et communautaires ainsi que d’initiatives centralisées à grande échelle et plus coûteuses. »

C’est dans ce contexte favorable, que l’Institute of Waste Management of Southern Africa (IWMSA) a rejoint l’ISWA (International Solid Waste Association) en janvier 2019, et a décidé de s’associer à IFAT Africa, en profitant de la concomitance du salon FDT Africa, qui rassemble l’industrie alimentaire et des boissons. IFAT Africa, premier salon professionnel d’Afrique subsaharienne sur l’eau, l’assainissement, les déchets et le recyclage, se tiendra du 9 au 11 juillet 2019 à Johannesburg, en Afrique du Sud.

Dans le cadre de la participation de l’IWMSA à l’IFAT Africa 2019, l’ISWA planifie un événement inaugural de lancement en collaboration avec son nouveau représentant local.

Les brasseurs et limonadiers investissent

L’IWMSA proposera également des « master class » sur les déchets lors d’IFAT Africa, qui couvriront les questions clés de la gestion des déchets aujourd’hui. « Nous avons intégré les institutions académiques de premier plan pour collaborer avec nous dans le cadre de ces “master class“ sur des thèmes d’actualité tels que les décharges à ciel ouvert, la valorisation énergétique des déchets et la nécessité de développer des partenariats public-privé pour surmonter la crise des déchets » déclare Grobbelaar.

Pour lui, la co-localisation d’IFAT Africa avec FDT Africa et analytica Lab Africa est une étape importante dans le rapprochement de toute la chaîne de valeur pour partager les connaissances et trouver des solutions au problème croissant des déchets.

Les décideurs africains du secteur, ainsi que les multinationales comme Coca-Cola, recherchent actuellement des solutions concernant la gestion de l’eau et des déchets. Cela tombe bien, ils n’auront que quelques mètres à faire pour découvrir l’offre des exposants d’IFAT Africa. D’autant plus que la réglementation, en particulier sur les plastiques, terrible fléau du continent, est en train de se durcir un peu partout.

Cependant, Leon Grobbelaar prévient : « Bien que l’Afrique du Sud dispose d’une excellente législation sur les déchets, aucun mécanisme d’application n’est vraiment en place. Les grandes métropoles sont à court de foncier pour installer des décharges, et nous n’avons pas avancé sur la valorisation énergétique. Trouver des solutions à ces défis signifie que tous les acteurs de l’industrie devront se mettre autour de la table avec les autorités pour discuter de plans de mise en œuvre concrets et envisager des moyens d’encourager les investissements dans de nouveaux projets de gestion des déchets. IFAT Africa est une belle occasion pour les parties prenantes de se retrouver. »

Le Ghana, un marché très prometteur

En outre, M. Grobbelaar note que l’orientation panafricaine d’IFAT Africa sera l’occasion d’échanger entre professionnels du continent. « Certains pays africains sont très en avance sur l’Afrique du Sud en termes de projets de gestion des déchets. Le Ghana, par exemple, a fait des progrès impressionnants au cours des dix dernières années, principalement grâce à des partenariats public-privé. » précise-t-il.

D’ailleurs, Zoomlion, l’entreprise qui assure la gestion des déchets dans plusieurs villes au Ghana, vient de  dans la ville d’Accra. D’une capacité de 200 tonnes par jour, cette usine transforme les déchets en engrais et en matières premières pour les industries. En tout, seize usines semblables à celle d’Accra seront construites au Ghana.

Yasmin Rico

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