NIGER : la mine d’uranium de la Cominak ferme, la pollution radioactive demeure

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NIGER : la fermeture de la mine d’uranium de la Cominak, et la pollution radioactive©TTstudio/Shutterstock

La Compagnie minière d’Akouta (Cominak), qui exploite des gisements d’uranium dans la province d’Agadez, au nord du Niger a cessé ses activités le 31 mars 2021 après l’épuisement des ressources. Mais le plan de démantèlement du site minier présenté par l’entreprise ne satisfait ni les populations riveraines ni les environnementalistes. Le principal désaccord étant la gestion des quelques millions de tonnes de résidus radioactifs, stockés à l’air libre.

Les villes d’Akokan et d’Arlit, située à environ 250 kilomètres d’Agadez, dans le nord du Niger sont exposées à un grave danger de pollution nucléaire. Les habitants de ces cités minières en ont pris conscience dans le cadre des activités et déclarations relatives au démantèlement de la Compagnie minière d’Akouta (Cominak). Ayant constaté l’épuisement des ressources, le conseil d’administration de la Cominak a voté en octobre 2019, l’arrêt de production des gisements d’Akouta, d’Akola et d’Ebba.

C’est le 31 mars 2021 qu’a eu lieu la fermeture effective de la Cominak, après 43 ans d’activités assorties d’une production totale de 75 000 tonnes d’uranium. Présentée comme étant l’une des plus grandes mines d’uranium au monde avec plus de 200 km de galeries exploitées à 250 mètres de profondeur et dotée d’une usine de retraitement du minerai, la Cominak a aussi généré près d’une vingtaine de millions de tonnes de résidus de traitement qui contiennent à peu près 80 % de la radioactivité qui sont stockés à l’air libre. D’où la complexité, du moins du point de vue environnemental du démantèlement de la mine d’uranium.

Le réaménagement du site minier est prévu sur une durée de 15 ans

Le 13 mars 2021 lors d’un point de presse à Niamey la capitale du Niger, le directeur général de la Cominak Moussa Souley a garanti que le projet de fermeture et de réaménagement de la mine, d’un coût de 95 milliards de francs CFA (près de 145 millions d’euros) et étendu sur une durée de 15 ans, sera mené conformément à la règlementation nationale et aux recommandations internationales en la matière. Ce projet inclut la remise du sol à l’état initial avec la fermeture de trous de surface, le démontage des installations d’usine et des ateliers de support, ainsi que le reboisement de la surface d’exploitation.

En ce qui concerne les stocks de déchets radioactifs, « l’entreprise minière va construire un sarcophage. D’abord, ils vont mettre une couche d’argile. Ensuite, peut-être, mais ce n’est même pas sûr, ls vont mettre une couche de ciment, ce qui ne va pas résister au temps et aux intempéries », explique Rahmar Ilatoufegh, de la coordination de la société civile d’Arlit.

Le risque de pollution radioactive

D’après Bruno Chareyron, le responsable du laboratoire de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad), les populations d’Akokan et d’Arlit sont exposées à des radiations invisibles. « L’uranium et certains de ses descendants radioactifs émettent des radiations que l’on appelle les rayonnements gamma, qui sont des radiations invisibles, extrêmement puissantes, qui peuvent traverser le plomb et les murs. Par conséquent, les mineurs de l’uranium sont exposés en permanence à cette radiation dont on ne peut se protéger, car même des vêtements en plomb ne les arrêtent pas » explique l’expert.

La fermeture de la Cominak, c’est aussi la mise au chômage de 600 employés et de 700 sous-traitants à qui l’entreprise refuse de verser des indemnités et un suivi médical à long terme. Au moment de sa fermeture, le capital de la Cominak s’élève à 3,5 milliards de francs CFA, soit environ 5,3 millions d’euros, dont les actionnaires sont Orano Cycle (ancienne Areva 34 % – français), Sopamin (31 % – Nigérien), Ourd (25 % – japonais), Enusa (10 % – espagnol).

Boris Ngounou

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